Parler du Mali indépendant n’est pas une chose aisée. Un pays qui a connu deux (2) types d’homme, deux (2) coups d’Etat et trois (3) régimes différents. Un premier régime dit ‘’socialisme’’ ; un deuxième régime qualifiée militaire, dictatorial et sanguinaire ; et troisième régime démocratique qui, si on peut se permettre l’expression, est aujourd’hui tâtonnant.
Depuis plus de cinquante ans, le Mali est indépendant. Il ne s’agit plus d’un simple moment. Notre objectif est simple : décrire de façon succincte et instructive ces cinq (5) décennies pour ces dernières générations suffisamment roulées à la farine.
Au lendemain du soleil des indépendances des années 60, le choix de la voie à suivre est devenu la préoccupation essentielle des pays indépendants. Le père de l’indépendance de notre pays, Modibo KEITA, opta pour le socialisme. Cette option, en passant par le biais de l’éducation et par une décolonisation des esprits, a connu un grand essor. Et le premier objectif de notre système éducatif répondait à cet engagement. L’arme de combat pour aboutir à l’orientation socialiste était donc au rendez-vous. Ferdinand de Saussure, psychologue de la colonisation, ne signalait-il pas à l’époque, en raison du caractère invétéré de nos ancêtres, d’enseigner aux enfants leur langue, de leur inculquer leurs idées et la France compterait (plus tard) par millions de nouveaux citoyens. Le régime socialiste a donc choisi un excellent outil de travail et a si bien fait ses preuves. C’est grâce à cette bonne gouvernance de huit ans que le Mali se réjouissait dans les années 70 d’un taux de croissance au niveau de l’enseignement secondaire de 24% contre 20% au Gabon et 17% au Cameroun. Signalons qu’aujourd’hui ces pays sont considérés comme une centrée intellectuelle en avance sur le Mali. Et l’élève gabonais ou camerounais est intellectuellement plus respecté qu’un élève malien. En fait, nul ne peut contester la volonté sage du régime socialiste de bien gouverner. C’est en raison de cette sagesse incontestée que les insuffisances et les défaillances du régime sont rarement évoquées. Respectons l’équité et attardons nous sur le régime pour révéler quelques défaillances à nos lecteurs.
Ainsi, l’histoire de l’opération taxi dénoncée est-elle une vérité ou un mensonge ? Les 168 taxis étaient-ils mal acquis ? En tout cas l’histoire suscita une vague de récriminations et d’agitation et le Comité national de défense de la révolution (CNDR) dénonce « un climat d’opportunisme et de démagogie caractérisé par une absence d’intransigeance sur les principes révolutionnaires du parti »
Encore le Sénégalais Mahjemout DIOP ne considère pas sa réflexion sur le Mali comme celle d’un détracteur qui cherche à jeter l’anathème sur le régime « faute de bourgeois, il n y a pas de révolution démocratique bourgeoise classique…Faute de classe ouvrière et de prolétariat agricole, le socialisme ne peut être instauré et consolidé » Cependant, certains barons du régime tentèrent de justifier son caractère socialiste. Seydou Badian avance son argument en faveur du régime en ces termes « S’il y a au sein de nos sociétés des couches différentes, il n’existe absolument pas entre elles des contradictions violentes, des rapports d’exploité à exploiteur. Nous n’avons aucune catégorie sociale détenant les moyens de production et exploitant la force de travail d’une autre catégorie […] notre option est faite […] l’ouvrier d’usine de demain ne naitra pas prolétaire mais travailleur d’une société sans classe ». Cet argument n’aurait pu convaincre certains intellectuels. Il fut dénoncé à l’époque comme le développement dune bureaucratie d’État peu efficace qui rendait déjà caricatural « le socialisme malien». Et même en matière institutionnelle, certains intellectuels ont jugé que le caractère « socialiste » du régime ne transparait pas davantage. Edmond Jouve signale l’interdiction des grèves qui parait, à ses yeux, contraire à l’article deux de la constitution « la souveraineté appartient au peuple tout entier. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice » ; et toujours pour notre auteur, l’article trois de la constitution n’a jamais été appliqué « les partis et groupements politiques concourent normalement à l’expression du suffrage ». Sans aucun doute le régime avait besoin de correction.
