Le parti de l’ancien Premier Ministre Soumana Sako sur la situation du Mali : «Dans le contexte actuel, la tenue de concertations régionales est plutôt une fuite en avant précipitée sous la pression des évènements»

1
Soumana Sako
Soumana Sako

Le Bureau Politique National de la CNAS-Faso Hèrè (Convention Nationale pour une Afrique Solidaire), présidé par l’ancien premier ministre du Mali, Soumana Sako, s’est réuni en session ordinaire le 10 novembre 2018 au siège du Parti sis à Hamdallaye, Bamako. A l’issue de la rencontre, le parti a fait une déclaration sur les développements de la situation politique, économique et sécuritaire du Mali. S’agissant de l’avant-projet de redécoupage administratif territorial, le parti de Soumana Sako a fait savoir que le texte est mal inspiré, porteur de menaces graves et imminentes sur l’unité nationale. « Ledit avant-projet de redécoupage territorial administratif est en réalité un subterfuge pour introduire une gestion à base ethnique dans un pays où l’attachement à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale demeure une constante de la vie politique et sociale », indique la déclaration du Parti. En outre, le parti signale que les concertations régionales sur le découpage territorial est une fuite en avant du gouvernement.

«L’avant-projet de redécoupage administratif territorial dont la presse et les réseaux sociaux se font l’écho alors même qu’il n’a fait l’objet d’aucune communication officielle aux acteurs politiques et sociaux est manifestement mal inspiré, porteur de menaces graves et imminentes sur l’unité nationale et source non seulement de charges budgétaires structurelles ou récurrentes insupportables pour l’Etat ainsi que pour les collectivités, les opérateurs économiques et les populations elles-mêmes, mais aussi de lourdeurs administratives additionnelles et d’inefficacité économique tant pour les programmes publics de développement que pour l’investissement privé national ou étranger », c’est en substance ce qui ressort de la déclaration de la CNAS Faso Hèrè en date du 10 novembre 2018 signé par son secrétaire général, l’ingénieur Soumana Tangara.

Avant d’ajouter que ledit avant-projet de redécoupage territorial administratif est en réalité un subterfuge pour introduire une gestion à base ethnique dans un pays où l’attachement à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale demeure une constante de la vie politique et sociale. De surcroît, poursuit la déclaration, le découpage territorial administratif ainsi envisagé a pour effet pervers, entre autres, de créer en faveur de groupes et sous-groupes démographiquement minoritaires dans le Septentrion malien une représentation parlementaire artificiellement et arbitrairement majoritaire – avec ce que cela implique comme surpoids politique- aux dépens d’autres groupes ethniques pourtant démographiquement majoritaires.

Aux dires du parti de l’ex premier ministre, Soumana Sako, le redécoupage territorial administratif proposé est aussi le reflet d’une tradition administrative encouragée par une certaine paresse intellectuelle ayant abouti, jusqu’à présent, à considérer que, pour l’élection des députés, circonscription administrative territoriale (niveau Cercle) et circonscription électorale sont nécessairement coextensives, ce que la Constitution n’impose pas.

«Au total, alors même que la CNAS-Faso Hèrè a été, avec ses partenaires regroupés au sein de l’ADPS (Alliance des Démocrates Patriotes pour la Sortie de crise), la première formation politique ayant demandé, et ce dès le 5 avril 2012, que soit convoqué un Congrès Extraordinaire du Peuple malien pour la sortie de crise, le Bureau Politique National estime que, dans le contexte actuel, la tenue de concertations régionales est plutôt une fuite en avant précipitée sous la pression des évènements. Mal préparées, ne s’appuyant sur aucune étude sérieuse, ces concertations régionales ne sont pas la voie de sortie de l’imbroglio créé autour de la question », a souligné le parti de Soumana Sako. Par ailleurs, le parti dénonce la prorogation du mandat des députés.

Au plan sécuritaire, la CNAS Faso Hèrè a déploré la situation d’insécurité et de violences interethniques qui continue à prévaloir notamment dans des zones du Centre du pays ainsi que les récents évènements de Banamba « démontrent qu’à ce jour, nonobstant des déclarations officielles sans lendemain, les pouvoirs publics n’arrivent pas à concevoir et à déployer un dispositif sécuritaire dissuasif qui protège les populations et assure l’autorité de l’Etat républicain, laïc et démocratique sur l’ensemble du territoire national ».

Au plan économique, le parti de l’ancien premier ministre a indiqué que les tensions actuelles de trésorerie sur fond de revendications et de surchauffe sociale confirment l’impérieuse nécessité pour le Gouvernement de concevoir un plan de relance et de restructuration économique incluant, entre autres, un programme national d’aménagement du territoire et de réponse au changement climatique. « Le Bureau Politique National de la CNAS-Faso Hèrè estime qu’il n’est pas encore trop tard pour le Président de la République de tirer les leçons des errements de son premier mandat et de créer les conditions propices à un dialogue politique et social inclusif avec l’ensemble des Forces patriotiques, progressistes, républicaines et démocratiques autour des grands enjeux de la Nation », conclu la déclaration.

Aguibou Sogodogo

Commentaires via Facebook :

1 commentaire

Comments are closed.