Embourbé depuis janvier 2012, dans une crise sécuritaire, institutionnelle, humanitaire, sociétale, économique et diplomatique, et devenu la tasse à café de ses voisins et de la communauté internationale, le Mali est à la croisée des chemins en ce début 2013, soit il lèvera la tête de l’eau soit il sombrera dans les profondeurs abyssales de l’inconnu.
Le très faible niveau de développement des infrastructures économiques et sociales de bases, (routes, électricité, eau potable, télécommunications, écoles, hôpitaux et centres de santé…) et l’étroitesse du marché intérieur, accroissent le coût d’opportunité du transport, et de la production et ne permettent pas une éclosion rapide du secteur privé.
La main d’œuvre bon marché est très peu qualifiée et le coût de l’électricité et des télécommunications reste très élevé pour une correcte industrialisation du pays. L’économie reste donc majoritairement agricole avec des techniques de production des années 50 qui maintiennent les rendements du travail à un niveau tel que la production agricole peine a explosé.
Le pays enregistre donc au gré des aléas climatiques des niveaux aléatoires de production agricole du coton, du riz, des sorghos et d’autres céréales malgré des efforts de la CMDT, de l’état dans des projets de type Initiative Riz et des aménagements hydro agricole, des paysans et des privés.
L’économie urbaine reste essentiellement informelle, de négoce et de services, non adossée sur un secteur industriel réel et performant et n’ayant pas la confiance des banques pour le financer correctement, elle peine aussi à prendre le relais de la production agricole aléatoire pour doter le pays d’un taux de croissance économique suffisant pour résorber un chômage massif des jeunes entretenu par un fort accroissement naturel de la population et un système scolaire et universitaire désuet dont les échecs surplombent les succès en matière de formation d’une ressource humaine de qualité. Les 12% de succès au baccalauréat 2012 en sont la parfaite illustration.
La vie sociale, s’accommode avec une urbanisation sauvage et galopante, qui désactive toutes les bonnes mœurs et des bonnes valeurs de la société, pour les remplacer par des vices comme l’incivisme, la tentation, le manque de respect du bien public et d’autrui, la facilité, le laisser aller, avec la complicité des élus locaux et nationaux et de la classe dirigeante. La gouvernance du pays, née dans cette dépravation des mœurs et de ses pratiques rétrogrades n’arrive pas à inventer des politiques publiques pour permettre à la justice de remettre les bonnes pratiques en place et permettre au pays de créer et de distribuer sainement la richesse par le mérite du travail. L’homme malien se perd désormais dans une identité de vol, de mensonge et de déni de réalité, et d’opportunité, toute chose qui lui permet de raccourcir son désir de jouissance d’un bonheur lointain qu’on veut tout de suite ramener à la maison, pour une mère, une femme, une sœur, un frère ou pour des enfants qu’on aime à tout prix. Dans cet océan de cherche-bonheur immédiat et gratuit, le bien public est ce qu’on respecte le moins, et l’Etat la vache laitière qui le produit et qu’on croit immortel.
Alors les maliens (gouvernants comme gouvernés) n’ont aucune notion de respect des institutions publiques, qui font partie du décor pour eux, ils accordent plutôt leur importance et leur respect au prince du jour, car pour eux lui, il est un élément important dans leur politique quotidienne de cherche-bonheur immédiat. C’est dans ce climat contre nature de « je cherche donc je suis » que la classe politique ou du moins une partie a fait allégeance à un régime d’exception contre un régime démocratique qu’ils ont eux mêmes contribuer à travestir des années durant, quand bien même qu’ils savent que l’avènement de ce régime d’exception fera perdre au pays des centaines de milliards de FCFA de ressources financières d’aides extérieures. C’est pour cela que des chefs religieux ou du moins certains cherchent à tout prix une influence politique pour peser contre une certaine islamisation du pays dont ils contribuent, d’une manière ou d’une autre, à faciliter dans le pays.
Et enfin c’est pour cela que des citoyens qui battent le pavé avec tambours et trompettes, pour un dirigeant politique, perdent, subitement, le chemin de ce pavé quand celui-ci est débarqué d’une manière ou d’une autre.
La dessus, demandez plutôt à CMD qui a enregistré l’une des toutes dernières marches de soutien dans le pays, pour un homme politique, quand il était premier ministre qu’il vous donne le nombre de ses soutiens quand il fut contraint, illégalement, par la junte militaire de Kati de démissionner.
La franchise et l’honnêteté sont devenues des denrées rares au Mandé!
C’est pour cela qu’on peine à croire à l’armée malienne et à Dioncounda quand ils évoquent que le « Mali n’attendra » pas longtemps pour libérer le nord! Parce qu’après 9 mois de péripéties, de contre vérités, de coups bas, d’inactions, de guerres de positionnement et d’ambitions personnelles, de petites querelles de vengeances personnelles, de fausses fiertés, nous faisons plutôt confiance à l’Onu, à la communauté internationale et au droit international pour le dossier du nord de notre pays.
Nous les réitérons cette même confiance pour le rétablissement de notre démocratie, le respect de notre constitution par l’organisation d’élections générales crédibles libres et transparentes au Mali de Diboli à Andarraboukane, et de Zégoua et Tinzawatène. Parce que nous n’avons pas compris qu’après les 3 ans de Kafougouna et de son Ravec inachevé, Moussa Sinko Coulibaly, ne daigne pas, 9 mois plus tard, nous fournir le moindre fichier électoral. Nous ne comprenons pas, qu’au même moment, des armes fraîchement débloquées du port de Conakry, dorment encore à Kati, à mille lieux de Diabali et Sevaré qui constituent notre front du nord.
Non, nous n’avons pas compris pourquoi l’armée malienne a attendu 8 mois après la chute de Gao, Tombouctou et Kidal, pour lancer un programme de recrutement massif de 2000 hommes dans l’armée. Nous voulons savoir quand est ce que le capitaine Sanogo et sa cohorte de soldats encagoulés, pleine de ressources quand il s’agit de faire démissionner un premier ministre « pleins pouvoirs », prendront enfin le chemin du nord, ne serait ce que pour attendre la Misma à Sevaré jusqu’en septembre 2013, et permettre enfin à Diango Cissoko de faire face à la crise économique qui se greffe sur la crise sécuritaire et institutionnelle et que chaque jour que Dieu fait ronge un peu plus le panier de la ménagère au Mali et avec lui son moral.
Aliou Touré
merci touré, malheureusement dioncounda n’est pas l’homme de la situation, avec lui, dans ses mains, le mali ne relevera aucun defit.
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