Le griot n’a pas honte, dit l’adage. Mais son front transpire, s’empresse d’ajouter l’adage. Le peuple malien le tenait à l’œil. Il se savait tenu à l’œil. Finalement, L’Alliance pour la Démocratie au Mali a posé sa main sur sa tête à lui. Comme on le dit chez nous. Notamment, lorsqu’un majeur se comporte en mineur. Le parti africain pour la solidarité et la justice a opté pour un et un seul candidat. Le Professeur Dioncounda Traoré, Président du parti. Cela s’appelle consensus!
Succulent fruit qui se produit et se consomme à plusieurs. Et avec quelle délicatesse ! Exactement, comme le fruit de la ruche, le miel.
Décidément, les bons de l’ADEMA ont fait office de responsabilité. Ils ont, irrémédiablement, tourné dos au vent de la rénovation. Et, enfin, assumé l’air suave du consensus.
Evidemment, dans la suite logique de la conférence inaugurale de la saison 2010-2011 du parti. Conférence tenue le 13 novembre 2010 à la Maison de la presse. Et sous la présidence du Professeur Dioncounda Traoré.
En effet, ce jour-là, le Président du parti s’est exprimé à propos du désastre de la rénovation. Et a donc, sans ambages, affirmé : « Nous avons tiré les leçons du passé. Nous ne sommes pas des mauvais élèves ».
Comment être mauvais élèves ? Un nouveau vent rénovateur pourrait vider le parti de sa substance.
Pour une fois donc, les intérêts sordides se sont tus. Au profit de l’intérieur supérieur de la nation ADEMA-PASJ. Une nation, il est vrai, mise à rude épreuve aujourd’hui. Tant de ses entrailles sont sortis le MIRIA, le RPM, l’URD. Et, suprême malheur, un autre ADEMA-PASJ, en 2002. Le fait partisan et la démocratie en ont pris un sacré coup. Un indépendant, de surcroît militaire est porté au pouvoir. Et de façon tellement éhontée. Surtout quand on sait que c’est en violation flagrante de la Constitution. Celle-ci imposant la démission pure et simple à tout militaire qui postule pour Koulouba. Le Général ATT a choisi la voie aussi facile qu’illégale de la retraite anticipée.
Bref, autant de déchirures qui n’ont pas fait que rénover l’ADEMA-PASJ. Le parti en saigne encore. Et sa plaie encore béante doit être pansée.
Autant d’actions salvatrices qui n’ont aucune chance de réussir dans la cacophonie. Une cacophonie dans laquelle les abeilles s’étaient jusque là mues. Comme pour dire que les abeilles forment une société organisée.
Et le peuple averti du Mali sait à quel point les abeilles de chez nous sont organisées. Si organisées qu’elles sont venues à bout de la dictature vieille de vingt trois ans. L’ADEMA-PASJ étant la réunion de toutes les abeilles. Comme dit le Professeur Ali Nouhoum Diallo. Une tradition avec laquelle les abeilles avaient cependant rompu.
Fort heureusement, les abeilles se réconcilient avec la tradition. La leur. Et conformément à la Conférence de presse du 13 novembre 2010. Ce jour-là, il s’est également agi là de « ramener le parti à ses valeurs fondatrices, de réhabiliter le débat au sein du parti ».
Aujourd’hui, cet objectif connaît un début d’exécution. C’est à l’honneur du parti.
Mais, chassez le naturel, il reviendra au galop, dit-on. L’ADEMA-PASJ ne va-t-il pas retomber dans le sordide ? Surtout quand on sait que la tête de son candidat 2012 ne plaît pas à tous au sein de l’ADEMA. Beaucoup voient en lui un leader plutôt mou. Un mou qui dirige quand même l’Assemblée Nationale du Mali et assure l’intérim du Président de la République. Et jusque là avec plus ou moins de bonheur.
En définitive, l’ADEMA-PASJ a intérêt à se montrer effectivement « parti sérieux » comme l’a clamé son Président ce 13 Novembre 2010 lors de leur conférence refondatrice. Sinon, 2012 c’est ici et maintenant. Et, la recréation, visiblement, est terminée. Or, comme dit l’adage, qui veut voyager loin, ménage sa monture.
L’ADEMA-PASJ se donnera-t-il les moyens de ménager sa monture ?
Wait and see !
Hawa
Bamako