Tout se conjugue pour donner un caractère privilégié aux relations malienno-françaises. Et pour faire évoluer l’opinion nationale
Vingt-cinq ans après, cela ferait-il encore sens d’évoquer les temps héroïques d’ouverture à la démocratie pluraliste ? Se consacrer à l’étude de cette époque serait s’exposer à rédiger une Histoire qui s’écrirait comme celle des modes qui passent et des mœurs qui se modifient. Dans les années 1990, il se trouvait en Occident une cohorte d’ « examinateurs » tatillons pour cocher les cases à remplir par les nations qui s’extrayaient de la gangue du parti unique et pour distribuer, selon la note obtenue, certificats de passage ou mises en garde infamantes.
Mais progressivement, les exigences se sont amoindries, les procédures se sont assouplies et nombre de potentats nationaux qui avaient fait dos rond sous l’orage se sont repris. Aujourd’hui, que ce soit dans les nations latino-américaines autrefois soumises aux dictatures militaires les plus féroces qui puissent être imaginées ; que ce soit dans les pays de l’ancien bloc de l’Est longtemps assujettis à la règle de la « souveraineté limitée » ; que ce soit dans les Etats africains qui avaient durant des décennies avancé sous la férule des « pères de la nation », l’antérieur n’a certes pas été rétabli. Mais presque partout, on tolère que l’habit de la démocratie se coupe désormais de manière singulière.
D’étonnantes distances se prennent maintenant avec le modèle type autrefois imposé. Les nouvelles libertés s’octroient d’autant plus facilement qu’elles ne provoquent guère plus qu’un froncement de sourcils chez les anciens gardiens de l’orthodoxie. La diversité des chemins suivis par les « néo démocraties » était donc intéressante à relever dans l’exceptionnel cortège de consultations qui du Guatemala à la Tanzanie en passant par la Pologne a concerné le week-end dernier trois continents. Nous ferons une mention toute particulière pour Haïti qui a du se donner en un seul dimanche un président de la République, un nouveau Parlement (Chambre des députés et Sénat) et des maires pour toutes ses communes. Accumuler en une seule consultation autant de scrutins relève de la franche anomalie et propose un vrai casse-tête à un électorat traditionnellement réticent à se déplacer. Mais curieusement, l’Etat caribéen se voit accorder le privilège assez rare de gérer sans pression extérieure une situation proche de l’incurie. Haïti est en effet sortie des radars médiatiques après avoir longtemps bénéficié d’un intérêt très prononcé de ceux-ci pour deux raisons différentes. D’abord, en janvier 2010 lorsqu’un terrible tremblement de terre lui avait valu une vague exceptionnelle de solidarité internationale.
UN ACCABLANT TOLLÉ MÉDIATIQUE. A l’époque, Haïti avait été littéralement étouffée par un afflux désordonné de secours, les nations nanties faisant assaut de compassion envers un peuple totalement désemparé par l’ampleur du malheur qui s’était abattu sur lui (on comptait alors 150 000 morts et un million et demi de sans abris). Puis, comme cela se produit très souvent dans les situations paroxysmales, ce que le flux avait amené, le reflux l’avait remporté. Mais l’île est revenue au devant de la scène avec l’élection en mai 2011 à la présidence de la République de Michel Martelly, personnage atypique puisque issu non du microcosme politique, mais du monde des arts. Il faut reconnaître à l’actuel chef de l’Etat le mérite d’avoir eu à ses débuts une véritable volonté de redresser le pays et de se démarquer des pratiques de chefs de clan adoptées par ses devanciers.
Mais novice en politique, il s’est laissé enfermer dans un bras de fer stérile avec son opposition. Bras de fer qui a rendu impossible la tenue des élections locales et législatives. Si bien qu’Haïti vit sans maires depuis 2013 et sans parlement depuis janvier 2015. Le président de la République a désigné des « agents exécutifs intérimaires » pour diriger les municipalités et gouverne par ordonnances depuis neuf mois. En outre, soupçonnant ses opposants de vouloir le déstabiliser en semant le désordre dans le pays, Martelly a fait rattacher au niveau de la présidence une unité d’élite dénommée « Brigade d’opération et d’intervention départementale ».
On imagine sans peine le tollé médiatique qui aurait accablé un chef d’Etat africain « coupable » d’avoir accumulé autant de décisions discutables. Sans oublier qu’une pluie de critiques internationales se serait abattue sur un Etat de notre continent où auraient été organisées des consultations mettant en lice 54 candidats pour la présidentielle et ayant enregistré l’entrée en compétition de 150 formations politiques pour les municipales et les législatives. A Haïti, l’embouteillage créé par les candidatures a atteint un niveau tel que les représentants de tous les compétiteurs n’ont pas trouvé place dans les bureaux de vote et qu’il a été décidé de les y faire entrer par rotation ! Aujourd’hui, l’histoire politique chaotique de Haïti semble avoir lassé les partenaires extérieurs de l’île et épuisé les habitants du pays eux-mêmes. Seuls les Etats-Unis s’impliquent encore pour éviter que ne surviennent des dérapages susceptibles de mettre le pays à feu et à sang. Comme cela a failli arriver lors du premier tour des législatives organisé en août dernier et qui a vu l’annulation des scrutins dans 25% des circonscriptions.