Fallait-il alors un coup d’Etat comme solution ? Quand même Moussa TRAORE, le tombeur de Modibo KEITA, qualifiait l’union soudanaise RDA (parti au pouvoir) « aliéné dans ses principes, il a ouvert la porte à l’opportunisme, la corruption, l’exploitation, la dépravation…» Tel est le propos de qui ? Celui qui, malgré plus de deux décennies à la tête de l’État n’a pu laisser derrière lui qu’un bilan désastreux avant d’être délogé par la force ; celui qui, sous son régime, le pays a connu une des prisons les plus infernales du monde dans le nord.
Tarder sur lui, ce serait provoquer le traumatisme à nos excellents intellectuels exilés avec le seul désir de servir leur pays natal ; ce serait risquer une agitation populaire. Que Dieu nous en préserve ! Et Dieu merci encore ! Oui Dieu merci, même si c’est par le prix du sang que le peuple a remporté sa victoire sur le président dictateur et ‘’sanguinaire’’. Bien sur, le président sanguinaire, car le sang a coulé et selon, peut on dire, sa propre volonté. N’a t-il pas promit au peuple, aux êtres humains la couronne d’enfer. Cependant, le refus catégorique du peuple de l’accepter à la tribune d’honneur des festivités de la célébration du cinquantenaire n’est qu’une décision sage et bien justifiée.
En 1991, le Mali se débarrassa de lui et procéda à l’installation d’un gouvernement de transition pour une durée de 9 mois devenu par la suite 14. Avec succès le Comité de transition de salut du peuple organisa une élection présidentielle, libre, pluraliste et transparente sous la direction de ATT. Par raccroc, le Mali se trouva avec un président qui dirigea avec ses doigts de fée le pays vers le progrès. Qui pourrait imaginer dans les années 90 que le Mali pourrait être un lieu d’accueil jusqu’à organiser en 2002 la Coupe d’Afrique des nations. En 2000, la croissance économique était déjà plausible en tenant compte de la manière catastrophique dont le régime ‘’sanguinaire’’ a mis le pays à genoux. En somme, y a t-il lieu de toucher à l’intégrité, à la perspicacité de notre premier président démocratiquement élu après avoir volontairement quitté le pouvoir. Difficile ! Le professeur a scrupuleusement respecté la constitution. Il s’est catégoriquement éloigné de l’idée d’être le seul bonhomme capable de diriger le pays perpétuellement comme l’a bien voulu certains et comme d’autres veulent le faire. Même s’il se serait conformé à la constitution sous les douces mais dures pressions de certains de ses très proches collaborateurs et de la Société civile. L’essentielle était le respect des règles démocratiques.
Quelle sagesse ! Quel exemple à suivre et à désirer ! Son mandat fini, il céda le fauteuil présidentiel, un samedi 8 juin 2002, à un ATT élu.
Est-il possible ou scientifique de dresser le bilan de notre général, un président n’ayant pas encore totalement fini son mandat ? Nous ne le croyons pas ! Ce qui est sûre et indiscutable, à nos yeux, il a excellemment préparé les élections lorsqu’il était à la présidence à titre intérimaire. Ce qui est saugrenu à coté de cela, le faiseur de cet excellent boulot a fini par être l’auteur de l’inoubliable « bé bi ba bolo » et de l’inadmissible emprisonnement de journalistes quelques années après sa réélection. Sur ces emprisonnements certes, temporaires mais arbitraires, le général président a gardé un grand silence encore incompréhensible. Le plus saugrenu : Des nombreux maliens doutent de la tenue dune élection transparente et fiable prévue pour le 29 avril de cette année 2012. Qui vivra, verra. Si l’élection fait un échec, ce serait selon la volonté propre de notre cher général président bien aimé. Rappelons qu’il l’a déjà relativement bien organisé dans 14 mois.
ATT va t-il pouvoir redorer le blason ? La question reste posée, mais nous osons rappeler ces mot de l’artiste boute-en-train Fouken-J- « au temps du président chauve,…même les débrouillards gagnaient. Mais avec le président au nez ap…p…p…»
Encore qui vivra, verra et notre plume restera vivante !
Moussa CAMARA