La situation actuelle de notre pays interpelle l’ensemble de ses filles et fils à se retrouver. Pour qu’ensemble, notre patrie le Mali puisse revenir dans le concert des nations. Afin d’amorcer son avenir avec promptitude. A cet effet, l’ensemble des acteurs (politique, économique, social, religieux, etc.) ont prôné un dialogue national inclusif. Tout en décidant d’y faire face, les tenants du pouvoir en ont initié un qui est aujourd’hui dirigé par un triumvirat. Malheureusement, la montagne semble accouchée d’une souris. Car, les divergences d’approches risquent de faire capoter le dialogue.
Rien à dire, unanimement, aujourd’hui le Mali fait face à une crise multiforme. Sa résolution, à n’en pas douter, nécessite un vrai dialogue surtout national et inclusif.
En effet, face à cette situation est née une nouvelle plateforme ”ANW KO MALI” pour défendre les intérêts de toutes les filles et fils. Surtout pour redorer le blason du Mali qui souffre.
Cette plateforme dénommée “Anw Ko Mali” sous la houlette de Mme SY Kadiatou SOW, regroupe plusieurs forces et regroupements politiques comme le FARE de Modibo Sidibé, le FSD, MSR….., des associations comme ADEMA-association, CNID-Association, le FOSC, le Corps des Citoyens Volontaires du Mali (CCV-Mali) etc.
Cette plateforme, toujours dans sa phase de structuration, a tenue une conférence débat le samedi 27 juillet 2019 à la pyramide du souvenir qui avait comme thème : les enjeux du dialogue National Inclusif.
Mme SY Kadiatou SOW après avoir présenté la plateforme et lire la déclaration, a passé la parole au conférencier et Président du Forum des Organisations et Société Civile (FOSC) M. Bakary DOUMBIA qui a lu le communiqué de la plateforme tout en donnant des précisions sur certains points.
Il est hors de question qu’on accepte cet accord d’Alger sans le consentement de tous les Maliens, dit Mme SY Kadiatou SOW après une question posée dans ce sens.
A noter que la plateforme “Anw Ko Mali” demande un dialogue National Inclusif avec la participation de tous les Maliens alors que le gouvernement souhaite un dialogue politique inclusif. Pour la plateforme, les problèmes que nous vivons aujourd’hui vont au delà des questions politiques, il s’agit pour eux de dialoguer d’une manière ascendante en écoutant tous les Maliens afin de savoir ce que nous voulons réellement que le Mali soit.
Le dialogue politique inclusif tel que présenté par le gouvernement, est une mascarade selon le conférencier qui n’a d’autres finalités que le référendum constitutionnel et le découpage territorial.
Selon la Présidente de la plateforme, le choix du TRIUMVIRAT sans consulter les parties prenantes est un faux départ pour la tenue du dialogue. La manière du choix peut mettre même leur indépendance en cause.
Un moment a été consacré pour les signatures officielles d’adhésion à la plateforme, pour le FARE Modibo Sidibé, le FSD Mountaga Tall, ADEMA-ASSOCIATION Mme SY Kadiatou SOW, MSR Touré, CCV-MALI Daba DIALLO, FOSC Bakary DOUMBIA…..
Plusieurs personnalités politiques et coutumiers était présents : Konimba Sidibé, Choguel Kokala Maiga, Modibo Sidibé, Ali Nouhoum Diallo, Nouhoum TOGO, Djimé Kanté, le coordinateur des chefs de quartiers de la commune III…..
Voici l’intégralité de la Communication pour la conférence débat du 27 juillet 2019
- Contexte et justification
Le Mali endure depuis 2012 une crise multiforme (socio-politique-économique-culturelle et sécuritaire) . C’est une des plus douloureuses crises depuis son indépendance. Elle a été l’élément déclencheur de l’instabilité dans plusieurs de nos régions où des groupes armés sévissent entrainant des conséquences désastreuses et structurelles sur les conditions de vies des populations.
Les conséquences de cette situation affectent profondément les couches les plus vulnérables de la population, réduisent également les opportunités d’échanges dans les régions affectées et de ce fait impacte de façon négative sur la situation économique et sociale des citoyens du pays. Cette détérioration de la sécurité dans les parties nord du pays a provoqué l’effondrement des activités économiques (tourisme, commerce, agriculture, etc.) et a touché de façon générale toutes les couches du pays. Cela, malgré la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation issue du processus d’Alger et les efforts consentis par les acteurs sociopolitiques du pays, le gouvernement et la communauté internationale..
