Depuis la révélation par la coalition, menée par Soumaïla Cissé et exposée par son directeur de campagne, M. Tiébilé Dramé, d’une potentielle fraude lors du scrutin de ce dimanche 29 juillet, au regard des nombreuses et alarmantes anomalies constatées dans le fichier électoral, les réactions sont multiples. Elles montrent combien la société civile, les directions de campagne de bien des candidats et la communauté internationale, en grande partie, prennent très au sérieux cette possible manipulation de voix fictives au profit du président sortant.
Appels des partis politiques à concertation et actions avant le vote, mobilisations citoyennes sous toutes les formes, relais des informations sur les réseaux sociaux, voilà déjà un front puissant de vigilance républicaine qui se dresse sans crainte devant le pouvoir. Lequel, par un communiqué et déclaration du Premier Ministre, tente de minimiser l’extrême gravité du dossier,«explosif», désormais entre ses mains en «menaçant… quiconquevoudrait prendre en otage les élections». Pirouette subtile pour se dégager de toute responsabilité et gagner du temps afin que la «machine à gagner» compte bien les voix nécessaires à la victoire de son mentor ? Désormais le peuple veille ! Et va surveiller le vote. Méthodiquement. Scrupuleusement.
L’embarras des autorités est évident. Elles multiplient cependant les messages sur tous les supports possibles pour faire croire que le fichier est aussi propre…qu’une blanche colombe…qui vole bien au dessus du marigot où se complait l’opposition. Et ça serait si parfait si elle s’y noyait après s’être déchirée. Un ministre, M. Ag Erlaf, propose par presse interposée, en Une svp, 100 millions de FCFA à toute personne qui puisse prouver l’existence «incontestable» d’un fichier parallèle. Question légitime : 100 millions de sa poche, de celle de son ministère, d’un mécène ?
Autre question : A-t-il vraiment ces 100 millions ? Les a-t-il mis déjà de côté…au cas où ? Et dernière question fort pertinente : C’est 100 millions pour le premier, et uniquement pour le premier qui frappe à sa porte ?…ou pour toutes les personnes qui en apporteraient aussila preuve…après ce premier ? Si oui, il lui faudra peut-être quelques milliards pour honorer sa parole…s’il y a foule ! Bien évidemment, ce ministre va vouloir vérifier, revérifier, re-revérifier…ça prend du temps… «On en parle après le 20 août…». D’ici là, les élections auront vécu. Et ce ministre n’y aura peut-être pas survécu.
Devant la déferlante qui brise quelque peu le moral du camp présidentiel, celui-ci inonde l’espace médiatique et citoyen de communiqués aussi rassurants que menaçants parfois, alertes aux fausses nouvelles, promesses de primes, etc. Histoire d’éteindre ce qu’il estime être une inutile polémique. Il s’agit bien au contraire d’une prise de conscience citoyenne, par une coalition responsable, alertant toute citoyenne et citoyen sur une possible «prise d’otages» des élections. Le Mali mérite de sortir la tête haute de cette élection, après avoir mis d’une main propre le bulletin de son choix dans une urne sécurisée.