L’Adéma-PASJ, le procès permanent

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Victime des attaques récurrentes, l’Adéma-PASJ est considérée comme étant à l’origine de tous les maux du pays. Le parti du président Alpha Oumar Konaré est accusé d’avoir détruit le système scolaire et d’instaurer la corruption. Des accusations très exagérées et contraires à la réalité.

Plus de 20 ans après la fin de son régime, l’Adéma PASJ continue d’être accusée comme le principal responsable de la déchéance du Mali. Le parti de Feu Abdrahamane Baba Touré est systématiquement mis sur le banc des accusés par de nombreux Maliens avec toujours la même rengaine : destruction de l’école et la santé et institutionnalisation de la corruption comme mode de gestion du pays.

Pourtant, les faits démontrent le contraire. En 1992, l’école n’existait que de nom. Avec un taux de scolarisation qui frôlait le néant, il était de 2% au niveau du supérieur. Entre 1968 et 1989, le taux de scolarisation passe de 29% à 22% (SALL Alioune, Quelle école au Mali ? Textes fondamentaux 1962-1994, Bamako, SODIFI, 1994 cités par Véronique Hertrich et Seydou Keïta, Question de population au Mali).

S’y ajoutent une absence de tables bancs dans les salles de classe et une insuffisance du personnel, conséquence des politiques d’ajustements structurels initiées par le FMI et la Banque mondiale appliquées par le régime du général Moussa Traoré. À partir de 1979, le pays a connu trois longues années blanches appelées à l’époque suspension (ce qui est un doux euphémisme) au niveau de l’enseignement supérieur.

À la fin du régime Adéma-PASJ en 2002, malgré les insuffisances, le taux de scolarisation s’est largement amélioré (64.5%, 75% pour les garçons, 54% pour les filles) en dépit du boom démographique (conséquence de l’amélioration des conditions de vie des Maliens) faisant augmenter les dépenses au niveau de l’éducation, des salles de classe construites et équipées et des enseignants recrutés.

La santé aussi ne fait pas exception. À l’arrivée de l’Adéma en 1992, le taux de mortalité était 20,1‰ et a chuté à 17,1‰ en 2002, année du départ du président Konaré qui rendait ainsi le pouvoir à son successeur démocratiquement élu. Pendant ce temps, le taux de natalité s’est maintenu à 48‰. Des chiffres vérifiables sur le https://www.donneesmondiales.com.  Ce qui a entraîné un accroissement rapide de la population. Lequel est le résultat de l’amélioration des conditions de vie des Maliens. Ceux-ci sont rendus possibles grâce à la vision des Abeilles et leurs alliés de l’époque.

En ce qui concerne la corruption, elle a toujours existé au Mali depuis son indépendance, n’en déplaise aux détracteurs de la démocratie et de l’Adéma-PASJ. Il suffit juste de rappeler l’opération taxis et la bataille de Oulessébougou, sous la première République, et les villas de la sècheresse, sous la 2e République, pour s’y rendre compte. Aussi à l’époque, les Maliens n’avaient pas de canaux pour dénoncer le phénomène contrairement à l’ère démocratique où les citoyens ont beaucoup de canaux pour dénoncer la situation.

Cette situation fait que le citoyen a beaucoup plus impression que le phénomène est beaucoup plus important maintenant qu’autrefois. Et puis, la rareté des ressources à l’époque n’était pas de nature à favoriser la corruption. Ce qui ne dédouane toutefois pas le régime Adéma-PASJ, qui n’a pas su lutter rigoureusement contre le phénomène.

Travailler à corriger les insuffisances tout en consolidant les acquis

En dépit de ce qui précède, des Maliens continuent de faire un procès permanent au parti du président Konaré en le condamnant à la guillotine, cela bien avant la tenue du jugement. Une condamnation qui n’est point une surprise dans un pays où on a pris la fâcheuse habitude de ne pas chercher loin dans la recherche des solutions aux problèmes posés préférant se cacher derrière ses sentiments pour désigner des boucs émissaires.

