Le Pdes enfin mis sur les fonts baptismaux, samedi dernier au Cicb. Tous les départements ministériels, la présidence de la république, les institutions étaient dignement représentés, comme on pouvait s’y attendre. Ahmed Diané Séméga, président du bureau provisoire conduira le Pdes jusqu’à son congrès prévu pour janvier 2011. Seul bémol, ceux qui sont censés être au premier rang n’étaient pas de la fête. Il s’agit de, Djibril Tangara, ancien président du Mouvement citoyen, aujourd’hui président du parti Fcd, Ousmane Ben Fana, président du Pcr ou encore l’honorable Safiatou Traoré, présidente du parti Urp, tous issus des entrailles du Mouvement citoyen.
Ils étaient là, les partis amis du Pdes : Rpm, Adema, Udd, Rds, le Parena, le Cnid…bref plusieurs. Mais, ni l’Urp de Safiatou Traoré, ni le Pcr d’Ousmane Ben Fana Traoré, encore moins la Fcd de Djibril Tangara n’étaient présents à la cérémonie de baptême de feu du Pdes. Etait-ce une manière de dire que le divorce d’avec les premiers dirigeants du Mouvement citoyen est in fine consommé ? En tous cas, tout laisse croire que les anciens amis ne se gobent plus. En témoigne leur absence à cette cérémonie de lancement du Pdes.
Un bureau XXL
Le moins qu’on puisse dire est que la composition du bureau de la dernière-née des formations politiques du Mali est on ne peut plus ridicule de par sa longueur. 128 membres, avec à la clef, 23 vice-présidents. Un bureau pastiche, pittoresque et de pacotille. Tout le monde est là : d’éternels transhumants aux convictions politiques douteuses, de repris de justice, des véreux commerçants et paysans, à la quête de mieux-être, par la grâce d’exos de l’Etat sur les produits alimentaires, de journalistes et de ministres nomades politiques, entre autres.
Me Tall file à l’anglaise
Me Tall a fui. Eh bien oui, le protocole l’a planifié délibérément. Mountaga Tall et N’Diaye Bâ, les deux plus grands ennemis politiques du moment ont été installés l’un à côté de l’autre. Mais, le comble, nul n’a tendu à l’autre sa main amie, nul regard l’un sur l’autre encore moins d’encouragements. Mais des rires jaunes à l’adresse de la presse et des photographes qui feront de ce cliché leurs choux-gras de la semaine. Et c’est tout ahuri que Me Tall a filé à l’anglaise, après l’annonce de la composition du nouveau bureau, avant même la fin de la cérémonie.
Et, N’Diaye Bâ est promu 2è vice-président du Pdes, son compère Abdoulaye Diop, ancien 1er vice-président du Cnid s’est adjugé le poste de 5è vice-président. Il en est de même pour Jeamille Bittar qui occupe la première vice-présidence. Une surprise pour nombre d’observateur. Un auteur de blanchiment d’argent comme Foutanga Babani Sissoko est hissé au poste de président d’honneur tout comme Ahmed Sow, l’ancien ministre de l’Energie, de l’eau et des mines ou encore l’actuel président du haut conseil des Maliens de l’extérieur, Habib Sylla, l’opérateur économique installé au Congo, Seydou Kane…
Ahmed Sow déflaté ?
Annoncé comme probable président du nouveau parti, pour avoir été le génie créateur d’idées novatrices (on lui attribue la paternité du programme de développement économique et social), l’ex-ministre de l’Energie, de l’eau et des mines, Ahmed Sow, a été gratifié du titre de président d’honneur du Pdes – parti. Stratégie ou mise à l’écart ? En tout cas, pour nombre d’observateurs avertis, il s’agit d’une diversion. Le prochain congrès du Pdes, prévu pour janvier 2011, va-t-il hisser Ahmed Sow à la présidence du parti ? Rien n’est moins sûr.
