Le Mali sous ATT : L''autorité se fonde sur la raison et non sur l''imposture

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José Marti déclarait : « Aucun martyr ne meurt vain, et aucune idée ne se perd dans l”ondulation et le tourbillonnement des vents ». Fort de cette conviction que le pouvoir appartient au peuple, le nôtre, reviendra au peuple de gré ou de force, plaise à Dieu, et par la volonté populaire.

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Avec plaisir, j”ai refoulé cette vieille terre du Mali, retrouvant avec nostalgie mes amis, après un périple de quelques semaines sous d”autres cieux, où le citoyen vit sa citoyenneté, pleinement, sans agression de l”Etat, où le président de la République sait qu”il devra rendre compte, et où les institutions sont réellement au service de tous.

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J”ai eu l”occasion de mesurer avec étonnement, combien l”image du pays est dégradée, depuis quelques années. Le Mali ne se vend plus, il inquiète. Un de mes interlocuteurs, un ancien diplomate d”un pays ami, m”a pris en aparté pour me dire ceci : « Votre président manque de lisibilité. Il manque totalement de vision. Seuls des vendeurs d”illusions, vantent des supposés mérites de votre modèle démocratique ».

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Bref, ces quelques jours, la question qui a nourri la réflexion du microcosme des universitaires, est la situation de la pratique démocratique en Afrique, notamment au sud du Sahara. La grande déception est venue du Sénégal, où le Vieux chauve s”est permis une réélection au 1er tour. Ce pays, qui fut à la pointe des exemples démocratiques, s”empare du trophée de l”incurie.

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Il infantilise de ce fait tout un peuple, en agenouillement devant un homme autoproclamé providentiel. La dangereuse carrure d”un homme qui méprise tout le peuple sénégalais et qui pour terminer le tout s”autorise à vouloir fourguer au Sénégalais un dauphin. « Idrissa Seck est hors course, il n”est plus sur la liste de ceux qui me succéderont ». Qui est Wade pour s”arroger le suffrage de son peuple ? Ce qui s”est passé dans ce pays est le prélude à ce qui est en train de se fomenter au Mali.

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En effet, tout est fait pour créer l”illusion que le Mali est né avec ATT et que son histoire se conjugue au temps d’ATT. Au cours de longues discussions avec certains cadres de ce pays, le sentiment général qui se dégage est que les jeux sont faits et que l”élection présidentielle n”a plus de sens.

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Dans les campagnes, c”est le sentiment dominant. En clair, les Maliens, devant tant de débauche, notamment d”argent et d”images en sont venus à nourrir une vraie frustration et c”est blasé qu”ils déclarent, « les élections n”ont plus aucun sens ». C”est cela qu”ATT et ses affidés voulaient, amener les Maliens au stade de zombies, incapables de réactions. Une fois ce but atteint, il leur est loisible de se comporter en terrain conquis et de faire tout ce qui leur viendra à l”esprit.

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L”évidence de cette assertion est là. ATT est devenu l”étoile polaire du Mali, le référentiel unique. L”ORTM à ses ordres, l”administration à sa solde, la justice catapultée dans sa zone d”influence par la baraka d”un certain syndicat, reconverti par sa direction actuelle en militant zélé et obscur de la théorie ATT. N”est-ce pas contre ce musellement de l”institution judiciaire et la glorification de sa vénalité, qu”un autre syndicat est né ?

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Avertissements

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Mais encore un autre avertissement à ATT. L”abbé Pierre, cet homme d”église, homme de Dieu, charitable parmi les charitables, déclarait : « Vous n”entendez pas ceux qui souffrent ? C”est qu”ils n”ont plus la force de se battre, et même pas la force de dire leur souffrance… mais craignez l”avenir si vous ne les entendez pas ». ATT, comme l”oiseau au destin scellé, n”entend ni n”écoute les avertissements. Alors, tant pour lui que pour ces affidés, le réveil risque d’être brutal.

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Au Mali, dans le système d’ATT, on a vite fait d”oublier que la République est stable, parce que les privilèges sont abolis et que tous sont égaux en droit. La souveraineté appartient au peuple tout entier et les droits du citoyen sont des priorités. C”est cela que le peuple du 26 mars a exigé. Ce même peuple, pourra être certainement dans la rue demain, si l’on n”a rien compris de l”histoire du Mali.

