L’Adéma est un parti essentiel, incontournable de l’échiquier politique depuis la révolution du 26 mars 1991 et les premières élections pluralistes de l’ère démocratique qui l’ont vu accéder à la magistrature suprême avec Alpha Oumar Konaré. Mais à des périodes essentielles ou cruciales, il est incapable de prendre toutes ses responsabilités, préférant les compromissions. Comme dernièrement quand il a préféré se ranger officiellement, avec arme et bagages, dans le camp du président Ibrahim Boubacar Keita, sans condition.
Ce qui domine ce parti sujet aux batailles de clans, c’est l’esprit de conservation, un réalisme et un opportunisme à outrance qui lui permettent de surmonter toutes les épreuves, de vaincre l’adversité en tirant le meilleur parti de toutes les situations. Ce qu’il craint par-dessus tout, c’est l’opposition. Elle a constitué dans son itinéraire extraordinaire une hantise perpétuelle, depuis l’avènement du général ATT en 2002 dont il a conforté le régime en étant un pion essentiel de son consensus démocratique. Les abeilles laissent derrière elles, sans remord, un FDR dans la tourmente plus affaibli que jamais, qui ne peut plus compter pour viatique principal que sur Soumaïla Cissé, un homme intelligent, à la volonté de fer, un politicien digne de ce nom, pour porter la réplique à IBK et à son régime, en portant haut le drapeau de la démocratie malienne.
Rien ne doit donc plus étonner de l’Adéma, cette machine électorale redoutable qui, tel le Sphinx, a l’art de toujours renaître de ses cendres. Il est à la quête, comme nous l’avons prédit, d’un nouveau bail avec Ibrahim Boubacar Keita, son ancien président avec qui il a cheminé un temps mémorable. Il incarne le nouveau consensus politique, un chemin que le président Ibrahim Boubacar Keita, plébiscité pour le changement, doit regarder à deux fois avant d’y consentir. A l’Alliance pour la Démocratie, l’Adéma Pasj, il manque et manquera toujours l’expérience éprouvante, mais ô combien profitable et glorieuse de l’Opposition politique. Tous les démocrates s’étaient pris à rêver, après la présidentielle, d’une opposition forte qu’animeraient les têtes de proue de l’Adéma et de l’URD à l’assemblée nationale. On pensait tout naturellement à Soumaïla Cissé comme tête de file. Cette opposition significative aurait bénéficié certainement sous son leadership éclairé du statut officiel auquel elle a droit. Cette espérance de nouvelles mutations dans le jeu démocratique sous l’égide d’une opposition forte et dynamique vient d’être laminée par l’Adéma une fois de plus, après son crime précédent contre la démocratie perpétrée en 2007, où elle a préféré suivre un candidat indépendant, Amadou Toumani Touré, au lieu de désigner le sien propre à la présidentielle de cette année-là. On connait tous les soubresauts et les fractures que cette démission des dirigeants a engendrés dans la Ruche, comme ce fut le cas en 2002, où son candidat officiel, Soumaïla Cissé, fut honteusement trahi par les siens au profit du même ATT.
Ce que l’Adéma recherche en se rapprochant d’IBK ce sont des maroquins et des strapontins. Le fameux gâteau à partager n’est pas loin. C’est un mal qui ronge la crédibilité de la classe politique malienne et qui falsifie l’image respectable de notre démocratie, née aux forceps, dans le sillon glorieux des martyrs tombés pour une cause éminemment juste pendant la Révolution du 26 mars 1991. Face à cette fuite de responsabilité à une période aussi cruciale, il ne reste plus que Soumaïla Cissé et son URD auxquels ne s’ajouteront, malheureusement, que des partis en perte de vitesse, ou des lilliputiens sans audience nationale, pour être les contradicteurs d’une hégémonie grosse de dangers du RPM et de la Mouvance présidentielle ayant en mains l’Exécutif et le parlement. Sont en jeu notre démocratie, sa vitalité et sa pérennité.
Oumar Coulibaly
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