« Plus rusé qu’ATT, tu meurs ! », avons-nous un jour entendu de la bouche d’un étudiant de l’ENI. Nous serions presque tenté d’en convenir avec lui. Surtout qu’ATT, sous prétexte ( ?) de l’inauguration du Pont de Wabaria, a choisi, cette année, Gao pour célébrer, avec les membres du gouvernement, le 46ème anniversaire de l’indépendance de notre pays.
Du coup, les cogiteurs s’en font une raison : le choix du lieu n’est pas un signe du hasard, oh que nenni ! Mais plutôt, le fruit d’une mûre réflexion. Surtout que, cet anniversaire était placé sous le signe de… « l’Unité, la Cohésion et la Paix ». Est-ce un message codé, sous forme d’avertissement, à l’endroit des insurgés du 23 mai dernier ?… En tout camp, le Général n’a pas manqué de tonner à l’occasion : « … l’Armée sera partout présente, au Nord comme ailleurs, pour la défense de l’intégrité territoriale et la sécurité des populations ! ». Et vlan !…
Bien sûr, dans son message traditionnel à la Nation, le Général a eu une pensé pieuse aux pionniers de notre indépendance. Il a parlé de la LOI d’Orientation agricole, censée booster le secteur agricole. Mais aussi des 34 milliards CFA, injectés, par les partenaires au développement, dans différents secteurs de la vie sociale et économique. De la préservation de la paix dans notre pays, objet de l’accord d’Alger. Des nouvelles dispositions arrêtées, dans le code électoral et la CENI, en vue d’améliorer la participation du citoyen aux élections. Du renforcement de la bonne gouvernance, par la protection des droits humains… Dans tout cela, il n’y a « rien de nouveau sous nos cieux », comme dirait l’autre. Mais là où le message fait dresser les pavillons (les oreilles), c’est par deux annonces de taille.
D’abord, la prochaine conférence sur le développement, concernant des trois régions du Nord, et qui sera organisée… à Kidal, avec, pour thème, la Sécurité. Ensuite, le futur, redécoupage administratif, en vue de rapprocher, davantage, les populations – donc les administrés – des administrateurs, pour plus d’efficacité. Le Mali est, en effet, cinq fois plus vaste que le Sénégal, et trois fois le Burkina Faso. Mais sa population est la même (en nombre d’habitants) que ces deux pays. Pourtant, ces deux pays sont repartis, chacun, en huit régions. C’est tout dire, quand on pense qu’à lui seul, le Burkina Faso est divisé en 30 provinces. Que dire ou faire alors, quand on pense qu’en dépit de leur faible concentration démographique, les régions de Kidal et de Tombouctou représentent, respectivement, le 5ème et le tiers du territoire national ?…
Le futur redécoupage administratif concernera donc ces deux régions du Nord ainsi que celles du Sud. Le choix de Kidal pour abriter ladite conférence est éloquent : il s’agit, certes de sensibiliser, raisonner, ou convaincre (c’est selon) les populations du Nord – et de Kidal – de la nécessité et de l’objectivité de ce redécoupage. Il s’agit, surtout, d’ériger un garde-fou contre… les effets pervers de l’accord d’Alger ! Voilà un coup de massue, que les insurgés du 23 mai, n’ont pas vu venir. Et l’on imagine, d’ici, la mine contrariée, voire défaite, de la clique rebelle. Sacré ATT ! On le savait Général et soldat. Mais « les autres » ne le savaient pas, aussi, efficace en riposte. Car, la meilleure stratégie, pour juguler tout risque de rébellion dans ce vaste Nord, c’est de la fractionner en régions et cercles. Du grand art ! Qui ne nécessite aucune sanction et … qui rentre dans le cadre du développement.
Le Viator
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