Le Mot de la semaine de Youssouf Sissoko : REPORT

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Le landernau politique malien est en ébullition, divisé et tiraillé entre l’organisation des élections communales, régionales et du District le 25 Octobre prochain et leur report pour cause d’insécurité grandissante. L’alerte a été donnée par l’Opposition, qui, après une série d’attaques au nord comme au sud en passant par le centre, est arrivée au constat que les conditions ne sont pas réunies pour la tenue de ces élections. Autres raisons avancées par l’Opposition sont entre autres, le travail solitaire du ministre en charge de l’Administration territoriale et surtout le déphasage entre les textes qui régissent les premières élections d’un genre nouveau  et le nouvel Accord de Bamako issu du processus  d’Alger qui donne droit de cité aux collectivités-régions. A la suite de l’Opposition, des voix discordantes se sont élevées au sein de la Convention de la Majorité présidentielle (CMP) elle-même, surtout après le regain de violence entre la CMA et le GATIA à Anefis, pour demander le report. Il a fallu une réunion de la CMP pour que tous les partis de la mouvance  l’acceptent, y compris le parti majoritaire à l’Assemblée Nationale, le RPM, qui avait  voulu avant tout défendre la position de son ministre en charge de l’Administration territoriale et des plus caciques du parti des tisserands. Mais aujourd’hui, nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que la classe politique, Majorité comme Opposition, semble souffler pour l’une des rares fois dans la même trompète. Pour preuve, selon des sources bien introduites, l’hémicycle a tenu une réunion à huis clos à l’issue de laquelle l’une des décisions phares qui a été prise fut la demande de report de ces élections adressée au gouvernement. Selon toujours nos sources, le gouvernement prendra la décision de report par une Ordonnance compte tenu de l’urgence et de l’absence des députés pour cause de vacances parlementaires. Pour l’une des rares fois la classe politique fait preuve de maturité et à l’unisson met le pays au-dessus de ses intérêts partisans. La balle est désormais dans le camp du gouvernement pour lever tout suspense.

Quand un report  en appelle un autre, le mot devient sans nul doute celui de la semaine. En effet, programmé puis reporté, reprogrammé et reporté une seconde fois, c’est finalement le mercredi 26 Août 2015 que l’ex putschiste guinéen le capitaine Moussa Dadis Camara a tenté de rejoindre Conakry, afin de se lancer dans la bataille pour la conquête  du palais présidentiel de Sekoutoureya. C’est la troisième fois qu’il tente de rejoindre son pays sans succès. Ayant pris le vol à Ouaga avec une escale à Abidjan, l’avion du voyageur peu ordinaire s’est vu interdire d’atterrissage à l’aéroport d’Abidjan. Et c’est finalement  le Ghana qui accueillera  l’exceptionnel hôte pour quelques heures avant de le ramener à sa case de départ sur la terre des « hommes intègres »  à Ouagadougou. La question qui taraude l’esprit des guinéens est celle de savoir pourquoi les autorités refusent-elles toujours ce retour Dadis au pays natal, surtout après l’avoir inculpé pour complicité d’assassinats et de viols suite à la manifestation en 2010 de l’Opposition au stade du 28 Septembre? Cette question s’adresse particulièrement au président Alpha Condé. La démocratie et le respect des droits humains en Guinée ont encore de longs chemins à parcourir comme sur le reste du continent, tant les dirigeants africains qui sont supposés en être les premiers garants, sont ceux- là même qui sont prêts à les violer pour des fins électoralistes. Vivement la culture de la démocratie sur la terre de l’Humanité où l’Homme fit ses premiers pas. Le continent en a vraiment besoin.

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