Très tôt, les régionaux (délégations de Gao, Ségou, Koulikoro…) ont envahis la grande salle du Centre International de Conférence de Bamako le samedi 17 juillet sans tambours, ni trompette. La cour du CICB il le dire était silencieuse comme si le visiteur était dans un cimetière. Et ce n’est qu’en s’approchant de la grande salle du CICB que l’on entend l’ambiance. En clair, ce n’était pas la vraie fête contrairement au tapage médiatique sans précédent qui a précédé cet évènement historique pour notre démocratie car, une nouvelle ère s’ouvre pour le Mali. Et comment ? La réplique de la classe politique, ces vrais démocrates sera cinglante si l’on en croit nos sources. Reportage.
Le samedi 17 juillet dernier, aux environs de 7h20 déjà, notre équipe de reporters était dans la cour du CICB. Grande a été notre surprise de voir un vide si ce n’est quelques rares voitures qui commençaient à envahir les lieux hautement surveillé par les éléments de la police Nationale à leur tête le DG Niamé Kéïta, des Forces de sécurité tout court. Etaient perceptibles les représentants des régions (Gao, Ségou, Koulikoro ainsi que des jeunes habillés en T-shirt tout comme ces « Koro Dougas » déterminé à faire bouger une salle qui demeure presque indifférente à leurs slogans : « PDES ! PDES ! PDES ! ». Le cœur y était ? Nous en doutons car, l’ambiance de fête n’était pas comme les Assemblées Générales ou Congrès Constitutif de l’ADEMA, de l’URD, du RPM, du CNID, du MPR, de l’UDD, de SADI et même du lancement de la candidature du candidat ATT en 2007 dans cette même salle. A vrai dire, le visiteur qui débarquait sur l’esplanade du CICB où deux tentes avaient été installés puis démontés aux environs de 8h45, ensuite remonter vers 9h20 lorsque le CICB a commencé à être pris d’assaut par des sympathisants et autres curieux.
Les vouvouzélas aussi
Il faut dire qu’outre l’Ensemble Instrumental qui a joué un rôle prépondérant et qui par ses notes musicales rappelait que le samedi 17 juillet, qu’un évènement grandiose se déroulait dans la grande salle du CICB. Et ce n’est ni les bruits des « Vouvouzélas » des jeunes de Ségou encore moins les gesticulations et cris des « Korodougas » sur le podium n’ont pas permis de faire bouger la salle où l’atmosphère était lourde comme si une tornade s’annonçait. Mieux, les organisateurs étaient débordés et les couacs sautaient aux yeux à telle enseigne que les places qui étaient réservés aux membres du Gouvernement, ont été occupées par d’autres invités de marque. Tout comme ceux des partis politiques invités. Il aura fallu faire passer des chaises au-dessus des « têtes » des journalistes sans la moindre excuse pour que le Président du Mouvement Citoyen, non moins Ministre de l’Equipement et des Transports, M. Ahmed Diané Séméga qui sera désigné Président du Parti pour le Développement Economique et la Solidarité (PDES) et ses camarades s’installent face à nous. Dans la salle nous étions surpris de voir la distribution de « Vouvouzélas » à des invités de marques (dirigeants et représentants de partis politiques) ainsi que des écharpes à l’effigie du PDES. « Quelle maladresse ? », nous confie un observateur. « Cela ne se fait pas. C’est un manquement. Cela saute aux yeux que ces gens là ne savent pas organiser. Ils ne sont pas politiques car ils confondent être Cadre, Ministre, DG, disposer des deniers publics et faire la politique, sont totalement opposés. La politique est un métier qui s’apprend et ne saurait s’improviser. Le temps étant le meilleur juge, nous verrons de quoi ils seront capables», poursuit notre interlocuteur. Mais les pagnes confectionnés pour l’évènement ont mystérieusement disparu.
