Le front social est en ébullition. Travailleurs, étudiants, enseignants, médecins, diplômés sans emploi… tous réclament une amélioration de leurs conditions de vie ou de travail. A moins d’un an de la fin de son second et dernier mandat à la tête de notre pays, le président de la République a du souci à se faire. Après avoir remanié le gouvernement, il a entrepris des changements au sein des « prédateurs économiques » : les DAF. Mais cela ne semble pas suffire.
Au niveau de l’école, c’est presque la paralysie. La grève illimitée des gens -saignants du supérieur met à mal le système éducatif. Une situation qui a fini par pousser les étudiants à battre le pavé. Le 22 avril dernier, un groupe d’étudiants de la Faculté des Sciences et Techniques (FAST) dénommé « Collectif des étudiants consciencieux » effectuait une marche de protestation contre la grève illimitée des enseignants. Réclamant leur « droit à l’éducation », ils avaient remis à l’Attaché de Cabinet du Département de l’Enseignement Supérieur, M Abou- Bakar SIBY, un cahier de doléances, destiné au ministre de l’Enseignement Supérieur, Mme SIBY Ginette BELLEGARDE.
Une semaine auparavant, le département de tutelle initiait une conférence-débat sur l’école. Thème : «Les enjeux et les perspectives de l’enseignement supérieur au Mali ». Si les participants à cette conférence, ont, unanimement, reconnu que l’école malienne est malade voire agonisante, chacun a pu mesurer la difficulté à trouver des solutions aux problèmes posés. Cependant, pour la ministre de l’Enseignement Supérieur, la « solution viendra de la conjugaison des efforts de tous ».
Pour les étudiants, trop, c’est « troc ». Vendredi dernier, ils ont marché sur la Primature pour protester contre l’arrêt des cours par les « gens- saignants ». Pour Lassine Sidibé, membre de l’AEEM, les cours doivent reprendre : « Il faut que l’Etat trouve rapidement une solution pour que les cours reprennent. Nous sommes l’avenir de ce pays. On ne doit pas jouer avec notre formation », nous déclare-t-il.
Un cahier de doléances, dont l’essentiel porte sur la reprise des cours et l’amélioration des conditions de travail des étudiants, a été remis au Premier ministre. Mais, pour les protestataires, si dans les jours à venir, rien n’est fait dans ce sens, ils descendront, de nouveau, dans la rue. Et cette fois-ci, avec des intentions plus claires, disent-ils.
« ATT, tu as 7 jours pour quitter le pouvoir »
C’est, du moins, c’est ce qu’on peut lire sur les affiches faites à travers la capitale, par le Mouvement des Diplômés sans Emplois du Mali (MODEM). Des illuminés ? Pas du tout, rétorque Ibrahima Mahamane, Secrétaire général du MODEM. « On est très au sérieux. Et vous aurez l’occasion de le constater », rétorque-t-il. Avec un air rassuré.
A la question : pourquoi le MODEM donne 7 jours (ce délai a commencé le vendredi 29 avril dernier) à ATT pour qu’il quitte le pouvoir, il se redresse du haut de ses 1m 90, observe une profonde inspiration, comme s’il cherchait ses mots, puis lâche : « Il y a trop de discrimination dans la recherche de l’emploi. Nous les jeunes, avons perdu l’espoir de trouver un emploi décent. Soit ATT entend notre cri de détresse et décide d’agir pour nous aider, soit il quitte le pouvoir ».
Et que se passera-t-il après expiration de cet ultimatum ? « Si nous ne constatons pas de changement, nous allons adresser des correspondances aux représentants de la société civile pour solliciter leur soutien. Puis, nous marcherons sur Koulouba », répond le secrétaire général du MODEM.
Autres motifs de mécontentement : les diplômés en douane, regroupés au sein d’association dénommée Association des Jeunes Diplômés en Douane du Mali (AJDDM), viennent de manifester leur mécontentement, à travers une marche pacifique. Qui s’est terminée devant le ministère de l’Economie et des Finances. C’était le 19 avril dernier. Les jeunes de l’AJDDM ont, comme ceux du MODEM, lancé un ultimement au pouvoir : « Si vous ne nous prenez pas au sérieux, nous projetons une marche violente avec barricades ».
Aimé