Le directoire de campagne du candidat Soumaïla Cissé a produit un livre blanc intitulé « Dictature de la Fraude ». Ce document d’une dizaine de pages met à la disposition de la communauté nationale et internationale de la matière bien crue sur les nombreuses irrégularités qui ont émaillé l’élection présidentielle de cette année.
La gouvernance demande une certaine qualité, notamment la culture du partage, de la patience, de l’endurance, du courage, du dévouement, de la compréhension, etc. Toutes ces qualités se retrouvent en la personne de Soumaïla Cissé. C’est la raison pour laquelle il ne se lasse jamais de dénoncer les atrocités commises contre la démocratie. Dans cette optique dénonciatrice, son directoire de campagne produit un livre blanc dans lequel il fait état des nombreuses irrégularités à l’occasion des deux tours de la présidentielle de 2018.
Il est possible de lire dans ce livre blanc que cette élection qui retient comme vainqueur le président sortant a été une élection qui fait histoire dans les démocraties du monde de par les indigestions qui ont jalonné tout son déroulement. À ce titre, aucune légitimité ne pourra être accordée à un pouvoir issu de ces fraudes massives, lit-on dans ledit document. « […] Dans toute démocratie, c’est d’une élection honnête, crédible et transparente que le pouvoir politique tire sa légitimité », lit-on dans ce livre.
Ce document de onze pages s’ouvre par un rappel des circonstances dans lesquelles l’élection de 2013 a été organisée dans une insécurité patente, sous l’autorité incontestée de la junte militaire et remportée dans la fraude par le président IBK. Vu la situation délétère du pays à cette période, l’opposition n’a pas voulu tirer la ficelle en réclamant sa victoire. Mais chose regrettable, déplore le directoire dans ce livre, c’est que les mesures mises en œuvre afin d’éviter des fraudes massives depuis cette année, en ce qui concerne la désignation des assesseurs par chaque parti pour le représenter dans les bureaux de vote, a connu des violations énormes au cours de l’élection présidentielle de cette année. L’opposition s’est vue privée d’assesseurs dans 8 750 bureaux de vote. Chose qui laisse libre cours à la fraude, au bourrage d’urnes.
La question de la découverte des fichiers parallèles à la veille du premier tour par ce dynamique directoire de campagne est largement évoquée dans ce document dans lequel il est rappelé qu’au lieu de 8 00 462 inscrits, le fichier mis en ligne faisait état de 8 105 654 inscrits. À les en croire, dans leur analyse, cela faisait ressortir un potentiel de fraude de plus d’un million deux cent mille voix. Outre cela, le marché des procurations a été assez florissant. Si son nombre doit se limiter à 2%, il est regrettable de lire dans ce livre blanc que le taux de procuration à l’occasion de cette élection s’est élevé jusqu’à 11,46%. Toutes ces pratiques frauduleuses se font à l’avantage du candidat Ibrahim Boubacar Keita. « Nous considérons que le nombre et l’usage presque exclusif des procurations, faites au profit du candidat du pouvoir, constituent des motifs suffisants de rejet du résultat des urnes », lit-on dans ce livre.
Un autre aspect particulier de cette élection aussi décriée de toute l’histoire du Mali est l’utilisation anarchique des moyens de l’État pour des fins de campagne au bénéfice du président sortant, candidat à sa propre succession. Tout le gouvernement y compris le chef du gouvernement a battu campagne pour lui. Chose contraire à leur statut. C’est dans cette mesure que nous retrouvons dans ce petit document : « Jamais dans une élection au Mali, les services de l’État n’ont été autant sollicités et utilisés que lors de cette campagne électorale. » Le principe de l’égal accès aux médias par les candidats, écrit le directoire, n’a pas été respecté lors de ces scrutins. Pire, le candidat de l’opposition a subi une violation grave contre sa liberté d’expression à travers l’attaque ciblée contre sa cellule de communication, Smart Média, dont des membres ont été kidnappés et torturés avant d’être libérés.
Ce petit livre blanc s’achève par une analyse claire et nette de ce que le directoire a dénommé des « invraisemblances ». Elles sont au nombre de dix irrégularités constatées au cours de ce processus de vote. Ces invraisemblances vont du tableau des chiffres globaux aux incohérences sur le nombre de cartes reçues en rapport avec le nombre d’inscrits sur les listes électorales, en passant par les 613 bureaux où il n’y a pas eu de vote, à l’analyse du temps de vote par bureau, au taux de participation compris entre 80 et 100%, aux 2 649 bureaux de vote où Soumaïla Cissé a entre 0 et 5, aux 570 bureaux de vote où IBK a 100%, aux 31% des bureaux qui votent plus de 80% pour un Candidat, au taux anormalement bas dans le fief de Soumaïla Cissé, à la corrélation entre le taux de participation et le pourcentage reçu par IBK.
À travers ce petit livre, nous comprenons que toutes ces invraisemblances sont allées à l’avantage du président IBK qui a compilé toutes ses voix dans les zones en crise ainsi que dans les fiefs électoraux de son adversaire.
Fousseni TOGOLA