Attendu avec beaucoup d’intérêt par l’opinion ainsi que par l’ensemble de la classe politique malienne, le grand débat des Abeilles sur les approches électorales de 2018 aura certes débouché sur la levée définitive des équivoques demeurées au sortir de la retraite politique de l’hôtel Timbuctu. Le conclave du Comité Exécutif n’a toutefois pas déjoué les pronostics en termes de cristallisation des tendances. Il laisse du coup la place au doute et à l’imminence d’un clash, la brèche ouverte à toutes les éventualités et manœuvres.
Pour la circonstance, le siège des Abeilles a littéralement refusé du monde dans l’après-midi du mercredi dernier, une mobilisation dû aux enjeux du sujet ainsi qu’au grand intérêt que les militants accordent à l’issue du débat qui met aux prises deux tendances encore inconciliables de la Ruche. Il s’agit notamment des adeptes de la candidature interne et des partisans du second mandat d’IBK. C’est au bout de moult tergiversations et ajournements, ponctués de chocs des arguments et contre-arguments, que le directoire du PASJ, sous la houlette du président Tiemoko Sangaré, a lâché prise devant les fortes pressions de tirer définitivement au clair la question et de déterminer la démarche à suivre dans le cadre de la prochaine présidentielle. Rendez-vous est ainsi pris le 14 février 2018 pour une réunion du CE qui, enjeux politiques expliquent, allait se singulariser par une mobilisation exceptionnelle de décideurs du PASJ. Et, au bout de trois heures de houleux échanges – y compris d’invectives par moment -, les soutiens du pouvoir n’ont finalement pu faire le poids face à la déferlante d’Abeilles acquises à l’affranchissement électorale en 2018. Les conclusions de la réunion ont ainsi été tirées sans recours à un vote pour départager les tendances, tant la démarcation était nette et la différence prononcée. Des débats il est ressorti en clair la décision du PASJ de briguer la magistrature suprême par son propre porte-étendard, à savoir : un candidat consensuel et rassembleur conformément à l’esprit ayant prévalu tant à la dernière Conférence nationale du parti qu’à sa retraite politique. Ce faisant, le sommet de l’Adema incarne pour une rare fois les aspirations par la base, mais il n’est point évident que les tenants de l’option adverse aient totalement désarmé. Car une chose est d’obtenir le principe de la candidature interne, une autre est de dénicher une personnalité qui réunisse toutes les qualités retenues comme critères sine qua non de désignation du candidat en question.
Visiblement taillés sur mesure, lesdits critères apparaissent à l’évidence comme un appel du pied à l’ancien président Dioncounda Traoré, qui continue d’opposer une farouche résistance aux sollicitations après avoir déclaré, en 2012, qu’il ne briguera plus de mandat électif.
Et si son consentement était encore obtenu, il n’est point impassible de contrariété par des velléités ambitieuses suscitées à cette fin.
C’est dire que la gageure de consacrer la candidature interne, tel que tranché au niveau du CE-Adema, laisse une brèche largement ouverte aux habituels manœuvres et artifices caractéristiques du jeu politique interne de la Ruche. « La lutte continue !», s’est d’ailleurs confié un cacique de la tendance vaincue au sortir de la réunion du mercredi, allusion faite sans doute à l’éventualité d’un rebondissement de la question à l’heure de concrétiser la décision. Autant dire, en définitive, que la polémique de la candidature du PASJ a encore de beaux jours devant elle, à moins que l’écheveau soit démêlé par celui qui est devenu, malgré lui, la clé du problème.
– La balle dans le camp du PM SoumeylouBoubèyeMaiga
Aux portes de la réunion ayant opté pour la candidature interne, l’intention première de la tendance majoritaire était de consacrer en même temps la suspension de la participation du PASJ à la majorité présidentielle, avec comme corollaire le retrait des ministres Adema d’un gouvernement. Mais il nous revient sur la tendance dominante au CE s’est par la suite ravisée au motif que le parti n’avait pas été associé à la nomination desdits membres du gouvernement.
La balle est donc dans le camp du tout nouveau Premier Ministre, qui avait prévenu de l’impossibilité pour lui de conduire sa mission dans une cohabitation flou et illisible. Or, en actant l’option de la candidature interne, l’issue du conclave des Abeilles est pour le moins univoque quant à leur refus refus d’accompagner la dynamique du second mandat d’IBK. SoumeylouBoubèyeMaïga a donc tout loisir d’activer sa menace de purge annoncée ou de s’engouffrer dans la brèche ouverte à l’opportunité d’un renversement de la situation au PASJ en procédant par noyautage.
La Rédaction