Non, les évadés en question ne possédaient aucun pouvoir surnaturel leur permettant de se défaire de toute entrave. Ils détenaient par contre un autre pouvoir plus convaincant : celui de l’argent ! C’est leur complice policier qui atteste. Ce dernier n’est pas le seul coupable.
Le Sergent de Police Boubacar Touré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été clairement identifié comme le complice ayant apporté aide et assistance dans l’évasion des malfrats dont Mohamed Yaré dit Séga et Issiaka Sanogo, dans la nuit du 23 au 24 août 2015 au Commissariat de Police du 13ème Arrondissement. La sanction n’a pas tardé. Le Commissaire des lieux, M. Siriman Tangara a été relevé de ses fonctions et la Direction Générale de la Police s’apprête à y faire un grand nettoyage. A tort ou à raison ? On le saura. Mais d’ores et déjà, la, ou du moins, les véritables responsabilités sont désormais situées. Et tenez-vous bien, elles ne se trouvent pas qu’au seul niveau de la police du 13ème Arrondissement.
C’est en fin de semaine dernière qu’un des évadés répondant au nom de Boubacar Touré a été arrêté dans le même secteur (Commune VI) et par les éléments du même commissariat (13ème). Il était parvenu à voler une moto Jakarta. Et les policiers ont mis leurs compétences en branle afin de mettre le grappin sur lui. Ses aveux ont permis d’en savoir un peu plus sur la spectaculaire évasion du 23 – 24 août.
Le suspect a tout d’abord, clairement identifié le Garde-Violon et Sergent Drissa Soumaoro sans lequel, l’opération n’aurait été possible. Il a apporté aux évadés, des bars de fer en vue de forcer la serrure et un téléphone portable pour leur communication d’autres complices. Aussi, il les démenottés et a même fait un bout de chemin avec eux avant de les laisser continuer, non sans les mettre en garde contre une éventuelle trahison. Et, en contrepartie, les évadés lui ont versé la somme de 530.000 mille francs CFA ; montant on le sait, provenant des différentes casses pour un total de 53 millions de nos francs.
C’est donc l’arrestation de Boubacar Touré qui a permis de booster l’enquête. Le sergent Drissa Soumaoro désormais identifié, a été mis aux arrêts. Tous deux ont été mis à la disposition de la Section d’Investigation Judiciaire de la Gendarmerie. Les recherches se poursuivent pour appréhender Issiaka Sanogo et Mohamed Yaré dit Séga, le véritable cerveau du groupe.
«Dispo-parquet»: un vocable plein sous-entendus
Le fait a été établi: les P.V concernant les suspects ont bien été ficelés et transmis au parquet de la Commune VI. En d’autres termes, ledit commissariat avait bouclé l’affaire. Restait au parquet de déférer les suspects en question. Mais plus de trois fois, le Procureur les renvoya au commissariat avec mention «dispo-parquet», une manière de les maintenir au même lieu quand bien même, leurs sorts relèvent désormais de la seule compétence du parquet. Une disposition règlementaire ? Nous ne saurons l’affirmer. En tout état de cause, au regard de la dangerosité des suspects dont il est question et des défaillances du système de détention au niveau du commissariat, le Parquet pouvait bien les conduire en ce lieu plus sûr qu’est la Maison Centrale d’Arrêt en attendant leur jugement. Cette décision aurait certainement été la plus sage.
Il se trouve malheureusement que derrière le concept «dispo-parquet», se cache un véritable outil de corruption. Tenez : puisque les suspects restent gardés au niveau du commissariat, donc non encore déférés, s’ouvrent alors les pourparlers. Les complices, parents et amis ont désormais la possibilité d’éviter le déferrement en prenant directement langue avec le magistrat concerné. Les négociations peuvent prendre plusieurs semaines durant lequel, les suspects restent enfermés au niveau du commissariat mais n’ayant plus rien à voir avec leurs geôliers du commissariat. Et un jour, sans crier garde, le parquet demande leur transfert. S’en suit un jugement et la condamnation à une peine légère correspondant généralement et presque à la durée de leur détention au commissariat. Le stratagème permet aussi d’éviter les regards de curieux et des structures de contrôle et de défense des Droits de l’Homme au niveau des Maisons d’arrêt.
Il suffit, encore à l’heure actuelle, de faire un détour par les commissariats du District pour se rendre compte du nombre excessif des «dispos-parquets».
Les commissaires désormais en danger
Il a fallu moins de 48 heures pour que tombe la sanction relative au Commissaire Siriman Tangara. Bien entendu, il est administrativement responsable des lieux. Mais comme l’histoire vient de l’attester suite à l’arrestation du sieur Boubacar Touré, les responsabilités peuvent être individuelles à ce niveau. Le Garde-Violon a été tenté par l’appât du gain et a, par conséquent, aider les suspects à s’évader. Ce, nonobstant les sévères mises en garde du Commissaire principal. Et, le sergent Drissa Soumaoro (le G.V), n’a, en aucun moment, cité son Commissaire comme étant un complice. En somme, la sanction infligée à ce dernier peut avoir de graves répercussions et inspirer certains. Et pour cause. Un quelconque détracteur ou adversaire d’un commissaire de police a désormais la possibilité d’avoir la tête de celui-ci en organisant un incident du genre. Fort heureusement pour celui du 13ème puisque le véritable complice a été arrêté. En admettant un tant soit peu, qu’il ne soit pas ainsi, le pauvre Siriman Tangara aurait peut-être passé à la barre.
Aussi, si la hiérarchie était autant prompte à récompenser les mérites qu’à châtier les fautes comme elle vient de le faire, on n’aura certainement rien trouvé à redire. Mais dans les faits, c’est plutôt la médiocrité qui s’avère le plus souvent, par elle, gratifiée.
B.S. Diarra
Et ce sont ses policiers qui doivent assumer la sécurité des citoyens maliens
Bon travail bravo le torce de l.ordre.
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