Quasiment sans répit, de puissants courants de convection traversent, à petit feu, le front social malien depuis plusieurs mois. Dans divers secteurs d’activités tels que l’enseignement scolaire et universitaire, le transport routier, l’administration fiscale, les GIE de nettoyage et d’assainissement, l’administration des collectivités territoriales, des préavis de grèves et des suspensions de mots d’ordre de grève s’empilent sur la table du gouvernement. Toute chose qui risque de compliquer la tâche à IBK, dont la gouvernance a déjà bien des difficultés.
De sources bien informées, certains travailleurs des collectivités territoriales traînent, pour les cas les plus désespérés, 6 mois à 4 ans d’arriérés de salaires. Leurs syndicats réclament et menacent régulièrement d’aller en grève. Les revendications portent essentiellement sur : la prise en charge des salaires et accessoires et des dépenses liées aux mutations des fonctionnaires des collectivités territoriales par l’Etat à travers la mise à disposition des collectivités territoriales d’une dotation budgétaire calculée et arrêtée à cet effet ; l’adoption d’un acte portant création des corps dans la fonction publique des collectivités territoriales ; l’élaboration d’un plan de carrière des fonctionnaires des collectivités territoriales ; la mise des secrétaires généraux des collectivités territoriales à l’abri des changements politiques.
S’y ajoutent les points concernant la création de structures budgétaires au niveau des régions et au niveau national chargées des questions de salaire et autres dépenses occasionnées par les mutations ; l’opérationnalisation des concours professionnels à l’intension des agents contractuels du cadre de l’administration générale des collectivités territoriales.
Des enseignants en colère
Pour leur part, les militants de la Coordination des syndicats de l’enseignement du secondaire (COSES) ont observé deux grèves de 72 heures chacune dès le début de l’année scolaire 2014/2015. La première du 28 au 30 octobre et la seconde du 10 au 12 décembre. Depuis, les enseignants insatisfaits projettent de mettre en péril la tenue des examens. Récemment encore, les enseignants syndiqués au sein de la COSES fulminaient leur mécontentement menaçant de se faire entendre en portant un coup de semonce à l’école malienne qui souffre déjà le martyr depuis plusieurs années.
Rappelons que l’UNTM avait été aussi assez teigneuse à propos de l’augmentation du taux des allocations familiales, la modernisation et la sécurisation de l’administration générale en moyens logistiques, techniques, humains et financiers. Doléances auxquelles s’ajoutaient des revendications relatives à la relecture rapide de la convention des chauffeurs routiers, la révision à la hausse du salaire au niveau des établissements publics administratifs (EPA) et des établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC) ; la baisse des loyers des maisons à usage d’habitation, la baisse des tarifs d’eau et d’électricité conformément à l’accord signé en juillet 2007.
Des doléances en stand by
Les responsables de l’UNTM ont réclamé aussi le maintien et le renforcement de l’usine malienne des produits pharmaceutiques (UMPP), la maîtrise des prix des produits de première nécessité; la restitution et la protection des parcelles d’expérimentation de l’IER; la régulation du fonctionnement des bureaux de placement en les mettant en conformité avec les textes en vigueur.
A cela s’ajoutent des doléances portant sur la relecture de tous les contrats miniers, la ratification des conventions 102, 122, 88, 142, 181 et 155 ; et la participation des travailleurs du secteur privé dans les conseils d’administration. Un semblant de terrain d’entente avait été trouvé mais la mise en œuvre de l’accord intervenu entre la centrale syndicale et le gouvernement n’est pas, au jour d’aujourd’hui, effective par rapport aux différents points de revendications.
Ce qui fait que certains syndicats membres de la centrale ne cachent plus leurs insatisfactions. Mais, pour un minimum de patriotisme et compte tenu de la situation économique peu enviable du pays, les leaders syndicaux gardent profil bas.
Comme on le voit, d’abondants amoncellements de nuages parsèment le ciel social de la gouvernance IBK. Le gouvernement doit donc agir vite pour désamorcer ces différentes zones de turbulences sociales afin de garder des chances de redonner espoir aux travailleurs.
Bruno D SEGBEDJI