LE PDES M.C : Pourquoi faut-il le prendre au sérieux ?

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La formation qui naîtra des cendres du Mouvement Citoyen ne sera pas un parti de plus. Au regard des révélations faites par le président du CENA Ahmed Diane SEMEGA, la stratégie serait digne d’un Général d’armée.

Dans une interview tonitruante accordée à notre  confrère  "L’Indépendant" dans sa livraison du lundi 28 juin dernier, le Président du CENA, Ahmed Diane SEMEGA  livre assez de détails et précisions sur les contours, ambitions et programmes du parti qui, affirme-t-il, portera le nom PDES-MC et dont le lancement officiel est initialement prévu pour le samedi 17 juillet prochain. Au delà des mots et d’entre les lignes, apparait toute une stratégie de conquête du pouvoir bien raffinée. La manœuvre est bien pensée et n’attend que sa mise en œuvre.

Un calendrier  électoral bien élaboré pour une campagne politique avant l’heure

Les initiateurs du nouveau parti ont visiblement l’intention de battre campagne maintenant et tout de suite. Cette sortie médiatique du président du CENA, qui n’est en fait que le prélude d’une vaste opération, en fait foi. Ce n’est que le premier tour de vis. L’aveu est de M Semega lui-même :

 "Si Dieu le veut, nous tiendrons le 17 juillet prochain, l’Assemblée générale constitutive du nouveau Parti. Une fois qu’il sera porté sur les fonts baptismaux, nous allons entreprendre une mission d’information et de sensibilisation dans les huit régions du Mali en passant par tous les cercles ainsi que dans le District de Bamako.

A la sortie de l’hivernage, nous allons procéder à la mise en place des cellules dans les villages et fractions, des Comités au niveau des Communes, des Coordinations eu niveau des Cercles et des Fédérations Régionales ainsi que du District de Bamako.

Les délégués issus de ce processus démocratique se retrouveront à Bamako à la fin de l’année pour mettre en place la direction définitive du nouveau Parti. Je précise que l’Assemblée Générale constitutive mettra en place un bureau provisoire pour conduire les étapes que j’ai indiquées plus haut.

Nous créerons aussi des Commissions de travail qui auront à se pencher sur toutes les questions relatives à la bonne organisation de la Convention prévue à la fin de l’année".

En clair, à partir de ce mois de juillet, et après le lancement du parti, ses animateurs entreprendront ce que M Semega appelle " une  mission d’information et de sensibilisation dans les huit régions du Mali en passant par tous les cercles ainsi que dans le District de Bamako". Bien entendu, il faut compter une période de trois, voire quatre mois pour boucler pareil exercice. Il faudra, par conséquent, retenir le mois d’Octobre pour la fin de la " mission ", période qui correspond à la fin de l’Hivernage.

Et M Semega de poursuivre : " A la sortie de l’hivernage, nous allons procéder à la mise en place des cellules dans les villages et fractions, des Comités au niveau des Communes, des Coordinations eu niveau des Cercles et des Fédérations Régionales ainsi que du District de Bamako".

En clair, immédiatement après la période hivernale, une autre mission consistera à mettre les structures en place, des communes du District jusque dans la plus petite fraction du pays. Rappelez-vous : nous sommes au mois d’Octobre. Cette autre mission à l’intérieur du pays couvrira une période minimale de six mois. Prenez vos calculettes ! A l’issue de cette mission, nous rentrerons au mois d’Avril 2011.  Suivons toujours le président du CENA : 

" Les délégués issus de ce processus démocratique se retrouveront à Bamako à la fin de l’année pour mettre en place la direction définitive du nouveau Parti ". " A la fin de l’année", dit-il. Pas 2010 ! Et pour cause, il s’avère quasiment impossible de mener les deux missions préalablement  annoncées (mission d’information et de sensibilisation dans les huit régions du Mali,  dans tous les cercles et dans le District de Bamako et la mise en place des cellules dans les mêmes circonscriptions) et mettre sur pied une direction définitive du parti avant la fin de l’année 2010.A titre illustratif,  Il a fallu plus d’une année à l’URD pour s’implanter sur l’ensemble du territoire. Et la CODEM, qui est sa deuxième année d’existence est encore en phase d’implantation. C’est dire que même dans les conditions exceptionnelles, il faudra plus de 6 mois au nouveau parti pour couvrir tout le territoire national  selon le vœu de M Semega. Et il en faudra autant pour lancer définitivement le mouvement politique. C’est dire, en tout état de cause, que M Semega fait illusion à la fin de l’année 2011. Chronologiquement, il ne peut en être autrement.

