Le PDES, un «GIE» dirigé par Ahmed Diane Séméga : ATT face à une démarche suicidaire…

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Le Parti pour le Développement Economique et la Solidarité, la dernière née des plus grandes formations politiques de notre pays après l’URD de Soumaïla Cissé est un conglomérat d’hommes d’affaires autour d’intérêts économiques. Un GIE dirigé par le Super ministre Ahmed Diane Séméga dont le nom rappel «11 millions de thé en une matinée».

 

Les hésitations d’ATT…

«Il n’est pas dit forcement qu’avec la création du PDES, les amis du Président ATT veuillent bien présenter un candidat aux élections présidentielles de 2012. A ce que je sache, ni Modibo Sidibé, ni Ahmed Sow encore moins Ahmed Diane Séméga, n’ont dit à personne qu’ils sont ou seront des dauphins du Président ATT. D’ailleurs, ce mot est trop péjoratif. En tous cas, jusqu’à preuve du contraire, ATT n’a dit à personne qu’il a un candidat caché sous son manteau».

C’est une partie des conversations, que nous avons eues avec un cadre du nouveau parti présidentiel qui a requit l’anonymat. Selon notre interlocuteur, le Président de la République Amadou Toumani Touré a été obligé d’avaler la couleuvre en accordant sa bénédiction à la création du Parti pour le Développement Economique et la Solidarité (PDES) le 17 juillet dernier. Parce que selon notre interlocuteur, ATT aurait reçu des informations émanant des services de renseignement comme quoi durant les dernières années de son règne, il lui sera quasi difficile de convaincre ses alliés politiques de soutenir certaines décisions qu’il sera amené à prendre. Surtout concernant son Projet de Référendum qu’il s’apprête à organiser d’ici la fin de l’année 2010, tant cette Réforme lui tient à cœur. Pourra t-il vraiment s’appuyer sur les militants du PDES, qui lui sont totalement dévolus pour conduire sa campagne en faveur d’un Oui ?.

 

Une démarche suicidaire

La démarche, d’un point de vue stratégique, paraît très cohérente et naturellement soutenable. Suicidaire, elle l’est aussi. Et pour cause ? Si tous les partis politiques sont d’accord avec le Président ATT sur la nécessité de réviser certaines dispositions de la Loi fondamentale de la République en vue de les adapter à l’évolution de notre processus démocratique, il paraît évident que des divergences de vue sont apparues entre les propositions faites par la Commission d’Appui à la Réforme Institutionnelle (CARI) conduite par Daba Diawara et la vision de certains partis alliés. D’ailleurs, ils ne se sont pas empêchés d’en informer la CARI. Ils ont même fait des contre propositions à travers le CMDD, le compte rendu ayant fait l’objet d’une conférence de presse. Mais une chose est de faire des positions, une autre est de les prendre en compte. Au cas où la CARI ne tenait pas compte des contre propositions, les partis sont dans leur droit d’appeler à voter «Non» au Référendum, même s’ils sont alliés au pouvoir. Et si un tel cas de figure se présentait, irons- nous vers l’éclatement de la majorité présidentielle ? Bien sûr que oui. Devant un tel scénario, qu’est-ce que ATT fait pour prévenir les éventuelles manifestations d’opposition.

Une réaction reconnue et tolérée par la Constitution ? Mystère ! Dans tous les cas, le temps nous en dira plus. On peut dire sans risque de se tromper que la création du PDES est une erreur politique. Sauf si derrière la tête, ATT et ses amis n’ont pas d’autres idées. Au lieu d’aller vers le forcing, ATT ferait mieux de négocier avec ses alliés pour aller vers un ultime consensus, probablement le dernier acte politique courageux qu’il prendra  au crépuscule de son règne. C’est là où la démarche stratégique sera réellement cohérente avec son ambition pour le pays.

Surtout que la création de cette jeune formation politique n’a pas reçu l’adhésion totale de l’opinion malienne. Pas besoin d’être politologue pour le savoir. Un micro-trottoir permettra à quiconque de se rendre à l’évidence.

 

Le PDES : Un Groupement d’Intérêts Economiques

Pour le commun des mortels, ce parti n’est tout simplement qu’un Groupement d’Intérêt Economique (GIE). Et, cette vision est bien juste. La majorité des 127 membres du Bureau sont soit des Opérateurs Economiques qui ont jouit des faveurs du régime ou des cadres en poste. Les vrais militants se comptent au bout du doigt. ATT lui-même est face à une démarche suicidaire, il lui suffit de jeter un regard sur les résultats des dernières élections municipales pour se rendre à l’évidence. Les Citoyens en mouvement n’ont nulle part percé. Dans certaines circonscriptions électorales, ils ont largement bénéficié des coups de pouce de la justice, au regard de l’appartenance politique du Chef dudit Département, Marahafa Traoré, Secrétaire Général du nouveau parti. L’exemple le plus frappant est le cas de la Commune rurale de Taboye où après un an d’exercice, le Bureau communal a été évincé par une double décision administrative et judiciaire en violation des textes sur les Collectivités.

Selon nos sources, dès qu’un Bureau communal dépasse deux mois d’exercice, il ne peut être dissous sauf si de nouvelles décisions judiciaires viennent chambouler la majorité ayant permis la mise en place dudit Bureau. Or, à ce qu’on sache, tel n’était pas le cas à Taboye. La nouvelle majorité a été obtenue sur fonds de manipulation.

Aujourd’hui, un bras de fer, quel qu’il soit est à éviter entre ATT et ses amis politiques. Le Chef de l’Etat doit éviter d’écouter les apprentis sorciers qui l’entourent.

 

Séydou KOUYATE

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