Disparu des radars depuis sa démission des instances du Rassemblement Pour le Mali, l’ex Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga a rompu le silence, avant-hier samedi, par le lancement d’une plateforme politique dénommée «Un Mali d’Avenir». La cérémonie a réuni autour de l’ancien chef du Gouvernement d’anciens dignitaires du RPM, notamment le président du groupe parlementaire de la législature défunte, Abdoulaye Fofana, d’anciens ministres ayant servi avec lui comme Amadou Goita, ainsi que nombre de militants et sympathisants de la nouvelle plateforme apparemment crée pour porter la candidature de son président à la future présidentielle. C’est du moins ce que laisse penser le propos du précurseur à travers une profession de foi assimilable à une déclaration de candidature. Les problématiques du moment, les urgences à y faire face ainsi que les défis à relever, rien n’a été oublié dans son discours digne d’une offre politique.
Parlant des urgences du Mali, Abdoulaye Idrissa Maïga a mis l’accent sur la préservation de l’intégrité territoriale, un défi présenté comme un confort de l’esprit de la démocratie et l’essence de la République. Et ce n’est pas tout. D’autres urgences, selon l’ex PM, consistent à ramener les valeurs de probité et d’intégrité au coeur de l’action publique et de fortifier l’Etat de droit au moyen d’une justice au service du progrès et de la collectivité. «Il est essentiel de mener une lutte implacable contre la corruption qui gangrène ce pays et compromet son développement », a-t-il lancé avant d’annoncer la fin de l’impunité.
La liste des défis à relever est beaucoup longue et commande, selon lui, qu’on s’y prenne avec méthode, capacité et sens de l’éthique, courage de faire face aux enjeux. Y figurent, par exemple, la pandémie du Coronavirus et le terrorisme qui, aux yeux de l’ex-Premier ministre appellent à un sursaut national pour y arriver à bout.
Actualité oblige, Abdoulaye Idrissa s’est également prononcé sur la transition. Tout en gardant de critiquer ou d’afficher un quelconque soutien à la transition dirigée par Bah N’daw, l’ancien locataire de la Primature a exprimé le désir de voir le rétablissement de l’ordre, condition sine qua non pour passer à une autre étape et revenir à la normalité républicaine. Il a en revanche dit son soutien aux réformes annoncées par les autorités de la transition, pour autant qu’elles préconisent une nouvelle constitution indispensable, selon lui, pour corriger les insuffisances et préserver l’esprit de la démocratie par la fiabilité des systèmes électoraux et la légalité des actes.
Abdoulaye Idrissa s’est également prononcé sur l’accord d’Alger dont la révision est réclamée avec insistance par la majorité des Maliens. Selon lui, l’accord ne doit pas être intégralement appliqué. «Ce n’est ni le Coran, ni la Bible », a-t-il martelé, comme pour afficher son adhésion à la dynamique d’une révision.
Aussi la plateforme «Un Mali d’Avenir», par la voix de son président, s’engage à restaurer les valeurs du Mali et de la République que sont l’éthique, le patriotisme, le courage, le mérite, la rationalité, la justice et l’exemplarité.
Par ailleurs, le précurseur de la plateforme assure voir tiré les enseignements de toutes les défaillances du rouage institutionnel de la République et assis sa conviction que le redressement de l’Etat au Mali passe par l’impérieuse nécessité de promouvoir le dialogue et la concertation entre concitoyens habités par la même volonté de s’attaquer aux problèmes de leur pays à la racine et préoccupés par la faible capacité de l’Etat malien à s’opposer aux forces de la tyrannie.
Elle promet de s’employer à l’édification d’une paix durable au Mali et d’une aspiration commune à l’avènement d’un Mali d’Avenir où le courage et l’équité triompheront de toutes les barbaries dans un monde meilleur. La nouvelle plateforme d’Abdoulaye Idrissa Maïga s’est également engagée à réhabiliter l’esprit de la démocratie en vue d’assurer le retour effectif de la République, à conforter l’Etat territorial au Mali et à concilier la responsabilité des devoirs de chacun et de tous pour un Mali fidèle à son destin retrouvé.
Un autre temps fort de la cérémonie aura été la série de témoignages dont le ton a été donné par le Pr Younouss Hameye Dicko. Confortant Abdoulaye Idrissa Maïga dans son appel au secours du Mali, le Pr Dicko dira que «le Mali d’aujourd’hui est cassé et brisé». Et d’exhorter au passage les filles et fils du Mali à se mettre à la tâche pour le remettre sur les pieds. Ce fut ensuite au tour de Me Amadou Touré de présenter son «ami d’enfance» comme «un homme de principe, un homme politique averti et un patriote doté du sens élevé de la justice». Toutes choses que l’opinion publique devrait avoir jugé, a-t-il laissé entendre, en se fondant prenant sur son silence depuis sa démission au poste de PM en 2017.
Quant au président du parti « Yelew Kura », Amadou Koita, qui a servi pendant trois ans au Gouvernement sous la direction d’Abdoulaye Idrissa Maïga, il en profité pour témoigner de la «disponibilité et son patriotisme» de son ex patron Opposant avant d’adhérer à la majorité présidentielle, M. Koita dit avoir trouvé en AIM un démocrate sincère et dévoué. «Connaissant votre expertise, je suis rassuré d’entendre que votre silence n’était pas une réserve définitive», s’est-il réjoui en promettant au passage d’être aux côtés de la Plateforme «Un Mali d’Avenir» pour le combat du Mali.
Amidou Keita