Le speech du professeur Dioncounda Traoré lors de la cérémonie d’investiture du candidat du PASJ ne manquait de relents et… de début de réponses à de nombreuses interrogations.
Que l’orateur rende hommage à son camarade Alpha Oumar Konaré et au président sortant Amadou Toumani Touré n’a rien de surprenant. C’est le contraire qui aurait plutôt détonné. Rappeler leurs bilans respectifs n’a, non plus, rien de contrastant pour avoir soutenu le second pendant la décennie.
Mais prononcé dans un contexte pré-électoral et où tous les autres candidats ou présumés l’être optent plutôt pour la rupture, cela suscite réflexion.
«Qu’il sache que l’Adema est fière de son bilan. Et que combien il est difficile de faire mieux que lui… Futur président du Mali n’a pas d’autre choix que de faire autant pour gouverner ».
C’est en substance ce qu’a dit le professeur Dionconda Traoré faisant allusion au président sortant. En clair, l’Adema PASJ se reconnait au bilan d’ATT qu’il estime par ailleurs positif. Mieux, une fois au pouvoir, le candidat du parti s’engage, tant bien que mal, à faire comme lui. En somme, il prône la continuité et s’oppose à la rupture tant clamée par les autres prétendants.
Voilà un discours qui n’est pas de nature à déplaire ceux du PDES dont le premier souci reste la survie politique après Amadou Toumani Touré. A cela, s’ajoute, bien entendu, leur souhait de voir élire un président de la République très coopératif, voire conciliateur.
Bref, le discours de Dioncounda Traoré a de quoi rassurer le PDES et surtout susciter, non une certaine sympathie, mais une sympathie certaine. Et pourquoi pas des adhésions à la cause de l’Adema et de son candidat ?
Bien entendu, cette main tendue du professeur de mathématiques ne manque pas calculs politiciens. On le sait désormais : le chat ne se frotte à son maître dans le seul but de procurer une sensation de douceur à ce dernier. Mais surtout et d’abord à lui-même.
En somme, le désormais candidat de l’ADEMA entend ratisser large dans les rangs du PDES. Et il s’en offre les moyens dès à présent. Est-il besoin que le parti des Amis d’ATT fait en ce moment objet de grandes convoitises sur l’échiquier politique national ?
Aussi, conscient qu’une transition de pouvoir surtout dans les démocraties encore naissantes exige quelques concessions, et surtout que le poids du président sortant reste prépondérant, alors, une petite cours à la maîtresse s’avère le point de passage obligé vers le sacre.
En clair, le Mathématicien vient de marquer un sacré point avec son discours sur la continuité, synonyme pour nombre de partisans des deux camps (Adema et PDES), de stabilité. Il existe, bien entendu, un revers de médaille : le professeur peut être sûr de s’être fait de redoutables adversaires pour n’avoir choisi la rupture. Ce sont les risques du métier !
B.S. Diarra