Les dés semblent piper pour le premier vice-président de l’Union pour la République et la Démocratie, URD. Le professeur Salikou Sanogo, puis que c’est de lui qu’il s’agit, ne dort plus que d’un œil après la tournée des pro-congressistes dans les sections URD de l’intérieur comme de l’extérieur du Mali pour faire adhérer le maximum des militants à leur cause. A en juger par les informations qui émanent de la base du parti de la poignée des mains, une très large majorité des sections est favorable à la tenue d’un congrès extraordinaire pour mettre un Président à la tête de l’URD, dynamique, non clivant, et qui soit en phase avec la réalité du moment. Les frondeurs reprochent essentiellement à Salikou Sanogo d’être un homme de clan, d’avoir violé tous les principes de la bonne gouvernance du parti et de s’être comporté en autocrate. Le premier vice-président de l’URD va-t-il enfin se rallier en préservant sa place ? Ou bien va-t-il ouvrir un front avec ses partisans qui le mènerait à la justice ? L’URD de Soumaila Cissé ira-t-il en lambeaux après ce congrès ?
Après le décès brutal et inattendu de son Président fondateur, Soumaila Cissé, l’Union pour la République et la Démocratie, URD, n’est plus un long fleuve tranquille. Faute de leadership affirmé à la tête, le parti est sérieusement secoué par des dissensions internes, mettant à rude épreuve le semblant de cohésion qui a prévalu après le décès de Soumaila Cissé. Le premier vice-président, le Professeur Salikou Sanogo qui assure l’intérim et qui aurait dû jouer le rôle de Soumaila Cissé jusqu’au prochain congrès ordinaire, est taxé de clanisme, de violation répétée des textes et d’avoir un plan machiavélique de démolition du parti à des fins inavouées, d’où l’idée d’un congrès extraordinaire pour extirper le parti de Soumaila Cissé entre les mains de Salikou Sanogo et ses partisans, qui seraient ultra minoritaires. Faux retorque les partisans du premier vice-président, qui pensent que la seule ambition des congressistes est de vendre le parti aux plus offrants. Les deux camps s’adonnent à cœur joie à des invectives et autres calamines sur les réseaux sociaux et dans la presse, mettant du coup les fragiles acquis en danger de mort.
Le spectre de la division ne plane-t-il pas désormais sur le parti de la poignée des mains ?
Les regards sont désormais tournés vers Badalabougou, siège de l’URD où un combat fratricide est déjà annoncé entre les pro et les anti congrès extraordinaire. Rien qu’en observant les agissements de deux camps, celui des congressistes et le camp du 1er vice-président Salikou Sanogo, la première impression est que la rupture est déjà consommée, car les positions sont irréconciliables. Si officiellement les partisans du congrès veulent simplement mettre quelqu’un à la place de feu l’honorable Soumaila Cissé, Président de l’URD, arraché à la grande affection des siens et même du peuple malien, officieusement chaque camp veut avoir la tour de contrôle du parti afin d’assouvir son ambition politique.
En analysant de près la situation au sein de l’URD, le constat est que Salikou Sanogo semble perdre le nord, autrement dit et son autorité et son intégrité morale, et son impartialité sont contestées par une frange importante des militants et cadres de l’URD. Rien qu’à en juger par la manière dont il a dirigé les travaux de la dernière conférence nationale du parti, on en déduirait que Salikou est pris en otage par un clan, auquel il se réfère chaque fois avant de prendre une décision. Selon nos informations les partisans du congrès extraordinaire auraient accepté un compromis en renonçant à l’organisation d’une conférence extraordinaire, dans le seul espoir de permettre à Salikou Sanogo de se ressaisir et de gérer le parti en toute transparence et selon les principes démocratiques, en sortant de sa partisannerie, mais hélas s’indigne l’un des frondeurs, le premier vice-président ne pourrait jamais desserrer l’étau autour de lui, d’où la nécessité de la tenue d’un congrès extraordinaire pour redonner espoir aux milliers de militants qui croient aux idéaux de Soumaila Cissé. Les congressistes vont jusqu’à revendiquer l’héritage politique de Soumaila Cissé. Pour eux ce précieux héritage, qui ne saurait être le patrimoine d’aucun citoyen seul fut-il un des plus proches collaborateurs encore moins un groupuscule aux desseins machiavéliques. Il ne pourrait être qu’un patrimoine commun appartenant à tous les Maliens.
En définitive, Si officiellement il y a qu’un seul point à l’ordre du jour de ce congrès extraordinaire, à savoir pourvoir les postes qui sont vacants y compris celui du président Soumaila Cissé, Ce congrès que nul ne pourra empêcher eu égard à la grande adhésion des militants et cadres du parti, est non seulement diversement interprété, mais aussi et surtout sonne le glas de l’unité et de la cohésion. Le parti risque de voler en éclats tant les antagonismes sont exacerbés et les haines viscérales.
Youssouf Sissoko
Source : L’ALTERNANCE