A la fin de cette ‘année 2011, nous serions à six mois des élections présidentielles et à quatre  de l’ouverture de la  campagne électorale présidentielle.

Au cas, vous n’auriez pas remarqué, le calendrier du PDES-MC est initialement conçu pour couvrir une période de 18 mois  au moins et 20 mois au plus à partir  de Juillet 2010. Faites sortir vos calculettes ! Nous sommes à 22 mois des élections. Sans commentaire !

Une stratégie bien peaufinée inspirée d’un Général d’armée

C’est initialement dans le but d’expliquer le PDES aux populations que les missions en question seront entreprises. Ce ne sera pas une première. Les partis politiques "amis" et membres de l’ADP, la présidence de la République et le Gouvernement ont  déjà entrepris et financé plusieurs missions dans ce sens. Ce détail et bien d’autres risquent changer la donne (lire article : Le PDES-MC, un parti mort-né).

En attendant, l’on se souviendra que le président élu en 2007  a entrepris, presque deux années en amont, des visites de terrain à l’intérieur du pays, pour dit-il prendre contact avec les populations et s’enquérir de leurs réalités. Pendant ce temps, les partis politiques et potentiels candidats présumés favoris se la coulaient douce dans la capitale. Ils se rendirent compte de l’évidence le moment venu : le Général avait littéralement occupé le terrain. Il fut élu dès le premier tour à la suite de l’élection présidentielle.

Eh bien, le Mouvement citoyen envisage de mettre en œuvre la même stratégie: entamer une campagne de séduction précoce en se rapprochant davantage des populations rurales : "N’oublions pas qu’au moment où je vous parle, nous nous battons pour aider nos populations rurales à faire face à la période de soudure. C’est cela notre priorité aujourd’hui" a fait savoir le Président du CENA sans pour autant que la question lui soit été spécifiquement notifiée par le journaliste. En clair, la " mission de sensibilisation et d’information" coïncidera avec la fameuse période de soudure pendant laquelle les populations rurales ont le plus besoin d’assistance. Ca va laisser des traces ! 

Il faudra s’attendre en outre que les animateurs du PDES-MC mettent à profit les festivités du cinquantenaire, (une autre activité gouvernementale initialement programmée sur toute l’étendue du territoire national), pour chanter les mérites du PDES, donc, inconsciemment ou non, ceux du futur parti.

A la lumière de tout ce qui précède, la nouvelle formation risque de faire tâche d’huile, à condition, bien entendu, que les adversaires lui laissent les mains libres. Voilà une autre paire de manches. Dans une interview tonitruante accordée à notre  confrère  "L’Indépendant" dans sa livraison du lundi 28 juin dernier, le Président du CENA, Ahmed Diane SEMEGA  livre assez de détails et précisions sur les contours, ambitions et programmes du parti qui, affirme-t-il, portera le nom PDES-MC et dont le lancement officiel est initialement prévu pour le samedi 17 juillet prochain. Au delà des mots et d’entre les lignes, apparait toute une stratégie de conquête du pouvoir bien raffinée. La manœuvre est bien pensée et n’attend que sa mise en œuvre.

Un calendrier  électoral bien élaboré pour une campagne politique avant l’heure

Les initiateurs du nouveau parti ont visiblement l’intention de battre campagne maintenant et tout de suite. Cette sortie médiatique du président du CENA, qui n’est en fait que le prélude d’une vaste opération, en fait foi. Ce n’est que le premier tour de vis. L’aveu est de M Semega lui-même :

 "Si Dieu le veut, nous tiendrons le 17 juillet prochain, l’Assemblée générale constitutive du nouveau Parti. Une fois qu’il sera porté sur les fonts baptismaux, nous allons entreprendre une mission d’information et de sensibilisation dans les huit régions du Mali en passant par tous les cercles ainsi que dans le District de Bamako.

A la sortie de l’hivernage, nous allons procéder à la mise en place des cellules dans les villages et fractions, des Comités au niveau des Communes, des Coordinations eu niveau des Cercles et des Fédérations Régionales ainsi que du District de Bamako.

