Le Cadre d’échange des partis politiques pour une transition réussie : «Le Malikura se résume à la propagande et au populisme»

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Face à la gravité de la situation et à l’escalade permanente, quasi-quotidienne adoptée par le Gouvernement actuel comme mode de gestion, face à la violation des engagements pris par les autorités de la Transition, le Cadre d’Echange des Partis Politiques et Regroupements de Partis Politiques pour une Transition Réussie demande la mise en place d’un nouveau gouvernement neutre avec un chronogramme clair et précis. Tels étaient les propos des membres du cadre au cours d’une conférence de presse organisée le samedi 19 mars 2022 au Centre Djoliba.

Dans la déclaration liminaire lue par le porte-parole du cadre, Amadou Koïta, on note que la Charte de la Transition adoptée le 12 septembre 2020, s’achève le 25 mars prochain. Selon lui, « sur cette base, il a été convenu de façon consensuelle entre les forces vives de la nation que le premier tour de l’élection présidentielle se tienne le 27 février 2022 ». Depuis le deuxième coup d’État du 24 mai 2021 et la mise en place de l’actuel gouvernement, a-t-il regretté, l’ensemble du peuple a constaté une violation systématique des engagements pris. « Sous la conduite de ce gouvernement, aucune action concrète n’a été entreprise dans le sens de l’organisation des élections pour un retour à l’ordre constitutionnel. Une raison évidente de la rupture de confiance du peuple et des partenaires du Mali. Les mises en garde répétées du Cadre d’échange qui tenait le Gouvernement du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga pour responsable de tout glissement éventuel sur l’agenda convenu sont restées vaines. Les autorités de la Transition ont travaillé plutôt à mettre toutes les parties prenantes devant le fait accompli d’une prolongation sans aucune discussion préalable ».

En lieu et place de franches discussions avec les forces politiques et sociales du pays sur la prolongation, le Cadre souligne que le pouvoir a privilégié les menaces, les intimidations, les bras de fer, le mépris et les affrontements avec tous ceux qui ont une voix proposante ou discordante. Le cadre déplore les sanctions imposées au Mali mais estime que « les autorités de la Transition sont les seules responsables par une volonté manifeste de confiscation et de se maintenir au pouvoir en entretenant un flou artistique sur les délais assortis d’une gestion opaque et discriminatoire. En vue de trouver un accord sur un chronogramme acceptable, pour une levée graduelle des sanctions qui frappent notre pays, la CEDEAO a dépêché une mission conduite par le Médiateur Goodluck Ebele Jonathan, le 24 février 2022. Cette mission était censée annoncer la fumée blanche, mais la logique de confiscation du pouvoir a pris le dessus, la levée des sanctions qui aurait surement soulagé la souffrance du peuple n’est pas prononcée. Aujourd’hui, le Mali vit dans le clivage à cause de l’invective permanente contre la grande majorité de la classe politique. Le Gouvernement, dans sa gestion hasardeuse, a mis la CEDEAO sur le dos en entrainant un embargo contre le Mali. Plus de deux mois après, le même Gouvernement, avec l’aval du Président de la Transition persiste à maintenir les sanctions contre notre pays sans faire une proposition pour abréger la souffrance. Cela est en train de provoquer la faillite de nombreuses entreprises, poumons économiques de notre pays. Des milliers de camions sont massés à nos frontières sans que le Gouvernement en fasse une priorité.  Des pans entiers de l’activité économique du pays sont aux arrêts, faute de matières premières. Les prix ont grimpé. Surtout ceux du carburant, cela va amplifier la détérioration des pouvoirs d’achat de nos populations. Ce qui, de jour en jour, est en train d’engendrer une crise économique qui par conséquent, entrainera une crise sociale ».

De l’avis du Cadre, « l’administration publique est paralysée faute de moyen budgétaire suffisant pendant que les autorités s’apprêtent à augmenter le nombre des membres du CNT et de l’équipe gouvernementale ».

« Le Malikura tant vanté se résume à la propagande et au populisme. Le Malikura, pour eux, c’est de nous dire qu’ils ont fait en 8 mois pour notre vaillante armée ce qui n’a pas été fait en 30 ans…. Le Malikura, c’est d’exposer le pays à des sanctions économiques et financières dans la seule volonté de confisquer le pouvoir. Le Malikura, c’est l’isolement diplomatique du Mali. Sur le plan de la gouvernance, la responsabilité de l’ensemble des autorités de la transition est engagée sur le fait que le Chef de l’Etat peine à fixer le cap et à siffler la fin de l’escalade, le CNT n’interpelle pas le Gouvernement sur la gestion catastrophique de l’isolement de notre pays et l’absence de mesures de soulagement des souffrances dues à l’embargo, le Gouvernement étale à la face du monde son incapacité à conduire la transition vers la réalisation des vraies missions ».

Pour le Cadre, l’objectif majeur concernant le retour à l’ordre constitutionnel normal dans le délai de dix-huit mois n’a pas été atteint. « Pour masquer son incompétence, le Gouvernement publie une auto satisfecit de quatre-vingt-sept pour cent de taux de réalisation de ses objectifs. Ce taux portait sur la période de septembre-octobre-novembre soit un trimestre et non la totalité de la transition. Par insuffisance de résultat concret, le gouvernement a ignoré le bilan des 18 mois ».

Le Cadre exige la mise en place, à compter du 25 mars 2022, d’une nouvelle Transition avec la mise en place d’un nouveau Conseil National de Transition et d’un nouveau Gouvernement de mission conduit par un Premier ministre non partisan.

« La nouvelle transition à partir de cette date, doit être neutre avec un programme clair, centré sur le renforcement de la sécurité pour l’intégrité du territoire national, le retour rapide de l’ordre constitutionnel normal à travers l’organisation d’élections libres, démocratiques et transparentes, l’apaisement du climat socio-politique, le renforcement des relations entre notre pays avec ses partenaires. Le 25 mars, si la situation politique déplorable de notre pays ne changeait pas, le Cadre se réserve le droit d’user de tous les moyens légaux pour défendre la Constitution et la République ».

Drissa Togola

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