Présence de partis politiques
Dans cette foulée, les représentants de l’ADEMA, M. Soumeylou Boubèye Maïga, le Président du CNID, Me Mountaga Tall, celui du MPR, Dr Choguel Kokalla Maïga tout comme M. Younous Dicko du RDS ou du jeune « loup », non moins Président de l’UDD, M. Tiéman Coulibaly pour ne citer que ceux-ci. Une image a retenu notre l’assistance, c’est le côte à côte Me Tall et son ex SG, non moins Ministre de l’Artisanat t du Tourisme, M. N’Diaye Bah et membre fondateur du PDES où il occupe le poste second vice-Président. Mais après la proclamation de la liste des 127 membres du nouveau parti, le Président du CNID que nous avons suivi puisque assis à côté de N’Diaye Bah, a quitté la salle. Et d’après nos informations, ce n’était pas à cause de son ex camarade mais l’homme avait un autre programme puisque les organisateurs ont débuté la cérémonie avec deux heures de retard.
Il faut dire que dans cette ambiance délétère, suffocante même puisqu’il y avait tout sauf du professionnalisme dans l’organisation, un grand absent était perceptible : le Premier Ministre M. Modibo Sidibé que d’aucuns cadres du PDES affirment être leur « ami ». Selon des informations qui restent à confirmer, le PM a préféré gardé le profil bas face à un projet trop risqué car, en regardant la composition du bureau du PDES, cela donne des « frissons dans le dos » comme l’a titré notre confrère de la « Nouvelle Patrie » dans sa parution du Lundi dernier.
Que comprendre de la désignation de la première Dame comme « marraine » du PDES alors que le Président de la République a fait savoir que le PDES ne le concernait puisque étant le Chef de l’Etat du Mali souverain ? Aussi comment comprendre que des collaborateurs directs du Chef de l’Etat à l’image de nos confrères Seydou Cissouma, Abdoulaye Diakité dit Benson ou de Hama Barry, Chef de Cabinet, du DAF de la Présidence de la République Seydou Traoré ou de Modibo Diarra (Conseiller Technique) soient désignés dans ce bureau ? N’en parlons pas de ces inamovibles Ministres (Ahmed Diané Séméga, N’Diaye Bah) ou d’un Hamane Niang, cet autre opérateur économique versé dans le Basket-ball et d’un Maharafa Traoré, qui serait très proche de la première Dame qui occupent des postes Ministériels qu’ils confondent au métier de Politique ? C’est là la grande interrogation lorsque l’on sait que ATT a eu le pouvoir en 2002 grâce aux partis politiques (ADEMA, Espoir 2002 : RPM/CNID/MPR) et autres qu’il a toujours assuré de sa fidélité et de sa disponibilité. De nos jours, des interrogations demeurent quant à la réaction de la classe politique et des forces vives de la Nation face à cette « gifle » retentissante de Koulouba à leur égard. Déjà les langues se délient. Dans les jours à venir, nous serons édifiés sur la vraie position du locataire de Koulouba.
Valeur politique intrinsèque de certains
En essayant de faire un décryptage de la liste des membres du bureau du PDES, on est sidéré de voir que la majeure partie n’a jamais été politique. Certains ont été « créé » en plein jour par le maître des lieux depuis son retour à Koulouba en 2002.
Qu’à cela ne tienne, il y a des figures chevronnées sur les 127 membres même s’ils ne sont pas nombreux. L’honorable Foutango Babani Cissoko de Dabiya qui est Président d’honneur, est connu pour sa force de frappe dans le domaine politique. L’homme n’est pas de la dernière pluie. Il sait comment faire marcher une machine politique s’il est écouté.
L’Honorable Bah Ousmane, cet élu du PIDS grâce à la liste ADEMA à Kayes est un vieux briscard en politique. Il reste à savoir s’il aura les coudées franches avec cette nouvelle donne ?
M. Sadou H. Diallo, maire de Gao, 15ème vice-président. Cet ancien militant du CNID Faso Yiriwa-Ton puis cadre à l’ADEMA avant de quitter ce parti et se lancer dans la bataille de la mairie en 2007 qu’il remporte avec brio, est une vraie « bête » politique. Sadou que ses amis appellent « Général » ou « Ché », est un homme politique qui a plus d’un tour dans son sac.
Mme Seck Oumou Sall, maire de Goundam, 21ème vice présidente, est une battante. Pure produit du MC puisqu’elle est restée fidèle au Chef de l’Etat et tient à l’aider. Dans son fief de Bourem elle saura se bien se battre.
Séga Doucouré de Paris, un politicien avéré qui saura apporter son expertise au PDES.