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Assurément, la soldatesque venue en ce funeste matin du 26 mars 1991 à la Bourse du travail a trahi la cause du peuple. Je ne reviendrai plus dessus, l”ayant évoqué dans un précédent article. Le chef de bande se nommait ATT, et depuis l”homme a pris tellement de galon, qu”il méprise tout, dédaigne tout et fait de la République, sa chose.

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« Peuple, souviens-toi que si, dans la République, la justice ne règne pas avec un empire absolu, et si ce mot ne signifie pas l”amour de l”égalité et de la patrie, la liberté n”est qu”un vain nom. Peuple, toi que l”on craint, que l”on flatte et que l”on méprise ; toi, souverain reconnu qu”on traite en esclave, souviens-toi que partout où la justice ne règne pas, ce sont les passions des magistrats, et que le peuple a changé de chaînes et non de destinées.

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Souviens-toi qu”il existe dans ton sein une ligue de fripons qui lutte contre la vertu publique, qui a plus d”influence que toi-même sur tes propres affaires, qui te redoute et te flatte en masse, mais te proscrit en détail dans la personne de tous les bons citoyens.

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Rappelle-toi que, loin de sacrifier cette poignée de fripons à ton bonheur, tes ennemis veulent te sacrifier à cette poignée de fripons, auteurs de tous nos maux, et seuls obstacles à la prospérité publique ». Ces vérités ont été prononcées le 26 juillet 1794 par Robespierre.

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En les renouvelant 213 ans après, j”ai voulu signifier au peuple souverain du Mali, que la vérité est toujours une et indivisible, immuable et certaine. Jamais pays n”a connu une systématisation aussi rapide du laisser-aller au niveau des finances publiques que durant ces cinq dernières années.

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Curieusement, ATT a terminé son règne en 1992 avec l”affaire du Trésor. Il a débuté son mandat en 2002 avec l”affaire des exonérations et tous les crimes de corruption dénoncés par sa Casca, et plus tard par son Vérificateur général.

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En 2006, ce dernier, sur 6 structures contrôlées, épinglait le système pour une évasion de plus de 15 milliards. Lui répondant, ATT avec courage déclara : « Nul n”est accusé, nul n”est au-dessus de la loi, nul n”est au-dessous de la loi ». Une façon adroite de dire : « Très bien, allez vous faire voir ». Depuis, en lieu et place de sanctions, c”est bien des récompenses qui ont plu. Quand un phénomène se répète si semblablement, il y a fort à parier qu”il s”agit d”habitude. Ce n”est plus le hasard.

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Peuple souverain du Mali, écoute en écho Robespierre : « Rappelle-toi que, loin de sacrifier cette poignée de fripons à ton bonheur, tes ennemis veulent te sacrifier à cette poignée de fripons, auteurs de tous nos maux, et seuls obstacles à la prospérité publique ». Désormais, au Mali « tous les principes sont affaiblis, il ne reste que des bonnets rouges portés par l”intrigue », pour citer Saint-Just.

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Je mets au défi qui que ce soit, autour du chef de l”Etat, de démentir ces propos, après ses cinq ans de gestion calamiteuse et clanique. Je mets ses affidés de la nébuleuse du Mouvement citoyen, au défi de dire en quoi la République a gagné, tant les reculs démocratiques, économiques et sociaux sont patents. Les preuves les plus palpables de ces intrigues et de ces violations de la loi s”affichent chaque jour insolemment à la vue de tout le monde.

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En effet, à quelques encablures des élections générales, le président de la République est en grande tournée aux frais de l”Etat. Et là, toute honte bue, il pose partout des actes à caractère électoraliste, infantilise par la monopolisation de la télévision nationale les cadres de cette structure. Quelqu”un a dit, le directeur général de l”ORTM est devenu le conseiller en communication de « ATT-crature ».

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Banalisation

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Au Mali, on n”avait jamais atteint un tel sommet en terme de banalisation de l”image d”un président de la République. A force de paraître partout en toute occasion, il est devenu moins qu’un citoyen ordinaire. Un président de la République mérite plus de respect, si ce n”est à cause de sa personne, qu”il se fasse respecter au moins à cause des hautes fonctions qu”il incarne. Entre démystifier le pouvoir, comme Sankara, à qui notre « chef de chantier alias Pierre 1er » a eu l”outrecuidance de se comparer, et se banaliser comme ATT, il y a un océan de différence.

