Le nouveau Premier ministre malien, Boubou Cissé, cherche l’accord de la classe politique malienne pour la formation de son gouvernement. Un exercice délicat qui intervient dans un contexte sécuritaire très dégradé et alors qu’Angela Merkel, la chancelière allemande, est attendue à Bamako.
Le Premier ministre malien, Boubou Cissé, nommé à ce poste le 22 avril 2019, a invité la classe politique à la signature, le jeudi 2 mai 2019, d’un accord en prélude à la formation de son gouvernement, a appris Sputnik de source officielle.
Jusqu’à sa nomination, M. Cissé, 45 ans, était ministre de l’Économie et des Finances dans le gouvernement de son prédécesseur, Soumeylou Boubèye Maïga.
Dans un communiqué diffusé par ses services, il a convié la classe politique à la signature, le jeudi 2 mai 2019 à Bamako, d’un accord avant la composition de la nouvelle équipe de ministres.
M. Cissé «invite l’ensemble des partis politiques et l’ensemble des regroupements de partis politiques à la cérémonie officielle de signature de l’accord politique en vue de la formation d’un gouvernement de mission», précise ce document daté du 1er mai 2019. Il «remercie par ailleurs tous les acteurs politiques qui ont bien voulu le recevoir, échanger avec lui et contribuer à la préparation de l’accord politique».
D’après un membre de son cabinet joint par Sputnik, la composition du nouveau gouvernement sera annoncée «après la signature de l’accord». Il n’a pas fourni de détails. Depuis sa prise de fonction, Boubou Cissé a rencontré des responsables d’institutions, de partis politiques, de syndicats et de la société civile.
Lors de la cérémonie de passation de pouvoirs avec son prédécesseur, le 24 avril 2019 à Bamako, le nouveau Premier ministre avait prévenu qu’il n’était pas un faiseur de miracles, tout en assurant qu’il mettrait tout en œuvre pour exécuter sa mission, dans un pays en proie depuis 2012 à une crise complexe, marquée par des attaques djihadistes récurrentes et meurtrières.
«Je ne suis pas un messie, mais je suis et je serai un serviteur de l’État au service du peuple, à l’écoute de ce peuple-là et toujours animé d’un profond désir qui sera celui de pouvoir répondre aux attentes et aux aspirations du peuple», a-t-il déclaré, selon ses propos rapportés par l’Agence malienne de presse (AMAP, officielle).
Soumeylou Boubèye Maïga, 64 ans, nommé Premier ministre fin décembre 2017, a démissionné avec l’ensemble de son gouvernement le 18 avril 2019. Sa décision a été annoncée quelques heures avant que l’Assemblée nationale ne se prononce sur une motion de censure contre lui, déposée par des députés de l’opposition, mais aussi de la majorité.Avant sa démission, des milliers de personnes avaient manifesté à l’appel de chefs religieux musulmans et d’associations dénonçant les violences meurtrières dans le centre du Mali et réclamant, pour certains, son départ.
Le 23 mars 2019, Ogossagou, un village situé dans la région de Mopti (centre), a été le théâtre d’un massacre qui a choqué les Maliens et ému au-delà des frontières du pays: «Au moins 160 civils» y ont été tués, selon un bilan communiqué par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, le 29 mars 2019 devant le Conseil de sécurité à New York.
Ces dernières années, les affrontements se sont multipliés entre Peuls et Dogons dans le centre du Mali, écumé, comme le nord du pays, par des groupes djihadistes, des milices d’autodéfense et des bandes de criminels, en dépit de la présence de forces maliennes et de la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA, déployée depuis 2013).
«Dans le centre du pays, en particulier, les conditions de sécurité se sont détériorées rapidement. Les groupes terroristes et les milices gagnent du terrain et deviennent plus dynamiques et mobiles. La montée des mouvements extrémistes amplifie d’anciennes tensions intercommunautaires entre groupes ethniques pour l’accès à la terre et à l’eau.
La prolifération des armes légères et de petit calibre et l’acquisition d’armes par des groupes ethniques d’autodéfense ont causé une augmentation de la violence envers les civils», a affirmé Antonio Guterres le 29 mars 2019 à New York. En 2018, «plus de 240 attaques ont été commises contre des civils, des représentants du gouvernement malien et des membres de forces nationales et internationales, alors que ce chiffre était de 183 en 2016», a-t-il ajouté.