C’est ce qu’on appelle la culture de l’instant. Et dans ce jeu, l’Adéma-PASJ, qui a dirigé le pays de 1992 à 2002, est le bouc émissaire parfait surtout que le pays est plongé dans une crise multidimensionnelle depuis 2012.

L’attente de la population était légitime, mais les défis à l’époque étaient immenses. Le désenchantement du peuple était à la hauteur de l’immensité des tâches. Mais de là à peindre le tout en noir relève de la phobie de la Ruche et équivaut à jeter l’enfant avec l’eau du bain.

L’erreur du parti de l’Abeille solitaire et des démocrates, c’est de faire croire à la population que la démocratie, à elle seule, peut régler tous les problèmes du Mali. Ce qu’a d’ailleurs reconnu l’Africain du Mali avant la fin de son mandat.

Ceux qui critiquent la décennie de gestion de la Ruche oublient opportunément de rappeler que le Mali était un pays croupissant sous le poids de la mauvaise gestion où les fonctionnaires pouvaient faire quatre à six mois sans salaires où les services sociaux de base étaient complètement inexistants. Les enseignants qui faisaient sept ans sans avancement ni en grade ni en salaire peuvent en témoigner.

Comme toute gestion, celle du pays par l’Adéma PASJ comporte des manquements et des insuffisances qu’il faudra travailler à corriger tout en consolidant les acquis. C’est d’ailleurs sur ce terrain que les autorités actuelles et leurs soutiens sont attendus au lieu de passer tout le temps à jeter la pierre sur ceux qui ont dirigé le pays avant eux.

Abdrahamane SISSOKO

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3 COMMENTAIRES

  1. “Comme toute gestion, celle du pays par l’Adéma PASJ comporte des manquements et des insuffisances qu’il faudra travailler à corriger tout en consolidant les acquis. ”
    Le journaliste a tout dit ici. Beaucoup oublie que l’ADEMA est absent du pouvoir depuis 2002 soit 23ans. Certains vont jusqu’à expliquer le déclin de l’Armée par les vieux fusils brûlés symboliquement lors de la cérémonie de la Flamme de la paix àTombouctou en oubliant superbement qu’en 78, Moussa Traoré a décapité tous les Etats Majors de l’armée et toutes les directions de la Police. Grâce au système financier adopté par le système ADEMA, les maliens pourfendeurs compris, n’ont plus connu de retard de salaire. Reconnaissez à Alpha le mérite d’être le seul Chef d’État au Mali sorti la tête haute du pouvoir et ce ne sont pas les crises qui ont manqué en son temps. Celle de 1997 aurait fait fuir plus d’un.
    Il est plus facile de prendre un pouvoir à terre (chute de IBK) que de diriger un pays surtout lorsqu’on ne sort que des rangs. Quand le vent soufflera de face; sauve qui peut.

  2. Moi aussi je ne partage pas l’idée la corruption sous le régime démocratique était plus grande que sous la dictature corrompue de Moussa TRAORE. Je pense que la prévalence de la corruption a été pour beaucoup dans la chute de ce régime.
    Il y a cependant deux choses qu’il faut dire:
    1. Les avancements n’ont jamais été bloqués sous le régime de Moussa TRAORE, mais il y a eu des années où ils n’étaient pas pris en compte financièrement. Par contre le régime de l’ADEMA les a bloqués pendant des années pour ne pas avoir à les payer;
    2. L’abondance des ressources ne pas être un justificatif de la corruption, sinon le Luxembourg qui a PIB per capita le plus élevé au monde serait le pays le plus corrompu, ce qui est loin d’être le cas.
    Un problème reconnu est à moitié résolu. Au Mali, notre spécialité est d’accuser tous les autres sauf nous-mêmes. Le problème réside dans le comportement du peuple. Chacun cherche le changement sans jamais vouloir changer soi-même.

  3. Sissoko tu ments dans ton analyse, nous n’aimons pas les gens qui ont des problèmes avec la verite en effet que tu le veuilles ou pas l’ADEMA-PSJ d’Alpha Omar Konare est a l’origine de la grande cleptocratie au Mali et de la mauvaise gouvernance!

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