Les délégués issus de ce processus démocratique se retrouveront à Bamako à la fin de l’année pour mettre en place la direction définitive du nouveau Parti. Je précise que l’Assemblée Générale constitutive mettra en place un bureau provisoire pour conduire les étapes que j’ai indiquées plus haut.

Nous créerons aussi des Commissions de travail qui auront à se pencher sur toutes les questions relatives à la bonne organisation de la Convention prévue à la fin de l’année".

En clair, à partir de ce mois de juillet, et après le lancement du parti, ses animateurs entreprendront ce que M Semega appelle " une  mission d’information et de sensibilisation dans les huit régions du Mali en passant par tous les cercles ainsi que dans le District de Bamako". Bien entendu, il faut compter une période de trois, voire quatre mois pour boucler pareil exercice. Il faudra, par conséquent, retenir le mois d’Octobre pour la fin de la " mission ", période qui correspond à la fin de l’Hivernage.

Et M Semega de poursuivre : " A la sortie de l’hivernage, nous allons procéder à la mise en place des cellules dans les villages et fractions, des Comités au niveau des Communes, des Coordinations eu niveau des Cercles et des Fédérations Régionales ainsi que du District de Bamako".

En clair, immédiatement après la période hivernale, une autre mission consistera à mettre les structures en place, des communes du District jusque dans la plus petite fraction du pays. Rappelez-vous : nous sommes au mois d’Octobre. Cette autre mission à l’intérieur du pays couvrira une période minimale de six mois. Prenez vos calculettes ! A l’issue de cette mission, nous rentrerons au mois d’Avril 2011.  Suivons toujours le président du CENA : 

" Les délégués issus de ce processus démocratique se retrouveront à Bamako à la fin de l’année pour mettre en place la direction définitive du nouveau Parti ". " A la fin de l’année", dit-il. Pas 2010 ! Et pour cause, il s’avère quasiment impossible de mener les deux missions préalablement  annoncées (mission d’information et de sensibilisation dans les huit régions du Mali,  dans tous les cercles et dans le District de Bamako et la mise en place des cellules dans les mêmes circonscriptions) et mettre sur pied une direction définitive du parti avant la fin de l’année 2010.A titre illustratif,  Il a fallu plus d’une année à l’URD pour s’implanter sur l’ensemble du territoire. Et la CODEM, qui est sa deuxième année d’existence est encore en phase d’implantation. C’est dire que même dans les conditions exceptionnelles, il faudra plus de 6 mois au nouveau parti pour couvrir tout le territoire national  selon le vœu de M Semega. Et il en faudra autant pour lancer définitivement le mouvement politique. C’est dire, en tout état de cause, que M Semega fait illusion à la fin de l’année 2011. Chronologiquement, il ne peut en être autrement.

A la fin de cette ‘année 2011, nous serions à six mois des élections présidentielles et à quatre  de l’ouverture de la  campagne électorale présidentielle.

Au cas, vous n’auriez pas remarqué, le calendrier du PDES-MC est initialement conçu pour couvrir une période de 18 mois  au moins et 20 mois au plus à partir  de Juillet 2010. Faites sortir vos calculettes ! Nous sommes à 22 mois des élections. Sans commentaire !

Une stratégie bien peaufinée inspirée d’un Général d’armée

C’est initialement dans le but d’expliquer le PDES aux populations que les missions en question seront entreprises. Ce ne sera pas une première. Les partis politiques "amis" et membres de l’ADP, la présidence de la République et le Gouvernement ont  déjà entrepris et financé plusieurs missions dans ce sens. Ce détail et bien d’autres risquent changer la donne (lire article : Le PDES-MC, un parti mort-né).

En attendant, l’on se souviendra que le président élu en 2007  a entrepris, presque deux années en amont, des visites de terrain à l’intérieur du pays, pour dit-il prendre contact avec les populations et s’enquérir de leurs réalités. Pendant ce temps, les partis politiques et potentiels candidats présumés favoris se la coulaient douce dans la capitale. Ils se rendirent compte de l’évidence le moment venu : le Général avait littéralement occupé le terrain. Il fut élu dès le premier tour à la suite de l’élection présidentielle.

