Préparé soigneusement par la Délégation générale aux élections (DGE) le document a été présenté par le Ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales, le Général Kafougouna Koné, sous forme de communication verbale. Une précaution pour qu’il n’apparaisse pas dans le fameux " communiqué du Conseil des ministres " et n’émeuve l’opinion sur les difficultés, réelles, qui vont émailler les échéances électorales attendues en 2012.
Contenu de cette précieuse communication verbale lue par le placide Kafougouna Koné : le gouvernement doit trouver au plus vite 7 milliards de nos francs pour s’assurer que les élections de 2012, attendues avec empressement bien des partis politiques et devant marquer un tournant dans l’évolution démocratique de notre pays, puissent se dérouler sur la base d’un fichier électoral biométrique tiré du RAVEC (Recensement administratif à vocation d’état civil) que toute la classe politique appelle de ses vœux, car offrant plus de garantie contre les manipulations. Et donc gage de scrutins moins contestés.
L’idéal, nous renseigne une source proche du dossier, est que cet argent soit disponible au plus tard en juin prochain. A défaut, la moitié, soit 3 milliards et demi, devrait être en place pour lancer les appels d’offres, procéder au dépouillement, acquérir le matériel informatique et assurer sa mise en place. Passé ce délai, les choses pourraient se compliquer. Il pourrait y avoir chevauchement avec la phase ultérieure comprenant la confection des bulletins de vote et des cartes d’électeurs qui devraient être infalsifiables, l’impression des listes électorales et leur répartition par bureau de vote, la mise en place et l’acheminement de l’ensemble des matériels et documents électoraux dans les différentes circonscriptions électorales.
Quand on considère que le premier scrutin-la présidentielle-devrait avoir lieu entre les 28 et 29 avril 2012, on dispose de moins de douze mois pour abattre tout ce travail. Ce n’est pas excessif. C’est même trop juste.
Moralité : ATT, malgré la dureté des temps, doit se débrouiller pour rassembler ces 7 milliards de FCFA. Autrement, ça pourrait être la catastrophe.
Notre source rappelle que c’est une chance pour le Mali de pouvoir disposer d’un fichier électoral biométrique pour la modique somme de 7 milliards de FCFA. Dans l’interview qu’il nous a accordée la semaine dernière (L’Indépendant N°2748 du vendredi 29 avril 2011), le Général Siaka Sangaré, patron de la DGE et l’un des meilleurs experts en élections en Afrique, affirmait que le Sénégal a eu son fichier biométrique à 24 milliards de FCFA, le Bénin plus de 40 milliards de FCFA, le Côte d’Ivoire plus de 70 milliards de FCFA. Le fichier malien reviendra moins cher parce que s’appuyant sur le RAVEC qui est un acquis et dont l’équivalent n’existait pas chez les autres. Mais le Général Sangaré prévenait : "Il y a des contraintes énormes de délai et partout où la biométrique a été introduite, le délai initial des élections n’a pas été respecté". ATT ne pourra donc pas dire qu’il n’a pas été averti.
L’ensemble du processus électoral devrait coûter, nous dit-on, dans les 20 milliards de FCFA. En Côte d’Ivoire, la seule présidentielle qui a conduit le pays à un chaos sanglant et dévastateur a coûté 300 milliards de FCFA.
Saouti Labass HAIDARA