Le DTN, le sélectionneur et les joueurs

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A l’ordre de la semaine, un seul sujet : le remaniement ministériel, ou, plus exactement, la mise à l’écart de Modibo Sidibé et de ses amis.

Le sélectionneur national, Amadou Toumani Touré, ATT, pour le fan’s club, a procédé à la constitution de son équipe. Avec l’avis et l’aval de son DTN (directeur technique national) et non moins prédécesseur, Alpha Oumar Konaré, Mariam Kaïdama Sidibé a été « élue » capitaine. Cette équipe se veut le fruit d’un mixage dosé de professionnels jouant à l’étranger (Habib Ouane, Modibo Ibrahim Touré), de vétérans (Kafougouna Koné, Hamed Diane Séméga) et de locaux (tous les autres). Les uns et les autres ont longtemps usé leur fond de culotte sur le banc de touche.

Comme toute équipe, celle-ci se compose de défenseurs (le PDES et les membres de l’APD), les stoppeurs étant les généraux, de milieux de terrain (technocrates et société civile), et les attaquants (l’opposition) qui doivent marquer, dans le camp adverse pour justifier de leur bonne foi, contre leur camp pour accomplir leur mission de sabotage.

Comme dans toute équipe, même chez les « galactiques », il y a des bons, des moins bons, des mauvais, des discrets. La presse, à travers plusieurs articles, pas tous uniformes, s’est essayée à une classification sur la base d’analyses et de constats. A l’issue de laquelle on peut tirer les tendances générales. Ainsi, parmi les bons, il y a, incontestablement et avant tout le monde, Hamed Diane Séméga, ministre de l’équipement et des transports, reconduit à son poste. Bien entendu, l’histoire de millions de francs dépensés en thé et café est encore présente dans les esprits, mais personne ne peut nier le formidable travail abattu par cet infatigable technicien, sans doute seul chef d’un véritable parti politique qui ne se laisse pas distraire par une élection présidentielle. On dit, du reste, qu’il n’a aucune ambition pour Koulouba, le seul devoir qu’il s’est imposé étant de participer pleinement à la réalisation du programme présidentiel. Bon, Mohamed El Moctar, ex-ministre de la culture qui hérite de l’artisanat et du tourisme, l’est également, lui qui s’est tenu assez loin des discussions politiciennes et s’est toujours personnellement impliqué à mettre en œuvre sa feuille de route pour le rayonnement de la culture malienne.

Pour raisons diverses, manques de discernement ou d’aplomb, inadéquation de la réponse avec la question, complexité du problème, méconnaissance des dossiers, manque de temps, calendriers inappropriés, certains ministres se sont montrés moins bons. Il s’agit de Kafougouna Koné, administration territoriale et collectivités locales :(fichier électoral, organisation des élections, processus de décentralisation,…) ; de Sadio Gassama, Sécurité intérieure et protection civile (insécurité résiduelle ou chronique, bavures policières, exactions diverses des agents de la sécurité, …) ; Madeleine Bah, Elevage et pêche, et Abou Sow, Office du Niger (application inadéquate de la Loi d’orientation agricole, conflits entre paysans et direction autour de la gestion de l’office du Niger,…) ; Salikou Sanogo et Ginette Bellegarde, en charge des enseignements (enlisement de la crise scolaire et estudiantine, fronde des syndicats d’enseignants) ; Maharafa Traoré, Justice (pas d’avancée dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière, justice à double vitesse, affaires troubles,…).

Les mauvais seraient : Tiémoko Sangaré, Agriculture puis environnement et assainissement (flop mémorable de l’initiative riz, couacs dans la gestion de la CMDT et de plusieurs projets et programmes de développement agricole) ; Lassine Bouaré, Budget (gestion cahoteuse et opaque du budget qui souffrirait de plusieurs milliards de manque à gagner, dépenses non nécessaires, investissements hasardeux,…) ; Hamane Niang, Jeunesse et sports (mauvais résultats des clubs et de l’équipe nationale, mauvaise gestion du football, …) ; Badara Aliou Macalou, Maliens de l’extérieur (non respect des droits des expatriés maliens, expulsions multiples, brimades et spoliations répétées,…) ; et, enfin, Abdoul Wahab Berthé, Travail, fonction publique, réforme de l’Etat (méconnaissance de la gestion du personnel de l’Etat, non appropriation du rôle de la fonction publique par un privé, pratiques peu orthodoxes, non modernisation de l’outil de travail de certaines directions, …).

A côté de ces « joueurs », d’autres évoluent sur le terrain sans qu’on sache réellement à quoi ils jouent ni à quoi ils servent : Natié Pléa, Forces armées et anciens combattants ; Aghatam Ag Alhassane, Agriculture.

Mais tous ces hommes et femmes, les bons, les moins bons, et les mauvais, ont un point commun : ils sont les hommes, les pions du sélectionneur national. Donc, tout le monde est obligé de les subir.
Cheick Tandina

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