Ahmed Diané Séméga rattrapé par l’histoire
" L’émiettement des partis politiques (par les indépendants ?) contribue à l’anéantissement de la démocratie ", Ahmed Diané Séméga l’a, en quelque sorte, dit, pour expliquer les raisons de la mutation du Mouvement citoyen en parti, sans se souvenir de ce dont le mouvement a été capable jusqu’à la veille de sa mutation en parti politique. Débauchage de barons de certains partis politiques, supplantation des partis politiques, politisation des nominations à des postes de responsabilité, recrutements parallèles de militants à la fonction publique, etc. sont entre autres les hauts faits du défunt Mouvement citoyen. Les hommes politiques doivent remonter les bretelles d’Ahmed Diané Séméga.
Amadou Salif Guindo
Le Pdes a déjà 32 dents
C’est un public des grands jours qui a pris d’assaut, tôt le matin samedi 17 juillet, le centre international des conférences de Bamako pour être témoin de ce qu’on a appelé le lancement du parti du président Amadou Toumani Touré, à tort ou à raison. Au regard de l’atmosphère dans laquelle cette formation politique est créée, tout porte à croire que la volonté manifeste des amis de l’ombre, sympathisants, partisans, du président ATT ou les courtisans et autres opportunistes de barrer la route à l’usurpation de titre, comme nous l’a confié un des proches du cercle présidentiel, est claire. Pour sa première sortie, on ne peut espérer mieux en mobilisation. Même si ce qui a été fait ressemble à du déjà- vu.
Le seul fait qui crève l’œil c’est le nombre exorbitant des membres de son bureau. Plus d’une centaine ! Du jamais vu cependant, un bureau XXL, 128 membres s’il vous plait ! Histoire de caser tous les militants. Et on ne peut qualifier l’organisation d’exceptionnelle, car on a l’habitude de voir des partis politiques faire salle comble au cicb avec à l’appui des écrans géants installés partout dans les différentes salles. Et l’assistance a eu droit aux mêmes discours simplistes d’Ahmed Diané Séméga, pas plus.
Au salon d’honneur à 9h55, le 1er vice-président du parti, Jeamille Bittar, accompagné d’une pléiade de personnalités paradent en direction d’une salle qui a refusé du monde. On peut voir le très politique Soumeylou Boubèye Maïga, Assarid Ag Imbarcaouane de l’Adema, M’bam Diatigui Diarra, Médiateur de la république. Ou encore Sékou Diakité, Ahmadou Abdoulaye Diallo, Hamane Niang, tous ministres de la République. Et le gouverneur du district, Ibrahim Féfé Koné fait partie du lot, il y a aussi l’opérateur économique Babou Yara. Sans oublier l’attraction du jour, le plus attendu, l’ancien et éphémère ministre des mines, de l’énergie et de l’eau à qui certains donnent la paternité du Pdes, le vrai, du général ATT, il s’agit d’Ahmed Sow. La joie et l’allégresse se lisaient facilement sur le visage de Bittar promu 1er vice-président du Pdes.
La voiture ministérielle N° G 17 transformé en taxi
C’est arrivé : la voiture ministérielle G 17 a servi de taxi ce jour-là, pour la circonstance. Elle assurait le transport. Il a fait plusieurs va-et-vient sans son occupant réel qui est le ministre. Le ministre en question est-il au courant ? Rien n’est moins sûr ! En tous cas, le patent constat est que, les occupants de la voiture sont des militants du Pdes.
Dans la cour du Cicb, pas de place ce samedi matin pour les retardateurs et il y a de quoi admirer les marques de voitures qui se succèdent, mais qui ne se ressemblent pas. Ils sont nombreux, ces véhicules de l’Etat à l’image de celui-ci, immatriculé K 38113 Land-cruiser, sûrement en provenance de Kidal. Sans oublier les nombreuses autres belles voitures non immatriculées qui circulaient.
Désormais le parti pour le développement économique et la solidarité (Pdes) porté sur les fonts baptismaux, samedi dernier, a son hymne. C’est l’ensemble instrumental qui l’a chanté à travers des refrains ô combien élogieux pour le président ATT. Dans cette chanson suave, le maître-mot reste la poursuite des actions du président de la République, l’homme qui a construit et continue de construire des infrastructures. Cet hymne a résonné tout au long de la cérémonie de lancement du parti pro-présidentiel.
Mahamane Cissé