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Même aux pires moments de la dictature du général Moussa Traoré, le culte de la personnalité n”avait nullement atteint une telle proportion. Finalement, il s”agit d”une standardisation d’ATT, et il n”en a cure. Sa tactique se résume en cette position : « Je fais ce que je veux, tout m”est assujetti : les partis politiques, les hommes et les femmes, les enfants, les animaux, le vent, la pluie… La loi, je m”en moque, la Constitution, une grosse aberration et je la foule au pied ».

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J”en suis venu à croire que Maurice Druon a spécialement écrit ceci pour ATT : « La carrière militaire offre à bien des hommes un compromis acceptable entre leur désir de commandement et leur besoin d”être dirigés. Ceux qui l”embrassent, exercent une autorité sans en avoir à en définir la doctrine et étant déjà couverts par une autorité supérieure. Et les plus purs sont prêts vraiment à payer du sacrifice de leur vie, à la mère patrie, au père souverain, cette solution à leurs débats internes. Ainsi, l”armée contrairement à ce qu”on croit, n”est pas une école du pouvoir ; c”est bien davantage un refuge des enfances inachevées. Il n”en sort que par rarissime exception, un homme d”Etat ».

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En fait d”homme d”Etat, ATT ne se soucie même pas du coût de ses déplacements : carburant, per diem, restauration, mobilisation des populations qui ce jour ne travaillent pas.

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Et dire que parfois c”est pour inaugurer un point d”eau, une hutte, etc. Il me rappelle cet adage bambara, « wolo tora a dogui sara la », le coût du tannage est plus élevé que la valeur du cuir. Comment décemment un chef d”Etat peut être à ce point peu insouciant de l”efficacité et de l”efficience de ses actes ? Sérieusement, quand l”esprit va chercher du bois mort, il ramène le fagot qui lui plait. Et quand cet esprit est léger ou lourd, le fagot sera du même poids.

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Ce pays, après les lumières d”un Alpha Oumar Konaré, a-t-il subi cinq ans durant la « noire » obscurité d’ATT. Il faut en finir. C”est un acte de salut public. Mon ami le philosophe m”a même dit, non, c”est un geste de salubrité publique et patriotique.

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Comment assurer l”éthique et la morale dans ce pays où honneur et dignité vont de pair ? La parole d”un chef est normalement sacrée. L”histoire de la communauté chrétienne est là pour dire que ce général, n”a aucune parole qui tienne. En permettant que soit porté atteinte au symbole de la cohésion paisible des religions, en permettant qu”un aventurier, qui compte parmi son cercle, vienne profaner la maison de Dieu, ATT a démontré qu”entre son dire et son faire, il y a des années lumières.

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Les chrétiens du Mali et tous ceux qui vivent leur foi, depuis l”affaire de Samaya et autres, sauront apprécier. Tout se paie et doit se payer en politique. Sous peu, les élections auront lieu. La grosse artillerie de la fraude peut tonner. Il faut une vigilance accrue afin d”éviter de tels errements à ce peuple.

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En faisant de certains officiers, sans envergure aucune des membres de son état-major de campagne, ATT met le pied dans une fourmilière. Les bus de l”armée ont servi au transport de ses militants, des militaires sont mobilisés. En s”inféodant des administrateurs sans conscience et qui sont prêts à violer la loi comme le gouverneur du district de Bamako, il veut s”imposer.

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En mettant à contribution, pour son seul profit, ceux qui légalement sont neutres, il déroule le tapis rouge du vice. Il ne reste qu”à assurer le transport des électeurs, par cars et bus entier. Il a des transporteurs à sa solde. La boucle sera bouclée. Ce ne sera donc plus une élection libre et démocratique. Quand on s”assure l”appareil électoral, quand on parque comme du bétail les citoyens pour le vote, où se trouve la liberté, où se trouve l”expression démocratique ?

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Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas ; il a des chefs et non des maîtres. Il n”obéit qu”aux lois et c”est par la force des lois qu”il n”obéit pas aux hommes. ATT n”est ni légaliste ni démocrate. Pur produit de la nomenklatura militaire du 19 novembre 1968, il ne peut être qu”à l”image de son ancien maître… Ceci est un autre débat, que nous ouvrirons en évoquant notamment dans une prochaine livraison, sa responsabilité directe ou indirecte, dans la bastonnade des démocrates sincères, comme Victor Sy, feu Kary Dembélé et même Abdoul Karim Camara.

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Docteur Panghalê

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