Le Premier ministre, Diango Cissoko, était le mardi 29 janvier dernier à l’Assemblée nationale pour la présentation de la Feuille de route pour la transition politique. Il était accompagné de quelques membres du Gouvernement. Durant près de 30 minutes, le Premier ministre a exposé le contenu de son plan d’action gouvernemental pour la transition politique.
Outre les deux grands axes de ce document de 8 pages, à savoir la reconquête de nos régions occupées et l’organisation d’élections libres et transparentes, la Feuille de route du gouvernement consacre également une large part à la gestion des affaires courantes de la Nation.
Selon le calendrier indicatif de la Feuille de la route, le rétablissement de l’intégrité territoriale, qui a bien démarré depuis l’arrivée des forces française et africaines, avec la reconquête des villes de Gao et de Tombouctou, se poursuivra jusqu’en octobre 2013. Cette tâche se fera en même temps que la restructuration de l’armée malienne et le processus de dialogue et de réconciliation nationale. En ce qui concerne les élections, la Feuille de route prévoit l’organisation des législatives et de la présidentielle avant la fin du mois de juillet 2013.
Le document a fait l’objet de débats, parfois houleux, avec les députés, même s’ils ont été nombreux à saluer cet exercice démocratique du Premier ministre, dont certains avaient tenté de les priver un moment. Plusieurs de nos Honorables ont trouvé que le délai indicatif pour l’organisation des élections était trop court et suggéré qu’il était nécessaire de prendre le temps qu’il fallait pour faire de bonnes élections, des scrutins qui ne soient pas contestables. Cela pour éviter à notre pays de connaître des crises post électorales qui nous feront revenir à zéro, à l’image de certains pays, comme la Côte d’Ivoire.
Les inquiétudes des députés ont aussi porté sur la période d’organisation des élections. Ils ont estimé que l’hivernage n’était pas une saison propice, car, s’il pleuvait le jour des élections, on risquerait de se trouver avec un taux de participation très bas. Ce qui pourrait, selon des députés comme Me Tall, conférer moins de légitimité à nos nouvelles autorités. Les critiques des élus de la nation ont également porté sur le contexte que le Premier ministre a cité pour justifier les évènements du 22 mars 2012.
En effet, dans sa Feuille de route, Diango Cissoko a annoncé que «ces évènements, survenus dans un contexte de grande incertitude sur la tenue des élections, de mal gouvernance caractérisée par la corruption, le népotisme et l’impunité, ont conduit à la mutinerie des 21 et 22 mars 2012 qui, à son tour, a engendré une rupture de l’ordre constitutionnel». Plusieurs députés, notamment Alassane Abba de la CODEM et Me Kassoum Tapo de l’ADEMA/PASJ ont vigoureusement contesté cette thèse, arguant qu’on ne pouvait justifier le coup d’Etat ainsi.
En retour, le Premier ministre a réussi à convaincre les députés en leur donnant des explications claires et limpides. Tout d’abord, il a assuré que les élus de la nation que lui et son équipe n’avaient d’autre souci que de sortir notre pays de cette crise. Il a précisé que le contexte défini dans la Feuille de route était le fruit d’un compromis entre l’ensemble des composantes de notre pays. «S’il a fait du mal à certains députés, ce n’est pas à dessein», a-t-il dit.
Concernant la bonne tenue des élections, Diango Cissoko a été on ne peut plus clair: «nous n’organiserons pas d’élections bâclées. Tant que nous ne serons pas sûrs que toutes les conditions sont réunies pour éviter des crises post électorales, il n’y aura pas d’élections.
Les élections vont être organisées sur toute l’étendue du territoire».
S’agissant du coût du processus électoral, le Premier ministre a indiqué que le gouvernement prévoyait 25 milliards de francs CFA pour l’organisation des élections. Et, pour la reconquête du nord, l’Etat malien investira 174 milliards de nos francs. Les députés ont fini par donner leur quitus au Premier ministre à l’unanimité, dans le souci de la bonne marche de la transition politique. Surtout que nous sommes au moment où la communauté internationale attend cette Feuille pour nous apporter son aide.
Youssouf Diallo