Conséquence d’une male gouvernance avérée, cette crise qui a débuté en 2012 a en plus affecté d’autres secteurs de développement du pays. L’éducation l’un des secteurs clés ainsi que la justice sont en faillite ; le commerce, l’agriculture, l’élevage l’industrie etc ont été également touchés et les modèles institutionnels et économiques avec.
Comme si cela ne suffisait pas, la corruption, le népotisme, le favoritisme, la dilapidation des ressources du pays installés depuis des lustres se sont métastasé et ont gangrené le grand corps malade qu’est le Mali
C’est pourquoi les Maliens se sont posé et se posent encore des questions :
– Que faut-il faire ?
– Comment sortir de cette situation ?
– Quelles sont les vraies causes de la crise ;
Ces questions n’ont pas longtemps taraudé les esprits des acteurs de la société civile et des partis politiques car depuis 2012-2013 ils ont suggéré, sans être entendus à l’époque, la tenue de Dialogue National regroupant tous les acteurs sociopolitiques.
Aussi la Plateforme AWN KO MALI composée d’organisations faitières de la Société Civile et des Partis politiques adhère à l’initiative d’un dialogue national inclusif..
Pour ce faire, les acteurs de “ AWN KÔ MALI ” proposent de se donner une stratégie de mise en œuvre du dialogue, de façon à ce que l’atteinte de son objectif ” ULTIME “, qui est ” LA SORTIE DEFINITIVE DU MALI DE LA CRISE EN COURS ” soit incontestablement effective. La présente conférence débat est une des actions de cette stratégie et va prioritairement porter sur : le format du dialogue ; le contenu du dialogue ; les Acteurs du dialogue ; la démarche ; la durée ; les résolutions et leur dispositif de mise en ouvre
Il faut rappeler que Plateforme AWN KO MALI a pour objectifs :
– Analyser et influencer toutes les politiques et actions des autorités dans le sens des Intérêts du pays ;
– Participer et engager les acteurs dans le processus de redressement de notre pays ;
– Renforcer la résistance aux tentatives (ou velléités) de partition de notre pays
II Du Dialogue National inclusif
Proposé depuis 2012, le dialogue national est finalement inscrit sous la forme de dialogue politique dans l’accord politique de gouvernance signé le 2 mai 2019 entre le premier ministre et les acteurs politiques.
La dénomination dialogue politique soulève au niveau de la plateforme ” ANW KO MALI ”quelques questions :
– Cette dénomination ne crée t- elle pas la confusion chez le simple citoyen ?
– De quel dialogue s’agit-il ?.
– Quel en sera le format ?
– De quoi le dialogue va t il débattre et pendant combien de temps ?
– Quels seront les acteurs/participants ?
– Comment sera-t-il initié ?
– Quelle est la finalité du dialogue
– Quels en sont les enjeux ?
Pour la plateforme ” ANW KO MALI,” le dialogue en question doit permettre au Mali de prendre un nouveau départ et être un espace qui permettra de :
– dégager des perspectives solides de sortie de crise ;
– restaurer la confiance entre les maliens eux-mêmes et entre eux et leur Etat.
2.1 Des enjeux du dialogue national inclusif
Trois enjeux majeurs sont reliés au dialogue national inclusif de par son importance, son envergure et sa pertinence en rapport avec la crise généralisée que traverse le pays. Ces enjeux sont :
– L’obtention d’un consensus national sur les stratégies de sortie de crise ?
– L’adoption de reformes institutionnelles consensuelles qui garantissent l’émergence d’institutions fortes capables de gérer de façon transparente les affaires du pays ;
– La résolution définitive de la crise multiforme et la stabilisation sécuritaire, économique et sociale du pays.
2.2 De la démarche
De manière générale un tel évènement, pour avoir un caractère véritablement national, doit prendre en compte les aspirations et les soucis de tous les citoyens. La démarche doit être ascendante, c’est-à-dire que le dialogue devrait préalablement être préparé à travers les concertations au niveau communes, cercle et région. Dans cette optique la tenue du dialogue à notre avis doit être précédée par la définition des thématiques à aborder. Et ce, par l’ensemble des acteurs ; Toute chose qui confortera l’approche processus dont il est question.
