Dans un mémorandum sur les élections de 2012, publié hier, le Comité directeur du PARENA tire la sonnette d’alarme. En effet, le parti du bélier blanc trouve que l’enjeu de ce rendez-vous est de taille. Il est donc vital que le choix de l’homme ou de la femme qui devra accéder à la présidence de la République s’opère à travers des élections transparentes et crédibles. Ce qui contribuera à épargner au Mali des élections contestées, des crises et des crispations pré et postélectorales. Le PARENA estime que cela est un énorme défi, non seulement pour le président de la République et le Gouvernement sortants, mais aussi pour tous les acteurs politiques et l’ensemble des forces vives du pays, pour la paix sociale et la cohésion nationale. De ce fait, la formation de Tiébilé Dramé pense qu’il est urgent de commencer à préparer les élections de 2012. Car treize mois seront à peine suffisants pour organiser de bonnes élections si l’on sait d’où nous partons.
-Introduction :
En avril 2012 (dans 13 mois), le peuple malien sera appelé aux urnes pour élire un nouveau président de la République, c’est à dire l’homme ou la femme qui, par ses actes, pèsera lourdement sur le présent et l’avenir du pays. L’enjeu est de taille. Il est donc vital que le choix de cet homme ou de cette femme s’opère à travers des élections transparentes et crédibles. Epargner au Mali des élections contestées, épargner à notre pays des crises et des crispations pré et postélectorales est un énorme défi, non seulement pour le président de la République et le Gouvernement sortants, mais aussi pour tous les acteurs politiques et l’ensemble des forces vives du pays. Pour la paix sociale et la cohésion nationale, il est urgent de commencer à préparer les élections de 2012. Treize mois seront à peine suffisants pour organiser de bonnes élections si l’on sait d’où nous partons.
II. Quelques rappels :
1. “J’ai lu avec beaucoup d’attention les 250 à 300 requêtes qui nous ont été présentées. Je voudrais le dire avec beaucoup de sincérité qu’à travers cette lecture, j’ai eu le sentiment profond que beaucoup d’acteurs politiques, des candidats de tous ordres, de quelque bord que ce soit, se sont installés à demeure dans la fraude “ (Le Juge Salif Kanouté, ancien président de la Cour Constitutionnelle, propos tenus à la télévision nationale à l’issue de la proclamation des résultats définitifs de l’élection législative, août 2007).
2. ” La fraude demeure la plus grosse plaie de notre dispositif électoral. Lors des élections de 2007, elle a atteint une ampleur jamais égalée dans notre pays. ” (M. Boubacar Sow, alors Directeur National de l’Intérieur, aujourd’hui Secrétaire Général du Ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales), propos tenus à l’Hôtel de l’Amitié pendant une réunion organisée par le NDI (National Democratic Institute), proche du Parti démocrate des Etats-Unis, janvier 2008.
3. ” Le fichier électoral actuel a été élaboré sur la base de produits avariés, obsolètes… et hors d’usage. ” (Colonel N’Tjo Bengaly Coulibaly, Délégation Générale aux élections (DGE) lors d’une émission télévisée, le 7 décembre 2008).
4. …. force est de reconnaître aujourd’hui l’ampleur d’un phénomène qui, si on n’y prend garde, risque de compromettre dangereusement notre jeune démocratie.
Il s’agit du désintérêt croissant des électeurs que traduisent la faiblesse de la participation et la persistance, voire l’accentuation de la fraude et la corruption politique des électeurs et des agents électoraux. ” (Président Amadou Toumani Touré, message à la Nation, 22 septembre 2009.)
Dans la même foulée, le Président stigmatise quelques effets qu’il qualifie lui-même de ” pervers ” parmi lesquels :
– ” la persistance de l’impunité des auteurs des violations des règles de l’élection,
– l’usage de bulletins de vote parallèles
– l’utilisation abusive du vote par témoignage et du vote par procuration”.
Que peut-on ajouter aux propos de ces autorités compétentes ? Sinon qu’il n’existe pas au Mali de mécanisme régulier et transparent par lequel la volonté du peuple s’exprime.
Pour davantage édifier l’opinion, nous ajouterons simplement l’existence d’une étude confidentielle de la DGE, datée du 17 septembre 2008 et ” relative à la qualité du fichier électoral “. Dans ce document, la Direction Générale des Elections analyse les faiblesses criardes du fichier, parle ” d’augmentation fulgurante du nombre d’électeurs ” et émet “ des doutes sur le chiffre de 7 248 318 électeurs “.
C’est dire que les dernières élections (les communales de mai 2009) se sont déroulées sur la base d’un fichier artificiellement gonflé avec un nombre correspondant de cartes d’électeurs et de bulletins de vote disproportionnés.
III. Pour une action urgente
Les constats accablants établis par les plus hautes autorités, les plus compétentes en matière d’élections incitent à une action urgente résolue et sans atermoiements pour doter le Mali d’un fichier électoral et d’un système électoral crédibles et transparents.
Le flou qui est entretenu au sujet des suites du RAVEC (recensement à vocation d’état civil) et des applications électorales qu’on était censé en tirer est tout simplement incompréhensible.
Faut-il rappeler les déclarations solennelles du président de la République dans son message du 22 septembre 2009 : “ …. je proposerai….la suppression des structures actuelles d’organisation, l’annulation des listes électorales actuelles et la constitution d’un nouveau fichier électoral à partir des résultats du RAVEC “.
Pourquoi tant d’inaction depuis ? Pourquoi soudainement le silence autour du RAVEC ? Veut-on nous resservir les listes électorales actuelles?
Avec un dispositif électoral aussi discrédité, qu’attend-on pour commencer à mettre au point un code électoral et un fichier électoral consensuels ?
Ce qui se passe autour de nous, en Côte d’Ivoire et, dans une moindre mesure au Bénin, doit inciter les pouvoirs publics à anticiper, à préparer rigoureusement les élections générales de 2012 afin de les mettre à l’abri du soupçon et de la contestation.
Seules des autorités légitimes issues d’élections régulières, transparentes et crédibles en 2012 peuvent entreprendre les réformes hardies dont ce pays a un besoin urgent.
Si l’objectif non avoué de l’inaction actuelle est de conduire le Mali cahin-caha vers un semblant d’élection pour imposer par la fraude un président de la République en 2012, il doit être clair que les Maliens ne l’accepteront pas.
IV. Appel Urgent :
Le PARENA en appelle aux pouvoirs publics, aux partis politiques, aux organisations de la société civile, à la vigilante presse privée, aux organisations non gouvernementales de développement, aux centrales syndicales, aux confessions religieuses et à leurs respectés leaders, et aux partenaires bilatéraux/multilatéraux du Mali, à agir, individuellement et collectivement, afin que l’on commence aujourd’hui et maintenant à préparer les élections de 2012.
Ce faisant, chacun aura joué son rôle pour éviter à ce pays les tourments vécus ailleurs.
Bamako, le 8 mars 2011.
Le Comité Directeur du PARENA
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