Le choix de l’humiliation

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Après avoir été conspué et traité de tous les noms à New-York, Washington et Paris par la diaspora malienne, le président Ibrahim Boubacar Keïta a été copieusement hué par des groupes de jeunes, le mardi 02 octobre 2018, à son retour à Bamako. Une humiliation de plus, diront certains.

En vérité, le chef de l’Etat pouvait se passer de ce spectacle affligeant si des thuriféraires de son régime n’avaient pas pris la malencontreuse initiative de vouloir organiser, à coup de millions de francs CFA, un « accueil populaire » dont la seule motivation pour eux était de  laver l’affront subit aux Etats-Unis et en France.

Manque de pot pour IBK et sa cour ! Les bamakois ont tout simplement boudé cette comédie orchestrée par des gens qui ne servent nullement Ibrahim Boubacar Keïta. A défaut du bain de foule qu’il affectionne, IBK s’est contenté de la prestation du comité des supporteurs des Aigles du Mali qui assurait un semblant d’animation à l’aéroport de Sénou. Pour le reste, le parcourt de Sénou à Sébénicoro aura été un véritable calvaire pour un homme qui drainait des foules avant son premier quinquennat…

Malgré les billets de 1000 F CFA distribués à des jeunes, les organisateurs de cette grande farce de l’année avaient toutes les peines du monde à convaincre les Bamakois d’y participer. Finalement, il a fallu faire recours à la stratégie de l’autruche : se voiler la face. Ainsi, des groupuscules de partisans ont été positionnés à l’aéroport et à l’entrée du quartier Sébénicoro afin de se mentir à soi-même et de donner l’impression d’une forte mobilisation. Mais la triste réalité était implacable : là où le président IBK s’attendait à voir des foules, il n’y avait que des écoliers mêlés à des groupuscules de badauds…

Plus grave là où IBK s’attendait à des ovations d’une foule en liesse, il a eu droit, par endroit, à des hués et des slogans hostiles de la part de jeunes bamakois qui avaient décidé de gâcher la fête. En effet, plusieurs manifestants s’étaient massés sur la route de l’aéroport pour crier : « IBK, dégage ! ». Dans un excès de zèle à empêcher cette manifestation hostile, la police sans ménagement a fait usage de gaz lacrymogène. Cette brutalité policière n’a pas épargné des enfants, des écoliers qu’on avait fait sortir pour réserver un accueil chaleureux à BOUA.

Voilà l’image du Mali d’aujourd’hui, où on ment au prince du jour et on gaze des enfants dans le seul but de faire plaisir à un Président de la République en manque de popularité et qui n’a jamais été en phase avec les réalités quotidiennes de ses populations, dont la majorité souffre le martyr.

L’image du jour : un président de la République (le pauvre !) totalement en rupture avec son peuple, qui se dressait dans une voiture décapotable et qui n’avait d’autre choix que de se rendre à l’évidence : la grande mobilisation  promise n’était que mirage. Au-delà, IBK, ce mardi après-midi, a sans doute fait l’amer constat que le peuple malien, dans sa grande frange lui a résolument tourné le dos, à l’intérieur et extérieur du Mali. L’on est loin, des 77% des suffrages exprimés en sa faveur, au sortir de la présidentielle de 2013. Triste réalité !

S Diarra    

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