Pourquoi s’attarder aussi longuement sur le destin d’une île qui n’éveille aucun écho dans l’esprit de nos compatriotes ? Un peu pour souligner le contre-exemple que représente Haïti, elle qui a laissé passer la chance de se donner un destin autre à la sortie d’une tragédie d’une gravité exceptionnelle. Beaucoup pour rappeler que la démocratie ne s’accommode pas de l’inertie. C’est en premier lieu l’effort consenti par les citoyens pour garantir à « leur » démocratie » une maturation continue qui fait de cette dernière une chance et un atout pour le pays. Beaucoup aussi pour souligner que l’apport de la solidarité internationale ne se fera vraiment ressentir que si les partenaires entendent la nation bénéficiaire leur rappeler inlassablement, de manière parfois ombrageuse, mais toujours cohérente, la vision qu’elle a de son propre avenir. C’est d’ailleurs ces deux conditions que s’efforce de remplir notre pays pour s’extraire de la mauvaise passe où l’ont mené les événements de 2012.
DE GRANDES VOIX ET DE VRAIES TRIBUNES. Certains des lecteurs nous trouveront certainement exagérément indulgents quant à la qualité de notre démocratie. Il est impossible de nier que dévitalisée par une décennie de consensus politique, elle avait égaré sa capacité à se remettre en cause et à se mettre en alerte. Mais il est tout autant indiscutable que pressée de se remobiliser pour hâter la sortie de crise, elle a convaincu de nombreux citoyens de lui garder encore leur confiance et de rechercher un début de salut dans une présidentielle exemplaire au niveau de l’affluence populaire et de la pondération observée par les candidats. Certes, l’élan retrouvé ne s’est pas confirmé lors des législatives et la décrue a atteint des proportions catastrophiques lors de la récente partielle en Commune V. Mais d’un autre côté, les vifs débats enregistrés lors du processus de négociations sur le Nord du pays et les prises de position tranchées de certaines organisations de la société civile prouvent que les voix alternatives manifestent la capacité à se faire entendre. Et rendent donc impérative la nécessité dans la conjoncture présente de faire précéder les grandes décisions d’un vrai échange contradictoire.
Il y aura toujours un casse-tête à résoudre et des incompréhensions à surmonter pour trouver la formule finale qui conciliera les ardeurs de la société civile, les calculs des formations politiques et le calendrier du gouvernement. Mais l’équilibre à établir ne relève pas forcément de la quadrature du cercle. En témoigne la décision récemment prise par consensus de reporter les communales et les régionales. Dans les temps actuels qui sont ceux de grands défis et d’incertitudes persistantes, une nouvelle vox populi, née pour la plupart de ses composantes dans la tourmente de 2012, se fait percevoir. Elle est pour le moment dispersée, elle se cherche encore des grandes voix et de vraies tribunes, elle n’évite pas toujours le piège du passionnel et du jugement extrême. Mais elle a le mérite de se manifester. Il reste toutefois indispensable qu’elle ne succombe pas à la tentation d’accrocher son wagon à la locomotive du politique, ainsi que l’ont malheureusement fait ses devancières des années 1990. Car ce sera uniquement en gardant sa sensibilité propre et sa liberté de jugement qu’elle conservera la faculté à donner la température du pays réel.
C’est d’ailleurs en tenant compte de cette vox populi que pourra s’organiser le bénéfice maximum à tirer de la visite d’Etat effectuée par le président de la République en France. Ibrahim Boubacar Keïta a salué, à juste titre, le soin mis par ses hôtes à organiser un programme qui rende hommage à la vitalité et aux mérites multiformes de la nation malienne. Il a aussi rappelé le lien particulier qui lie nos deux pays à travers les sacrifices croisés des combattants soudanais tombés en terre française lors des deux Guerres mondiales et des soldats français ayant donné leur vie pour libérer le territoire malien de l’emprise djihadiste. Tout, y compris l’amitié qui lie les deux Présidents et le nouveau geste de solidarité de Paris, se conjugue donc pour donner aux relations franco-maliennes un caractère privilégié. Le grand défi aujourd’hui est de faire accepter sans réserves à de larges pans de l’opinion publique malienne la sincérité et l’importance de l’implication française au côté de notre pays.