Eh bien, le Mouvement citoyen envisage de mettre en œuvre la même stratégie: entamer une campagne de séduction précoce en se rapprochant davantage des populations rurales : "N’oublions pas qu’au moment où je vous parle, nous nous battons pour aider nos populations rurales à faire face à la période de soudure. C’est cela notre priorité aujourd’hui" a fait savoir le Président du CENA sans pour autant que la question lui soit été spécifiquement notifiée par le journaliste. En clair, la " mission de sensibilisation et d’information" coïncidera avec la fameuse période de soudure pendant laquelle les populations rurales ont le plus besoin d’assistance. Ca va laisser des traces ! 

Il faudra s’attendre en outre que les animateurs du PDES-MC mettent à profit les festivités du cinquantenaire, (une autre activité gouvernementale initialement programmée sur toute l’étendue du territoire national), pour chanter les mérites du PDES, donc, inconsciemment ou non, ceux du futur parti.

A la lumière de tout ce qui précède, la nouvelle formation risque de faire tâche d’huile, à condition, bien entendu, que les adversaires lui laissent les mains libres. Voilà une autre paire de manches.                            

                                   

LE PDES-MC, un parti mort-né

La prétention du Mouvement Citoyen de se muer en parti politique avec la dénomination " PDES " risque d’être confrontée à une contrainte politico-juridique majeure et  susceptible de compromettre toute sa stratégie de conquête du pouvoir.

  " Qui mieux que le PDES pou expliquer le PDES…  Moi, ma préoccupation, c’est construire une force politique qui incarne les valeurs portées par le Président de la République… Le parti qui se créera autour du Mouvement Citoyen est un parti pour le Président ATT… Parce qu’ATT est Président de la République jusqu’au 8 juin 2012… Tout parti politique a vocation à se battre pour la conquête et l’exercice du pouvoir, y compris le Mouvement politique que nous allons créer, mais nous le ferons autour des idéaux et des valeurs incarnés par le Président de la République… Pour l’instant nous n’avons pas de candidat, nous avons un Président qui est au cœur de l’action".

Il est évident que les initiateurs du Mouvement Citoyen attendent faire feu de tout bois. Mais les choses sont loin d’être simples. Ils se trouvent en porte-à-faux avec la loi. Les symboles ici évoqués par le Ministre SEMEGA représentent à la fois des Institutions de la République, des programmes, activités  et documents du Gouvernement.

A commencer par le "Président de la République".  La loi fondamentale précise bien en son article 25,   que la personne du président de la République est une Institution de la République. ATT restera donc une institution de la République jusqu’au 08 juin 2012.

 Quant au PDES, il s’agit d’un programme et d’une activité Gouvernementale. C’est sur ces deux symboles que le Mouvement citoyen entend bâtir son projet politique. Mais la loi électorale en son article  65 stipule que " l’utilisation des biens ou moyens d’une personne morale publique, institution ou organisme public est interdite".

En clair, le Mouvement Citoyen ne saurait utiliser ni le nom du président de la " République Amadou Toumani Touré " ni le " PDES " pour mener sa  campagne politique.

C’est dire qu’il court le risque de se disqualifier en en associant le sigle " PDES " à son nom.

Pour ceux qui en ont souvenance, le candidat Amadou Toumani Touré a été frappé par  des dispositions similaires en 2002. La cour Constitutionnelle a été même clémente en le rappelant à l’ordre à travers l’article 107 de la loi électorale qui stipule que " les articles ou documents de caractère électoral qui comprennent une combinaison des couleurs du drapeau national sont interdits sous peine pour les contrevenants d’une amende de dix mille francs par contravention". Le candidat avait malheureusement fait usage des couleurs nationales sur ses affiches.

Dans le cas du Mouvement citoyen, la question risque d’être beaucoup plus compliquée avec le " PDES "… Ce programme politique a été  soutenu et promu non par un groupe, mais par un ensemble de formations politiques qui se réclament encore du président de la République et parce qu’il demeure encore un programme gouvernemental. A ce titre, un parti politique peut-il s’en approprier à titre exclusif au point de l’utiliser comme sigle pendant que les autres l’ont semé à tout vent, auprès de leurs militants à la base? Si oui, il s’agit d’une concurrence politique déloyale. Les victimes s’en referont certainement à la justice. Le Mouvement Citoyen doit envisager cette éventualité. Ce qui signifiera la fin de l’idylle.

                                         B.S. Diarra

 

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