Ousmane Simaga, maire de Ségou, lui qui a quitté le CNID pour des raisons qu’il n’a pas voulu nous expliquer se retrouve dans la nasse du PDES. Elu difficilement à Ségou par une alliance qui a été obtenue inextrémis, Oussou saura-t-il faire valoir sa force de frappe à Ségou au moment où il est contesté par des camarades et collaborateurs ?
Ces Ministres qui vont l’école de la politique.
Ahmed Diané Séméga, Président du PDES, membre fondateur du MC. Cet homme n’a pas un grand parcours politique et pourtant, c’est lui qui a été retenu pour diriger le PDES.
Il est épaulé par N’Diaye Bah, deuxième vice président, ex SG du CNID en perte vitesse si l’on en croit nos informations. L’enfant de Kayes devra batailler dur pour mériter sa place au sein du PDES. L’homme avait du punch au CNID jusqu’à ces derniers mois. Saura-t-il se maintenir au PDES ?
Mme Tamboura Oulématou, ancienne militante de l’UDD puis du MC et qui a été élue à Tenenkou grâce à l’ADEMA, aura du pain sur la planche dans son fief. Elle a une expertise à faire valoir au PDES. Quant au ministre Mohamed El Moctar appartenant aux Al Moustakat sait qu’une nouvelle page s’ouvre pour lui et les siens. Le défi est énorme et possible si l’on en croit un proche.
S’agissant du Ministre Hamane Niang, homme d’affaires, grand sportif, il saura suivre les pas de son père celui-là qui a marqué son temps à Kayes.
Bakary Togola, non moins président de l’APCAM, agriculteur qui a su cultiver son aura parmi les siens et le monde paysan rentre avec le PDES dans la cour des grands. Difficilement réélu président de l’APCAM tout récemment, Bakary Togola qui a affûté ses armes en, Côte d’Ivoire sait qu’il doit relever le défi.
Mme Haïdara Astou Cissé, promotrice de l’agence de voyages « Wani-Tours », élue député sait qu’elle doit fournir plus d’efforts sous peine de se voir viré au prochain congrès de janvier 2011 devant confirmer chacun à son poste. Elle qui aime les défis sait à quoi s’en prendre.
Pour le Ministre de la Justice, M. Maharafa Traoré, tout puissant Secrétaire Général du parti, « lui qui a été 15 ans SG du Ministre de la Fonction Publique, en s’engageant dans cette voie veut apporter sa modeste contribution aux actions du Chef de l’Etat », explique un ami.
Secrétaire National à la Stratégie et à la prospective, honorable Sylla Hamadaou, l’enfant de Banamba sait qu’il doit carburer pour se maintenir dans le bureau au prochain Congrès.
Parlant de Touré Hamane, Secrétaire National Chargé de l’Education, cadre du RPM qui débarqué au MC pour apporter son expertise veut se faire valoir ici aussi. Le temps étant le meilleur juge, nous verrons.
Un jeune loup veut faire parler de lui, Me Malick Ibrahim, Secrétaire National aux Affaires Juridiques. Avec l’absence notoire de conviction politique de la classe politique qui s’est fait avoir par le consensus, au PDES on veut apporter une nouvelle façon de faire la politique en étant concret, plus proche des populations. Une manière de fustiger l’indignité politique, la prostitution politique qui a conduit beaucoup de nos citoyens à se baisser les bras. Pour Me Malick Ibrahim : « Je ne n’ai jamais milité dans un parti. Cette fois-ci j’y suis pour apporter ma modeste contribution à l’édification de notre pays. Pour nous, notre travail est facile et aisé parce que nous n’éparpillons pas nos efforts. Ce qui importe, c’est le suivi. Nous vous donnons rendez-vous dans deux mois. Ce parti, nous ne l’avons pas créé pour qu’il soit un parti qui compte. Mais l’avons crée pour qu’il soit un parti qui compte. Notre Président n a t il pas rappelé que nous ne faisons pas de la fixation pour les échéances électorales. Au PDES, nous faisons de la fixation sur le devenir des générations futures ».
Il faut dire que la majeure partie des membres du PDES ne sont pas politiques, remarquent bien d’observateurs. Mais la force de ce parti Etat est que la majorité de ses membres sont aux commandes de l’appareil d’Etat. Et c’est là où cela devient sérieux. Le Président de la république va-t-il fermer les yeux sur cette situation fâcheuse, s’interrogent bien de citoyens qui ne comprennent pas cet état de fait.
Bokari Dicko