Ces derniers mois, l’arène politique était marquée par le choix interne de l’Adéma. Seulement ne devient pas candidat de la ruche qui veut et c’est IBK qui a été choisi. Cette fois encore le parti de l’Abeille fait le suivisme au mépris de son passé.
Qu’on ne s’y trompe pas, le président sortant est le candidat de l’Adéma mais l’opinion semble avoir tranché. Assez de Maliens estiment que le ruche est devenue une coquille vide au fil des mois. La faute à l’éternel suivisme que beaucoup considèrent finalement comme une faiblesse de l’ancien parti présidentiel, qui ne serait plus à même de présenter un candidat à la magistrature suprême. A l’approche du 29 juillet, la ruche est en ébullition. Et cela a mis à mal cette formation qui s’est parfois attiré les foudres du pouvoir.
Alors qu’on parlait d’un renoncement du candidat interne favori Dioncounda Traoré, une nouvelle avait plombé les ailes des Abeilles : celle d’un limogeage de Moustapha Dicko par le chef de l’Etat. En effet, celui qui représentait IBK à la Francophonie a vu son décret abrogé. Une sanction de Koulouba qui devait être suivie du remaniement ministériel tant annoncé. Le PM Soumeylou Boubèye Maïga voulait déposer tous les ministres adémistes mais il fut désavoué par son employeur d’IBK. Car des leaders parmi lesquels le député Yaya Sangaré, renforçaient le RPM afin que le président sortant soit le choix de l’Adéma.
Une dissidence a vu le jour avec les frondeurs que sont Dramane Dembélé et Kalfa Sanogo. Au-delà de ces empoignades où IBK en véritable père fouettard finira par pomper l’insecticide neutralisant les abeilles ambitieuses, le regard doit être porté sur certains aspects.
Depuis 2007, l’Adéma s’est adonné à cet exercice de soutien de leaders qui ne sont pas issus de ses rangs. C’est d’ailleurs ce qui faisait que Modibo Sidibé était intéressé un temps par une candidature aux couleurs de l’ex-parti au pouvoir. Et chaque fois, les bourdonnements de la ruche ont fini par diviser la maison.
Malgré la présentation d’un candidat en 2013 en la personne de Dramane Dembélé, le deal d’alors n’a pas été respecté. Le FDR, qui avait promis de se soutenir au second tour, a été mis à mal. Le porte étendard de l’Adéma avait opté pour celui du MP-22.Une choix qui aura surpris et conduit par exemple à une guerre ouverte entre Iba Ndiaye et Ibrahima Ag Oumarou. Le premier est finalement parti à l’URD tandis que le second a posé ses valises au RPM.
On peut donc s’attendre à pareil cas au lendemain du 29 juillet 2018. Car Koulouba 2018 a mis à nu plusieurs tendances rivales dont celle dirigée par le député Issa Togo. Le président du groupe parlementaire a fortement croisé le fer avec son collègue du Wassoulou Yaya Sangaré qui disait à qui veut l’entendre qu’IBK était le choix de ruche. Au final on se retrouve toujours avec l’Adéma contre… l’Adéma.
L’unanimité n’est donc pas réelle au sein du parti de l’Abeille car il suffit que le fauteuil présidentiel soit à pourvoir pour que les divisions soient affichées. Un effritement du miel au final, car des fils du parti ont été démis de leurs fonctions dans l’administration du fait de leur appartenance tandis que d’autres ont quitté la famille de la ruche du fait de leur candidature contre le parti.
Il est évident qu’il sera compliqué de recoller les morceaux au lendemain des présidentielles. Néanmoins l’Adéma aura une carte à jouer avec le départ de Poulo du gouvernement. Ses ambitions électorales feront que la ruche pourra reprendre son “mariage“ avec le RPM interrompu par la Codem. La faute à une combinaison réussie entre un certain Karim Kéita et Hadi Niangadou : alliance qui mettra à mal l’Adéma aux communales de novembre 2016.
L’espoir est donc permis sauf que l’Abeille politique aura contribué à l’hégémonie du RPM qui risque d’écraser la concurrence au sortir de juillet 2018. Le soutien de l’Adéma fait d’IBK, le méga favori du vote même si…
Idrissa Keïta