La politique a certes sa cadence. Mais accélérer celle-ci ne présente que des avantages.
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rnLes affaires en cours en attendant les grands projets. Ainsi procède actuellement le gouvernement avant que la lettre de cadrage du président Touré ne lui fixe un ordre de marche. Avant aussi que l”Assemblée nationale n”approuve la Déclaration de politique générale. La présente posture de l”Exécutif pourrait apparaître à beaucoup comme paradoxale. Certes – et nous l”avions écrit à plusieurs reprises – le temps gouvernemental ne coïncide jamais entièrement ni avec celui de l”opinion, ni avec celui des médias.
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rnMais il s”efforce autant que possible de ne pas ignorer la première et de ne pas sous-estimer les seconds. Or pour le commun des citoyens, l”aube d”un nouveau mandat, même si elle ne marque pas obligatoirement une rupture avec l”antérieur, doit forcément être porteuse de signaux forts, symboliques de la différence. La presse a, de son côté, érigé en étalon du dynamisme institutionnel le délai de cent jours, au terme duquel tombe fatalement une appréciation gratifiante ou infamante. Telles sont les deux impatiences externes auxquelles ne peut échapper l”équipe Modibo Sidibé. Pourtant sa méthode actuelle, même si elle manque quelque peu de flamboyance, ne lui est pas fondamentalement préjudiciable.
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rnEn effet, la longue intersaison politique (de mars à septembre) lègue au gouvernement actuel quelques dossiers brûlants traités, mais non bouclés. Il n”y a rien d”étonnant en cela. La période transitoire a généré en effet deux phénomènes antagonistes. D”une part, une nette apathie de l”appareil d”État dont les plus importants animateurs s”occupaient essentiellement à scruter l”horizon politique ; et de l”autre, une hyper activité des acteurs sociaux qui savaient que la conjoncture était propice à la montée des enchères et éventuellement à la tentative de passage en force. De cette dichotomie est née inévitablement une série d”arrangements palliatifs dont la résolution pérenne a été reportée à l”entrée en fonction du gouvernement de durée. C”était par exemple le cas pour la crise à la Faculté de médecine, de pharmacie et d”odonto-stomatologie.
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rnOn se rappelle qu’à la suite d”actes graves de vandalisme perpétrés sur les bâtiments et les véhicules de l”établissement, le gouvernement avait opté d”abord pour la sévérité (arrestation et condamnation des responsables), puis pour l”apaisement. La seconde attitude ne pouvait être assimilée à une reculade de l’Exécutif puisque l”élément déclencheur en avait été une cérémonie solennelle de conciliation organisée à la FMPOS au cours de laquelle les étudiants avaient exprimé leurs excuses publiques et demandé clémence pour leurs camarades emprisonnés. Clémence implicitement acceptée par les autorités, mais qui dans son expression finale (la libération des étudiants) se concrétisa plus tardivement qu”escompté par les "repentants".
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rnUNE LONGUE TRAQUE –
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rnD”où une nouvelle tension qui a gravement perturbé le calendrier des examens. Les choses sont revenues dans l”ordre la semaine passée avec la mise en liberté des étudiants emprisonnés. Les autorités sortent donc de cette affaire par le haut, mais aussi avec le constat que si le traitement politique du problème avait été appliqué de manière plus vigoureuse, il aurait sûrement épargné des soubresauts superflus à cet établissement qui était, jusqu”à ces incidents, absolument rétif aux débrayages et aux actions de force. Ce constat a certainement abouti à l’établissement d’un principe de célérité dans le traitement des dossiers épineux. Principe qui a reçu sa première application la semaine passée au ministère chargé des Transports dans les négociations de ce département avec les transporteurs grévistes. Le test est apparemment positif puisque le mouvement social s”est arrêté à mi-chemin suite à l”engagement des autorités de traiter avec diligence (et bienveillance) les points de revendication.
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rnLa célérité de traitement s’est également retrouvée dans une autre affaire qui a meublé la toute proche actualité et qui se rapportait à la mise en cause par plusieurs de nos confrères de la gestion du ministre Hamed Sow, lorsque ce dernier dirigeait le Centre pour le développement de l”investissement basé à Bruxelles. L’option faite par l”intéressé de venir s’expliquer devant la presse était d’autant plus opportune que l”opération s’avérait objectivement beaucoup moins risquée que certains auraient pu le prédire.
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rnTout d’abord, parce que le ministre n’était pas venu se défendre d’accusations formelles, mais contredire des allégations. Ensuite, et le détail a son importance, la canonnade médiatique déclenchée en milieu de semaine dernière présentait deux particularités qui ont facilité la contre-offensive de Hamed Sow. En premier lieu, les articles à charge n”avaient pas été alimentés par une investigation journalistique classique qui suppose une longue traque des preuves ou des présomptions, puis le recoupement des faits et des documents. Si on excepte le signal premier donné par "Le Républicain", de manière plutôt pondérée et avec le souci de cadrer très précisément les faits, les rédactions ont d”évidence bénéficié d”une documentation mise à disposition et qu”elles ont utilisée de manière plus ou moins détaillée ainsi que l”indiquent les similitudes dans la présentation des événements et l”identité des conclusions. La crainte de laisser passer un supposé "scoop" a certainement poussé nos confrères à exploiter immédiatement et quasiment en l”état le dossier qui leur était parvenu.
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rnCette manière de "lever le lièvre" constitue un procédé assez courant désormais en matière de presse. De par le monde entier, les rédactions sont régulièrement bénéficiaires de "fuites" préméditées. Mais lorsqu”elles se limitent à traiter la matière brute livrée, elles s”exposent à ne pouvoir s’opposer à la réfutation de leurs articles puisque ceux-ci ne sont pas "blindés" par l”impératif d”investigation que nous avons évoqué plus haut. Le ministre Sow n”a donc pas éprouvé de difficulté particulière pour procéder à sa mise au point. D”autant plus qu”il a
vait pointé la seconde faiblesse de la charge dont il a été la victime : personne ne l’avait contacté pour recouper auprès de lui la véracité de certaines accusations, notamment celle de prise de participation dans des sociétés appuyées par son organisme. Ce qu’auraient pu faire les rédactions, quitte à maintenir la ligne de suspicion si elles avaient considéré comme dérisoires les dénégations du principal intéressé.
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rnLe duel prédit n’a donc pas eu lieu et finalement le principal intérêt de l”exercice aura été son côté inédit, et d”une certaine manière exemplaire. En effet, jusqu”ici les personnalités mises en cause dans des dossiers apparemment embarrassants avaient préféré soit faire le dos rond en attendant que l”orage s”épuise de lui-même, soit solliciter une plume "compréhensive" pour que celle-ci porte la riposte de manière plus ou moins crédible. Aller à l”échange à visage découvert constitue donc une avancée profitable dans les relations presse-autorités. Si cette tradition s’établit de manière raisonnable (la profusion la dénaturerait), les personnalités mises en cause s”épargneront bien des contorsions inutiles dans l”exposé de leur vérité et les journalistes se montreront plus regardants dans le traitement de dossiers polémiques. Le cas Hamed Sow – quelle que soit la conclusion qu”il connaîtra – est peut-être en train de faire école, même s’il a laissé entrevoir la nécessité de substantielles améliorations aussi bien dans le fond que dans la forme. Mais à chaque point de presse suffit sa peine.
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rnG. DRABO
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