Annoncée à coups de renfort médiatique (articles de presse, interviews, tribunes…), la réunion du 14 février du Comité exécutif de l’ADEMA, devant trancher sur une candidature aux couleurs rouge et blanc pour la présidentielle prochaine, aura accouché d’une souris. En effet, l’instance dirigeante du parti, après moult discussions, est arrivée à la conclusion que : « Le parti doit présenter un candidat rassembleur et consensuel issu de ses rangs, à la présidentielle du 29 juillet 2018 ». Voilà la phrase qui a été interprétée de mille façons. Chacun voulant tirer la couverture sur sa position. Sinon, dans la réalité, il n’y a rien de nouveau. Cette phrase émane pour la première fois de la Conférence nationale du 25 mars dernier. Ensuite, elle a été reproduite suite à la retraite du samedi 22 juillet, à l’hôtel Timbouctou où les dirigeants de la Ruche avaient discuté de la même problématique de 10h à 20h. Un alinéa a même été ajouté en ces termes : « … le cas échéant, du candidat issu de la coalition d’un ensemble de partis politiques ».
A la réunion dernière, il semble que le rajout n’a pas été prononcé. On peut donc considérer qu’il a été délibérément omis. Ils ont donc revisité les recommandations issues de la Conférence nationale du 25 mars à savoir trouver : « … un candidat rassembleur et consensuel ».
En clair, les Abeilles sont donc revenues à la case de départ. Est-ce à dire qu’avec cette formulation, l’ADEMA ira aux urnes avec un candidat issu de ses rangs ?
Les deux mots « rassembleur, consensuel » constituent le piège de la décision de cette instance, prévue entre deux congrès. Tout le monde peut prétendre rassembler, mais personne ne peut exiger aux autres de l’accepter. Il est donc difficile, voire impossible de trouver au sein de la Ruche un candidat consensuel. L’ancien président du parti, Dioncounda Traoré, qui pourrait faire, encore que ce n’est pas évident, consensus autour de sa modeste personne, a répété urbi et orbi qu’il n’est point intéressé par le fauteuil de son jeune frère IBK.
Le candidat malheureux du parti en 2013, Dramane Dembélé, avec un piètre résultat autour des 10% est loin d’être ce candidat rassembleur et consensuel. La preuve, c’est que son staff de la présidentielle dernière l’a complément abandonné. Son directeur de campagne d’alors, Harouna Cissé a déclaré récemment que : « Nous gagnerons à soutenir IBK ».
Le maire de Sikasso, n’en parlons pas, parce qu’il n’a même pas droit aux débats qui se déroulent au Comité exécutif. On voit aussi mal un Tiémoko Sangaré défendre les couleurs du parti, parce qu’il ne peut pas continuer à boire la sauce à satiété et ensuite cracher dedans, encore que lui aussi n’est pas consensuel. Le rappel du ban et de l’arrière ban des différentes tendances n’a rien servi dans la mesure où la question n’est toujours pas tranchée.
En clair, dans un système démocratique, il n’y a pas de candidat consensuel. Il se trouve que l’ADEMA a peur du vote pour définitivement trancher cette question et imposer la loi de la majorité à la minorité agissante. Dans ce contexte-là, le dilatoire continue, au moment venu, chacun ira de son côté, sans que le parti ne s’entende sur le candidat « rassembleur et consensuel ». Alors, bonjour la division, vive l’implosion, chacun pour soi, Dieu pour tous. En attendant, c’est le statu quo ante, le retour à la case de départ.
El Hadj Chahana Takiou