Le PDES-Parti : L’opportunisme institué

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Du Parti de la Demande Sociale dont le Général ATT se passait pour le Président au Programme de Développement Economique et Sociale qu’il a fait passer pour son programme politique, le chemin a été tortueux. Davantage tortueux s’est révélé celui du PDES-Parti.

Non sans torture pour l’ADP qui a dès le départ affirmé son soutien à l’indépendant ATT. Bienfait pour sa gueule d’opportuniste, disent les méchantes langues. A juste raison d’ailleurs. C’est, en effet, cette coalition qui a sacrifié la démocratie sur l’autel du miel. Même pas. Du gâteau. Disons, sur l’autel des friandises pourries.

Que les partisans de la facilité lui rendent la monnaie de sa pièce aujourd’hui est justice. Seulement. L’ADP, exit !

Le PDES-Parti trône. Toute honte bue, il faut le dire. Parce qu’au tout départ, un mouvement de citoyens s’est formé autour d’un indépendant. Des mots pour le dire. Des actes concrets pour s’affirmer en tant que citoyens ? Et citoyens autour d’un indépendant ? Le Peuple malien attend toujours. Et à moins deux petites années de 2012.

Les calculs aux politiciens véreux de tout acabit. Désormais réunis au sein du PDES. Enfin, réunis ! Tel que venu au monde, le PDES-Parti n’est qu’un conglomérat de réfugiés dans l’antre d’une institution républicaine. En l’occurrence, la première de nos institutions.

Le Président de la République, s’il est encore au-dessus de la mêlée, doit leur retirer le statut de réfugiés.

C’est vrai que la plupart d’entre eux étaient plutôt des réfugiés économiques. L’appétit venant en mangeant, ils ont pris goût. Davantage goût au pouvoir et aux  vices connexes.

 

 Le résultat est là. Les « jeunes citoyens » ont pris de l’espace. Ils ont tant et si bien pris de l’espace qu’ils en arrivent à outrepasser la parole du Président. En un mot, leur fondement. 

Non, Monsieur le Président, cela ne s’appelle pas indépendance. Mais indiscipline. L’épithète qui convient à indiscipline, les filleuls et filleules de la République, par la force du pouvoir, le savent mieux. Parce que, disent les Khassonkés, le rônier a beau devenir géant, il naît d’une noix. Evidemment, nous sommes dans la « famille citoyenne » où la permissivité demeure une règle cardinale.

Seulement, ATT, parrain du mouvement citoyen,  reste indissociable d’ATT-Président de la République du Mali. D’ailleurs, il n’y a pas eu de mouvement citoyen autour d’ATT, parachutiste survolant le désert à la fin de la transition.

ATT, parrain du Mouvement Citoyen fait tellement corps avec ATT, Président de la République du Mali que même les adversaires politiques du premier font des cadeaux au second. Par respect pour l’institution républicaine qu’il représente. Que les jeunes du mouvement citoyens en viennent à manquer de respect à cette institution dépasse l’entendement du Peuple.

 Dans le contexte malien, manquer de respect à quelqu’un c’est d’abord outrepasser sa parole.  Le Président a dit aux « jeunes citoyens » de ne pas créer le PDES-Parti, ils l’ont créé. Ils ont outrepassé sa parole. Ils ont fait pire. Le Président a toujours clamé son indépendance politique. Et s’est engagé à rester indépendant. Depuis, bientôt, dix ans déjà. Il est vrai, pendant lesquels, il a joui de l’indéfectible soutien des trois premières puissances politiques du Mali (ADEMA-PASJ-URD-RPM).

Voilà qu’il va partir de Koulouba avec un parti dans ses bagages. Du coup, la chanson de nos parents du Wassouloun pourrait se réinventer : « Amadou ko/ka tè parti sigui/A ya sigui/Amadou ya fò/a ma kè ! ».  Les filleuls et filleules du Président ATT l’ont humilié.

Or, on n’humilie pas un grand.  Surtout pas son grand. Sagesse mandingue !

Vrai aussi que dans la mare aux politicards tous les coups sont permis.  Même les plus bas.

 

Mais ATT, pour beaucoup de Maliens, est encore un homme d’honneur. Une respectable institution qui plus est respectée. Sauf par les PDESsistes qu’il a jusque-là protégés. Au détriment, il faut le dire, de l’immense majorité des jeunes maliens qui sont « véritablement indépendants », eux. Le Président de la République doit se désolidariser de ses protégés. 

Le fait, pour lui, de dire que « le parti a été créé contre ma volonté » ne saurait suffire. De même, c’est facile de soutenir que « leur parti n’a rien à voir avec ma personne… ». Et, si « de toutes les façons », le PDES « n’aura pas à organiser des élections pour » lui, ATT, rien ne dit au Peuple que le PDES-Parti « n’aura pas à organiser des élections pour » le dauphin que ATT se serait choisi. Aux devins, la divination.

Une chose est certaine : les protégés d’ATT ont jeté leurs masques. Tous les masques ne sont pas comme les masques de nos cousins dogons pour résister au temps. Pour les masques citoyens, c’est plutôt bon débarras ! Parce que le Peuple aura su qui sont-ils. Véritablement. Des gens qui ne pensent qu’à eux. A leurs arrières. A leurs poches. A leurs comptes. Jamais à la République.  Jamais à la Démocratie. Si, ils y pensent souvent. Mais toujours dans la perspective de toujours mieux en profiter. Leur scénario ne varie pas. Même quand il s’agit d’ATT, le mécène. Ils pourraient, interrogent des citoyens, quand même penser à ATT, non ? Comment penser à ATT ? Au Mali, on ne pense pas à un Président qui s’en va. La bouche ignore le passé, dit-on dans le même Mali. Et, pour beaucoup, qu’est-ce que c’est un Président partant sinon une épave supplémentaire appelée à échouer sur les côtes de l’océan politique ?

 

Hawa Diallo

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