La nouvelle vice-présidente de la commission dialogue et réconciliation est une éducatrice, une formatrice, une consultante et cadre du développement. Oumou Touré, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est la présidente de la Coordination des associations et ONG féminines du Mali (Cafo). Formatrice en approche genre et approche basée sur les droits humains, Oumou a commencé son combat pour l’égalité des chances pour tous les citoyens dès sa tendre jeunesse.
Pour prouver leur engagement à servir leur pays, Oumou et 16 de ses collègues maitrisards vont créer la première structure de ramassage des ordures ménagères à Bamako dans les années 90. “ Il y avait parmi nous l’actuelle ministre de la Famille, de la promotion de la femme et de l’enfant. C’est pour vous dire qu’il n’y a pas de sot métier ” aime-t-elle rappeler. Engagée et déterminée, Oumou pense que le diplôme est un moyen et non une fin. ” Nous collections nous-mêmes les ordures, nous montions sur nos camions et nous n’avons jamais utilisé de manœuvres ” a-t-elle déclaré.
Une vraie révolution à Bamako, tous ceux qui les ont vus faire ce travail, ont de l’admiration pour elles. ” Mes camarades et moi étions les seules diplômées jeunes femmes à répondre au nom de la gente féminine sans emploi, mais à la différence des autres, nous étions en train de créer notre propre emploi à travers la Coopérative des femmes pour l’éducation, la santé familiale et l’assainissement (Cofesfa) “, dit-elle en ajoutant que ce sont les plus beaux moments de sa lutte pour montrer que la femme est capable et qu’elle est en mesure de tout faire si elle est soutenue et motivée.
Active, Oumou a été de tous les combats pour la démocratie, la justice et la liberté dans notre pays.
” J‘étais avec mes camarades tout le temps à la bourse du Travail auprès des hommes et des femmes pour un changement dans notre pays “. Militante dans l’âme, Oumou Touré a toujours été auprès de ses ainées. Elle a été la plus jeune membre du Collectif des femmes du Mali (Cofem) l’une des premières associations créées après la chute du parti unique.
Son engagement lui a valu d’être à la tête de la Cafo pour mieux faire avancer la cause des femmes par le mérite et non par la mendicité.
Ambitieuse, Oumou Touré a postulé à un poste au Haut commissariat des Nations unies pour le bureau régional de l’Afrique de l’Ouest comme experte genre et droit de l’homme. Son objectif était de comprendre les outils, voies de recours, et les mécanismes internationaux. Peu de temps après, elle va arrêter son contrat pour rentrer et s’impliquer amplement dans le processus électoral. ” J’ai vu comment les organisations de la société civile sénégalaise ont préparé les élections .Enfin c’est pour vous dire que mon parcours est un engagement et une conviction propre. Je m’y trouve parce que je sais de quoi je parle et pour qui je le fais et personne ne me détournera de ce chemin muri et voulu “.
Ne baissant jamais les bras, Oumou Touré soutient les femmes maliennes qui, étant les piliers des familles et des communautés ont été confrontées à une adversité extrême. Elle s’insurge contre les maux qui rongent les femmes. Ces dernières sont également exposées à de nombreuses injustices sociales et pratiques socioculturelles néfastes, qui se répercutent sur leur santé et leur développement en général.
Pour elle, il faut donner aux femmes maliennes la possibilité de libérer pleinement leur potentiel, pour leur propre épanouissement et pour la prospérité de leurs familles et de leur pays.
Avec amertume, Oumou se dresse contre les décideurs qui, selon ses dires, jouent avec les femmes. De son analyse, il ressort que les femmes du Mali sont partagées entre les détenteurs du pouvoir qui les mettent dos à dos en s’appuyant sur leur pauvreté, leur vulnérabilité et souvent leur fragilité. La mise en œuvre de la politique genre devient un impératif pour la présidente de la Cafo.
“ Les femmes maliennes à tous les niveaux doivent ouvrir grandement les yeux et voir comment on est en train de perdre nos acquis obtenus au prix de notre sang et de celui de nos enfants et voir comment se passent les nominations. On nous parle d’incompétence, à notre avis l’incompétence touche tous les genres, on nous parle de manque de solidarité, les hommes qui ont mis le pays à feu et à sang ne sont pas plus solidaires que les femmes qui malgré tout sont toujours prêtes à démontrer leur tolérance, leur assistance et leur patriotisme “. Mère de trois enfants, Oumou évolue dans la promotion des droits des femmes et filles et le développement local. A la tête d’une ONG de développement communautaire dénommée ” Woïyo Kondeye ” elle travaille depuis 1995 avec les populations locales. Elle vient d’être récemment nommée vice présidente de la commission dialogue et réconciliation.
Fatoumata Mah Thiam KONE
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