Lancement des partis Unis pour la République (PUR) : Pour bien amorcer l’aube nouvelle et le virage institutionnel en cours

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Le Centre international de conférences de Bamako (Cicb) a abrité, samedi 2 avril, un grand meeting pour le lancement des Partis unis pour la République (Pur), nouveau pôle politique regroupant 18 formations aux ambitions clairement définies. Un meeting qui a vite donné la mesure de la capacité d’action des initiateurs du regroupement par la réussite de la mobilisation des militantes et militants venus en masse. Trois jours seulement après la démission du Premier ministre et de son gouvernement, l’évènement se révèle même être un baromètre pour mesurer l’évolution politique récente dans notre pays. Les formations politiques qui constituent le Pur ont fait la profession de foi d’assainir les mœurs politiques dans notre pays, les purifier en somme, sans doute pour être véritablement le Pur. Le nouveau regroupement politique ne manque pour cela de leaders à la hauteur de l’objectif recherché.

Tous charismatiques les uns comme les autres, ils viennent en tout cas de donner à comprendre qu’ils tiennent bien leurs troupes. De Housseyni Amion Guindo, président de la Codem, à Me Mamadou Gakou n° 1 de la Co.P.P., en passant par ces Moussa Mara, chef auréolé de Yéléma, ou Dr. Abdoulaye Amadou Sy, le guide de Ramata Plus, ils ont tous actuellement le vent en poupe.

« Le Mali est à la croisée des chemins politiques et à l’aube d’un virage institutionnel important pour son avenir », ainsi a résumé l’évènement Dr. Abdoulaye Amadou Sy, qui fait figure de patriarche au sein du Pur. De son point de vue, c’est même le tournant historique de notre vie politique qu’il ne faut pas rater. Pour cela, dira-t-il, notre pays a besoin d’un parti qui lui permettra de promouvoir une bonne gouvernance. D’où la détermination de Poulo, président de la Codem et figure de proue de la nouvelle génération de politiciens, à monter sur l’échiquier politique national pour unir les leaders politiques afin d’avoir « un même cœur et un même esprit pour sauvegarder nos valeurs républicaines. », selon toujours le doyen Sy. En fait, derrière la pertinence des mots, se cache la volonté de faire autrement la politique dans notre pays. Cela ne va pas sans se fixer un nouveau cap à atteindre en se prémunissant de la bonne boussole. Cependant, souligne Dr. Sy, l’histoire impose aux responsables politiques de se montrer à la hauteur des ambitions du peuple pour prétendre le diriger un jour vers des lendemains meilleurs. C’est, dit-il, cette histoire politique qui est à l’origine des grands mouvements des membres populaires et des progrès socio-économiques qu’ils appellent de tous leurs vœux. Dr. Sy continue de dire qu’aujourd’hui et plus que jamais par le passé, le Mali a besoin du rassemblement, de l’union et de rassemblent de ses enfants. Mais il ne s’agit pas d’un rassemblement de façade, de compromission ou d’une attente de circonstance, il s’agit, alors, d’une véritable union des cœurs et des esprits pour la sauvegarde des valeurs républicaines.

L’ambition de ce regroupement de partis, d’après Abdoulaye Amadou Sy qui en assure actuellement la présidence tournante, est d’avoir un Mali qui comptera dans un continent renforcé au sein du quel il exercera un leadership éclairé. Et un Mali qui rayonnera de nouveau non seulement de son histoire, mais aussi de sa position géographique.

Alors, sans doute au regard des échéances électorales futures, le Mali a besoin d’une bonne gouvernance et de transparence dans les élections. Pour cela, Me Gakou, très en verve comme d’habitude, a invité les organisateurs des élections de respecter certaines conditions dont, entre autres : une liste électorale qui reflète des données électorales, les cartes d’électeurs qui contiennent des photos des électeurs distribuées dans des conditions sécurisantes et l’exigence des pièces d’identités, et non de témoignages et autres manœuvre frauduleuses qui seront à la base des contestations et des tricheries. En redoutable politique qui n’est pas né de la dernière pluie, le président de la CO.P.P. a ainsi mis l’Etat face à ses responsabilités quant à l’exigence de l’organisation sans bavures des futures consultations électorales. C’est un gage de stabilité sociale, par ailleurs.

En s’inspirant des paroles divines, le président du Codem, l’honorable Housseyni Guindo dit Poulo, a estimé, quant à lui, que « le Mali est une chance pour nous. » Car, dit-il, la prière quotidienne dans nos lieux de cultes contribue à la paix et au pardon, « alors nous avons donc une valeur fondamentale qui est la paix, le socle de tout projet de développement. » Alors que nous devons saisir cette chance et s’engager politiquement pour nettoyer les chemins du Mali avec un balaie de vérité afin de nous assurer la bonne gouvernance.

L’intervention du jeune Moussa Mara, maire de la commune IV et président du parti Yelema, a clos le cycle des adresses des leaders des partis politiques du Pur. Dans son allocution, M. Mara inspiré comme il le faut les grands jours, a remercié vivement nos mères, nos sœurs, nos filles qui se sont déplacées fortement pour cette cérémonie. En s’adressant d’abord singulièrement aux femmes de cette façon, celles-ci ont certainement noté que le Pur aura à cœur le respect du genre et qu’elles ont là une évidente raison de s’y engager résolument. Mara a ensuite raconté une belle histoire dont le héros se nomme Nfatoma. Nfatoma, élu depuis plus de 15 ans, arrive dans sa circonscription pour mener campagne en vue de sa réélection. Il a pris le soin d’amener avec lui quelques tonnes de céréales, de sucre, des ustensiles de cuisine, quelques motos et surtout de nombreuses enveloppes destinées à ses militants. Nfatoma n’a pas d’inquiétude à se faire, il a pris de soin, pendant son mandat, de constituer son trésor de guerre. Il n’a pas hésité, pour ce faire, à s’adonner à toutes les manœuvres. Qu’importe si, pour ce faire, il a passé plus de temps à Bamako que dans sa circonscription ? Qu’importe si ses militants et ses électeurs ne l’ont pas souvent vu, encore moins attiré son attention sur les problèmes de sa localité ? Nfatoma connaît son monde, les responsables du parti sur le terrain qu’il a fait nommer, les responsables des partis à Bamako qui le soutiennent et il sait que s’il l’emporte à nouveau, tout le monde oubliera le passé, son irascibilité, son dédain pour sa base. Il en a l’habitude. Pendant la campagne, Nfatoma promet toujours la même chose : des routes, des écoles, des centres de santé et même des emplois, et il sait qu’il ne pourra jamais les réaliser, mais c’est le jeu.
Cette histoire rappelle des candidats, marchands d’illusions et des militants férus d’illusions et, finalement, des élections illusoires : c’est la règle, Nfatoma le sait et la trouve bien comme ça, après tout. Après tout, n’est-il pas en train de gagner pour la énième fois ? L’ovation populaire qui a suivi prouve que le message a été reçu cinq sur cinq par les militants qui sauront le décoder à bon escient. Le Pur a donc sa raison d’être.

Abdoulaye Kékoro Sissoko

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