Par ailleurs, la démarche méthodologique du dialogue national inclusif, doit être conçu de manière participative y compris en impliquant l’ensemble des parties prenantes et non de manière unilatérale par les acteurs gouvernementaux.. En clair ,tout le travail en amont ,au cours et en aval devrait être effectué par l’ensemble des acteurs sociopolitiques .Les dispositifs dédiés à la gestion du processus et à la mise en œuvre et le suivi des résolutions doivent etre totalement indépendants soustraits à toute influence politique
2.3 Du format
Le Dialogue est national, et doit avoir une dimension nationale, politique, économique et sociale. De ce point de vue, il doit traiter toutes les questions d’intérêt national et regrouper tous les acteurs. Son format doit être décidé de manière partagée ; il doit être un processus dont l’aboutissement verra également la participation des acteurs au dernier round à Bamako. .Ce format assurera au dialogue le pouvoir d’engager les maliennes et les maliens de convenir de ce qu’ils veulent que le Mali soit
2.4 Du contenu
La situation difficile que vit le pays commande que le dialogue aborde les problématiques dont la résolution permettra de sortir de la crise multidimensionnelle. Il ne s’agit donc pas de traiter quelques problèmes que règlent les soucis des tenants du pouvoir et dont la mise en œuvre des solutions ne conduirait le pays qu’a une nouvelle impasse.
Aussi toute une panoplie de thématiques peuvent être proposés parmi lesquelles toutes les parties prenantes au dialogue pourront choisir. Aussi, il est proposé de tenir un dialogue plus ouvert sur les thématiques et sur les acteurs et de laisser la latitude dans un premier temps aux participants de s’accorder sur les thèmes du dialogue
En effet, l’un des principes cardinaux du dialogue national inclusif doit être de ne pas présumer des réformes institutionnelles et de considérer au contraire le dialogue national inclusif comme le préalable à toute réforme institutionnelle. Il appartient aux parties prenantes au dialogue national inclusif de convenir eux-mêmes au préalable sans contrainte ni directive quelconque des réformes institutionnelles nécessaires, et de toutes autres préoccupations majeures des populations.
2.5 Des Acteurs/ participants
Tous les acteurs de la scène socio politique et économique doivent y participer : les partis politiques, le gouvernement, les OSC, les collectivités, les mouvements armés, groupes armés d’autodéfense, les maliens de l’extérieur, le secteur privé, les organisations socioprofessionnelles, les syndicats, les femmes, les jeunes, les leaders religieux, les autorités coutumières et les personnes en situation de handicap.
2.6 De la durée
Les étapes prévues selon notre compréhension du Dialogue National nécessitent une durée variant de 6 à 12 mois.
2.7 Des résultats attendus
De l’ordre des retombées on peut retenir :
* résultats immédiats
– Le retour progressif de la confiance entre l’état et les autres acteurs de la société malienne
– La remobilisation des citoyens pour la patrie ;
– L’adoption des recommandations applicables à cout termes qui soulageront les citoyens ;
– Une feuille de route disponible avec les propositions de réformes attendues, avec un agenda de mise en œuvre et les indications sur les stratégies pour les réaliser.
* résultats à moyen terme
– La résolution des crises sociales et l’apaisement du front social qui s’en suivra
– Le renforcement de la confiance entre l’état et les autres acteurs de la société malienne
– La mise en œuvre des solutions partagées non imposées par la communauté internationale à la résolution de la crise sécuritaire
– La sortie progressive de la crise
* résultats à long terme
– La sortie définitive de la crise sécuritaire avec l’intégrité territoriale garantie
– La reprise économique
– L’armée nationale est réconfortée et renforcée
– L’école malienne redémarre
2.8 De la mise en œuvre des résolutions
L’identification des résolutions bouclera certainement la boucle du dialogue national inclusif. Sans préjuger de leur qualité et contenu, il est important qu’un dispositif efficace soit dédié à la mise œuvre et au suivi des résolutions.
Il appartiendra aux participants de mettre en place ce dispositif. que nous souhaiterons indépendant.. .En effet, il est indispensable que l’ensemble des parties prenantes s’engagent à mettre en œuvre toutes les résolutions des assises du dialogue national, articulées en un Agenda du Mali et qui auront force contraignante pour le gouvernement.
III Conclusion
Il apparaît que le dialogue national inclusif tel que ANW KO MALI le conçoit est un passage obligé pour qu’ensemble les Maliens au bout de ce processus puissent prendre un nouveau départ..Pour que ce dialogue soit une réalité, ANW KO MALI doit rester mobilisé, veiller et imaginer des stratégies multiples d’actions.
En tout état de cause, il est important pour les tenants du pouvoir de tenir compte des appréhensions du peuple. Afin de nous éviter une autre crise qui risque de mettre de nouveau le pays à genou.
Boubacar DABO