Le Mali aujourd’hui :Qui en est le Président ?

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Les Maliens ont certes élu et réélu Att comme Président de la République. Mais la réalité du pouvoir se trouve-t-il encore entre ses mains ? En tout cas depuis le début du deuxième quinquennat, la question mérite d’être posée, pour qui sait ce qu’on prête au Premier ministre Modibo Sidibé. Vrai ou faux, allez savoir !

            En effet, lors du premier mandat, Mohamed Ag Hamani et Ousmane Issoufi Maïga ont été on ne peut plus classiques : fidèles aux idéaux et visions du Président, fusibles quand il le faut, malgré les obstacles dressés sur leur route, dit-on dans les sillages du pouvoir, par un Secrétaire Général de la Présidence omniprésent et omnipotent. Ils ont mouillé le maillot et servi loyalement le Président qui présidait encore !

            Dès le début du second mandat, celui que le Président Alpha Oumar Konaré appelait déjà le " Vice Président ", quand il était son Ministre des Affaires Etrangères, a marqué son territoire et imprimé sa marque. En quoi faisant !

            Il a d’abord éliminé un à un tous les compagnons de la première heure d’Att (Lassine, Mahamane, Tangara, Tiébilé, Man Sissoko éjecté de la S.E.), tous, sauf Ahmed Diané Séméga.

            Ensuite il s’empare de la Primature.

            Il fait nommer au Secrétariat Général de la Présidence un homme sans ambition, tout heureux de se retrouver là et qu’il tient.

            Aucune nomination, surtout de DAF et de SEGAL, ne se fait sans son aval (beaucoup de recalés s’en sont rendus compte).

            Il place une personne de confiance au Secrétariat Général du Gouvernement (une protégée de Alpha).

            Il lance l’opération riz avec des passations de marchés douteux et faramineux sans avis de la DGMP avec à la clé un échec relatif masqué par des exonérations à la pelle à l’insu du Président.

            Il s’empare de l’éducation et lance le Forum de l’Education avec la déception qu’il a engendrée, ponctuée par la méga grève de l’enseignement supérieur.

            Il s’agrippe au Ministère de l’Economie et des Finances.

            Il fait main basse sur les Mines.

            Il s’invite ostensiblement à toutes les cérémonies d’inauguration ou de pose de première pierre qui étaient devenues la marque de fabrique de la Présidence Att.

            Le comble, c’est qu’il n’hésite même plus à le contredire, pardon, à le défier. Sinon comment expliquer la farce du lynchage médiatique orchestré ces jours derniers par la Primature pour discréditer le Vérificateur Général à travers son rapport 2009.

            Le Bureau du Vérificateur Général est une institution voulue et soutenue par Att, quand l’Assemblée Nationale a manifesté quelques réticences, il a fait le forcing, l’institution a vu le jour parce que le Président a fini par l’imposer. Qu’on le veuille ou non le BVG est sa chose et son nom y restera en bien ou en mal ! Quand donc le Premier ministre accroche le Vérificateur général, devinez ce qu’il fait !

            Ce lynchage médiatique n’est que l’épilogue de la guerre que le Premier Ministre a déclarée au Vérificateur Général dès lors qu’il n’a pu l’inféoder malgré la présence imposée à ses côtés d’un adjoint, policier de son état et protégé de son homonyme. Cet adjoint qui a été utilisé avec d’autres pour conduire le Vérificateur Général en prison !

            C’est seulement à ce moment que le Président, plutôt l’autre Président Att, s’est réveillé et a harcelé le Ministre de la Justice pour tirer le pauvre Vérificateur des griffes de son Coprésident. On croirait rêver !

            Oui, pour nous, il y a désormais non un Vice Président comme disait Alpha Oumar Konaré, mais plutôt un Coprésident qui applique sa propre politique et protège ses propres intérêts.

            Sinon comment expliquer son long silence, qui dure encore, sur le code de la famille ? L’a-t-on vu ou entendu ? S’est-il mouillé ? Sinon dans le secret du Conseil des Ministres ?

            L’autre Président Att confesse à qui veut l’entendre qu’il s’est retrouvé bien seul face à ce problème ! Avait-il un Premier Ministre, un gouvernement ?

            La cerise sur le gâteau est la maîtrise de l’agenda, notamment en ce qui concerne la composition du gouvernement. Le seul réaménagement depuis 2007 s’est opéré en 2009 à l’initiative du Coprésident pour introduire dans le gouvernement deux de ses protégés, et le prochain remaniement sera conforme à son agenda personnel, disons à son destin personnel. Nous en sommes désormais convaincus, Att a passé la main, il est totalement sous le contrôle de son Premier Ministre qui, sans aucun doute choisira son successeur.

            Pourtant, c’est Att et lui seul que le Peuple malien a choisi en 2002 et en 2007. Il est le co-héro du 26 mars et est devenu une icône pour la jeunesse. Ces sentiments ne sauraient ni être délégués ni légués !

Mamadou DABO

 

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