C’est le samedi 17 juillet prochain que le Parti pour le Développement économique et social du Mali (PDES) sera officiellement lancé, au CICB. Avec la bénédiction du chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, le mentor du PDES, le paysage politique malien sera enrichi d’un parti de plus puisqu’il n’apportera rien de nouveau par rapport à l’existant. Cependant, Il ne sera pas étonnant que des hommes et des femmes courageux portent plainte contre Ahmed Diane Séméga pour " usurpation " de nom, dès que le parti sera proclamé.
Situé dans le créneau du Mouvement Citoyen, le nouveau parti "ATTétiste" qui "désire continuer le combat politique autour des idéaux et des valeurs qu’incarne le président ATT" est mal parti. D’abord, après des atermoiements, des hésitations, des doutes, le loup est enfin sorti de la forêt pour tenter de dévorer son entourage, en commençant par le maillon faible de la chaine, c’est-à-dire le CNID de Me Tall. Heureusement pour l’honorable de Ségou que le dégât annoncé n’a pas eu lieu. Ensuite, le PDES a raté le coche pour ratisser large parce qu’il aurait pu voir le jour dès les premiers mois de l’arrivée d’ATT au pouvoir. Aujourd’hui, beaucoup "d’amis" se réclamant d’ATT sont ailleurs. Il s’agit entre autres d’Ousmane Ben Fana Traoré du PCR, de Djibril Tangara du FCD et de nombreux autres clubs de soutien à ATT. Et jusqu’à preuve du contraire, le fils spirituel d’ATT, Ahmed Diané Séméga ne fournit aucun effort pour fédérer ces forces politiques. Il compte sur le nom d’ATT, sur la personnalité d’ATT, sur les actions d’ATT pour réussir le PDES. Que nom !
La réputation d’ATT ne suffit pas. Son bilan non plus. Encore que ce dernier n’est pas la propriété exclusive du Mouvement citoyen qui n’est qu’une force supplétive. Dans la lutte politique interne, on s’interroge sur ce que valent les futurs animateurs de ce parti ? Quel est le parcours politique de chacun d’eux pour prétendre nous diriger ? Quel est leur programme, en dehors de ce qu’ATT a présenté au peuple en 2007 ? Le PDES ne peut pas être la propriété de certains individus ou d’une seule formation politique. L’ADEMA, l’URD, le CNID, le MPR, l’US-RDA, le BDIA et d’autres formations lilliputiennes se reconnaissent tous dans le PDES. Tous ont battu campagne pour le PDES. Mais voilà que certains individus veulent se l’approprier à eux-seuls. Le sigle est connu des Maliens et un groupe d’individus ne peut pas se l’accaparer. Il est tombé dans le domaine public. Il appartient désormais à l’Etat puisque partout dans la haute administration et même dans les contrées les plus reculées du pays, quand on creuse un puits ou qu’on construise une école ou un petit pont, on dit que c’est le PDES. Alors, pourquoi cette confusion entre le PDES d’ATT qui appartient à la grande majorité du peuple et le PDES d’Ahmed Diané Sénéga, dans lequel une bonne partie de ce même peuple ne se reconnait pas.
A vrai dire, on doit interdire au ministre en charge de l’Equipement qui s’apprête à être chef de parti, d’utiliser le PDES comme étant le nom de son parti. En lançant un parti dénommé PDES, il fera de l’usurpation. Aussi, est-il souhaitable que certains aient le courage d’assigner en justice le ministre Séméga, dès qu’il proclamera la naissance de son parti.
Dire que "le PDES est avec le président ATT, derrière le président ATT et pour le président ATT" est faible comme argumentaire pour drainer la foule puisque de plus en plus, on conjugue ATT au passé. Tout ce qu’ATT n’a pas pu faire actuellement, il ne pourra plus le faire, politiquement parlant, après 2012. Donc créer un parti avec le nom d’ATT ne mène pas loin car l’intéressé lui-même s’apprête à passer dignement le témoin. C’est dire que ce parti disparaitra avec le départ d’ATT au pouvoir. Il faut qu’Ahmed Diané Séméga sache qu’un parti politique est un groupe de personnes qui partagent les mêmes intérêts, les mêmes opinions, les mêmes idées, et qui s’associent dans une organisation ayant pour objectif de se faire élire, d’exercer le pouvoir et de mettre en œuvre un projet politique ou un programme commun. L’objectif de gouverner distingue les partis politiques d’autres organisations comme les groupes de pression, les corporations ou les syndicats. Encore une fois de plus, le nom d’ATT seul ne suffit pas pour créer un parti. Comme le dit le président Chirac, la politique n’est pas le domaine des amateurs, c’est une question de professionnels.
En 2007, avec tous les moyens de l’Etat et le soutien affiché du président ATT, le Mouvement citoyen (il sera bientôt PDES) n’a jamais engrangé de bons résultats électoraux. Actuellement, sur 147 députés, il ne compte pas plus d’une quinzaine d’élus, obtenus sur une liste commune (la précision est de taille). Sur plus de 10 000 conseillers communaux, il se contente de quelques centaines. Le Mouvement citoyen n’a jamais été une foudre de guerre électorale.
Et il ne le sera jamais. Le PDES est donc mal parti. Et l’image d’ATT en pâtira puisqu’à chaque élection, on dira que le parti du héros du 26 mars n’a recueilli que tel ou tel autre pourcentage que l’on sait d’avance mauvais parce les animateurs du futur parti ont tout sauf les qualités des hommes politiques. Il leur sera difficile d’émerger ou d’imposer le parti. Le PDES est donc mal parti.
Chahana Takiou