LE PEU DE BÉNÉFICES TIRÉS. Des efforts de la diplomatie hexagonale pour faire progresser en 2012 le dossier malien au niveau des Nations unies au plaidoyer français auprès de l’OCDE pour la reconstruction du Nord du Mali en passant par les opérations Serval, puis Barkhane, les preuves de cette implication sont bien présentes et auraient dû peser d’un poids décisif dans le jugement du citoyen lambda. Mais dans l’autre plateau de la balance se trouve le traitement particulier réservé à la ville de Kidal. Diffusé la semaine dernière par la chaîne France 2, l’excellent documentaire « La France en guerre », fourmillant d’images et de témoignages inédits, est revenu sur cet épisode particulier de la libération du Septentrion malien et confirme ce que les analyses dépassionnées avaient décelé depuis des mois. En ne s’opposant pas au retour du MNLA dans la capitale de la 8è Région, certains responsables militaires avaient estimé – contre l’avis des diplomates – pouvoir recevoir le concours des rebelles dans la traque des djihadistes et dans la libération des otages.
On a pu constater le peu de bénéfices finalement retirés de cette option. Celle-ci a, par contre, refermé la parenthèse de la relation fusionnelle malienno-française née aux premières heures de Serval et provoqué le revirement d’une grande partie de l’opinion nationale vis-à-vis de l’intervention française dans notre pays. Aujourd’hui encore, tout ce qui touche à Kidal suscite des jugements extrêmement véhéments. Mais ceux-ci pourraient être considérablement atténués si au fil des mois à venir se faisait une valorisation intelligente de l’aide de la France au Mali. Les micros-trottoirs effectués auprès de nos compatriotes à l’issue de la visite d’Etat prodiguent certes des enseignements très parcellaires, mais on ne peut ignorer les principales espérances exprimées par une majorité de ceux qui y ont été interrogés : celle de voir se réamorcer la pompe de l’économie et celle d’enregistrer un impact concret de l’aide promise sur le quotidien des populations.
Le bilan parisien du chef de l’Etat vient s’ajouter à des indices encore fragiles qui laissent entrevoir un début d’évolution positive au Nord de notre pays. Les groupes politico-militaires ont conclu un modus vivendi qui réduit les risques d’éveil des tensions. Et la Coordination des mouvements de l’Azawad admet implicitement le délabrement total dans lequel la Région de Kidal a été plongée depuis le départ forcé de l’Etat et la nécessité de collaborer avec les autorités pour « normaliser » les conditions de vie des populations. Ces avancées sont à appréhender pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire des acquis réversibles sous la poussée de franges radicales. Mais on peut aussi les percevoir comme les premiers résultats d’un retour amorcé vers la raison.
G. DRABO
Si le Mali veut sortir de cette crise, on doit prendre des décisions fortes et pour commencer il faut s'occuper de cette jeunesse sacrifiée par des chefs de groupes armés. Les Ag Ghali, les Kouffa doivent être exterminé sans autre forme de procès. Les attentes des maliens sont simple, la paix et l'avenir du Mali. Nos enfants doivent retourner à l'école et les hommes au travail. Les combattants enrolés de force commencent à déserter et à collaborer. Les terroristes qui refusent d'abandonner les combats seront tués par les forces armés ou par leurs chef.
Si le Mali veut sortir de cette crise, on doit prendre des décisions fortes et pour commencer il faut s’occuper de cette jeunesse sacrifiée par des chefs de groupes armés. Les Ag Ghali, les Kouffa doivent être exterminé sans autre forme de procès. Les attentes des maliens sont simple, la paix et l’avenir du Mali. Nos enfants doivent retourner à l’école et les hommes au travail. Les combattants enrolés de force commencent à déserter et à collaborer. Les terroristes qui refusent d’abandonner les combats seront tués par les forces armés ou par leurs chef.
L'avenir du Mali passe par léducation des enfants. Moi je n'y pas eu droit. J'ai apris tout seul à cause des djihadistes qui terrorisent les gens du nord du Mali depui des années. Les attentes des maliens sont tournés vers l'avenir du Mali. Les enfants soldats doivent comprendre qu'il faut déserter ces groupes de terroriste sans avenir. Sortir de cette crise, c'est exterminer ces terroristes et s'occuper des enfants soldats qui ont été exploité et qui ont subi les violences de pervers comme Ag Ghali.
Si les combattants désertent et abandonnent les petits chefs djihadistes comme Ag Ghali, ces derniers devront fuir définitivement. Pour régler cette crise interminable que connait le Mali, il faut soutenir les mouvements de femmes en colère qui lancent un appel à leurs maris et fils pour qu’ils désertent et reviennent dans leurs familles. S’ils ne le font pas ils subiront le sort des djihadistes et seront tués au même titre que les terroristes qui enlèvent nos enfants et les utilisent comme enfants soldats.
Pour sortir de la crise, le combat contre le terrorisme et les djihadistes au Mali doit passer par la lutte armée. Mais les attentes des maliens sont d’abord tournées vers l’avenir du mali. Les femmes maliennes l’ont bien compris et c’est pourquoi elles expriment leur colère à travers des lettres qu’elles disséminent partout comme ici: http://i68.tinypic.com/9fmu1c.jpg
Comments are closed.