Le centre malien du dialogue interpartis et de la démocratie (CMDID) parraine depuis des semaines l’organisation des débats sur les antennes nationales pour des échanges fructueux entre les différents acteurs de la crise politique et sécuritaire que traverse le Mali. Ainsi ” Débats de cité ” du dimanche dernier sur l’ORTM a porté sur le désintérêt des populations à l’endroit de la chose politique. Autour des confrères Nianza Coulibaly, Abass Fambougoury Traoré et Adam Thiam, les politiques Nouhoum Kéita et Dr Madou Diallo se sont défendus vaille que vaille face aux accusations des acteurs de la société civile comme Mme Traoré Oumou Touré de la CAFO et Me Mamadou Ismaël Konaté.
Le processus démocratique malien a-t-il du plomb dans l’aile ? La question mérite d’être posée, tant il est loisible de noter le désenchantement des populations vis-à-vis du discours politique. Ce qui s’est fait fortement ressentir sur une chute vertigineuse des taux de participation aux différentes élections.
Le sentiment de désintérêt des potentiels électeurs par rapport aux activités politiques s’est exacerbé avec le coup d’Etat du 22 mars 2012. En effet, à partir de ce changement, plusieurs militants ont exprimé leur déception par rapport à ce qu’ils ont appelé “ la faillite de la classe politique “. C’est donc sur ce décor qu’a porté le débat du dimanche dernier sur l’ORTM.
Dans son intervention sur le plateau, Dr Madou Diallo, au nom de l’URD, a expliqué la situation par un “problème de formation à la base “. Les partis politiques n’ont pas bien joué leur rôle de sensibilisation et de formation des militants. Le président des jeunes de l’URD a aussi mis l’accent sur la démagogie de certains hommes politiques qui ne cessent de faire des promesses qu’ils ne peuvent tenir. Dr Diallo a cité des exemples de candidats à la députation qui promettent qu’ils vont construire des routes, des ponts et des écoles à des populations. Tout le monde sait que ce n’est pas dans les attributions des députés de pouvoir faire ces réalisations. Conséquences : de grandes déceptions pour les populations qui finissent par considérer tous les hommes politiques comme des menteurs, des démagogues. Le représentant de l’URD a également a souligné le nombre pléthorique des partis politiques qui est un facteur de discrédit de la sphère politique aux yeux des potentiels électeurs.
Pour Nouhoum Kéita du parti SADI, les populations ont simplement été déçues de l’enrichissement rapide des acteurs politiques arrivés aux affaires après la révolution de mars 1991. Pour lui, “les nouveaux riches, qui ont rapidement créé des sociétés dans lesquelles ils sont actionnaires majoritaires, avec le lot de corruption dans les passations frauduleuses des marchés publics ” ont trahi les Maliens. Cela constitue, à ses yeux, une des causes du désenchantement des populations.
Mme Traoré Oumou Touré et Me Mamadou Ismaël Konaté ont, pour leur part, pointé du doigt l’échec cuisant des politiques qui ont privilégié le combat pour la conquête du pouvoir, finissant par phagocyter la société civile. Celle-ci a été trop vite attirée par le pouvoir. Les questions de citoyenneté ayant été classées au second rang de l’activité politique.
Le débat s’est poursuivi avec des accusations des représentants de la société civile qui semblaient dire que ce sont les partis qui ont été défaillants dans leur rôle. Ces derniers ont aussi voulu démontrer que les syndicats, les associations, les médias ont été trop complaisants à l’égard des milieux politiques. Le jeu d’équilibre qu’impose la démocratie a ainsi été déficitaire. Ce qui a donné lieu à toutes les dérives.
Il faut, en définitive, saluer cette renaissance des débats sur des questions d’actualité sous la dynamique impulsion du Centre malien pour le dialogue interpartis et la démocratie (CMDID), dont le Directeur exécutif ne cesse d’être au four et au moulin pour la résolution de la crise que traverse actuellement le Mali à travers le dialogue entre acteurs politiques.
Bruno D SEGBEDJI