La polémique enfle au RPM : Les réunions tournent en foire d’empoigne entre anciens et nouveaux militants

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Une vue du présidium lors de la conférence de presse
Une vue du présidium lors d’une conférence de presse du RPM (photo archives)

La digestion du flux des nouveaux arrivants se fait dans la douleur. Des responsables locaux du parti du tisserand crient aux envahisseurs. Qui jouent des coudes pour se faire une place au soleil.

Les instances de renouvellement des structures de base ressemblent à de véritable foire d’empoigne. Les « anciens » militants brûlent d’envie de confiner les « nouveaux » dans le rôle de vernis  participatif, de porteur de seau d’eau. Et ambitionnent de se réserver tout le miel. Légitime répondent-il en cœur après avoir des années de vache maigre, des années passées à se départager de maigres portions offertes par le régime d’Amadou Toumani Touré. Mal les a pris. En politique, les passions démangent. « Les  nouveaux ont des dents longues»  proteste un responsable local du Rassemblement pour le Mali (RPM, parti au pouvoir) calé dans un gros fauteuil installé au siège de la section III du district de Bamako. « A peine arrivé, ils veulent nous ravir les postes importants » s’empresse–t-il d’ajouter.

La polémique enfle entre les deux parties. Au point d’escamoter l’essentiel du débat sur la mise aux postes clés des personnes profondément sociales, donc douées de réelle capacité de mobilisation des électeurs afin de les conduire aux communales et régionales reportées sine die. Ces élections ont valeur de test pour le RPM décidé à à dérouler son rouleau compresseur. Les assemblées générales tournent en queue de poisson. De report en report, histoire de calmer les ardeurs, la tension prend de l’épaisseur. D’aucuns se réunissent à l’insu du plus grand nombre et souvent en intelligence avec le superviseur de la direction nationale du parti qui avalise le bureau mis en place. Le lendemain ou surlendemain, la réplique est portée par les « indésirables » qui font pieds et mains aux fins d’obtenir l’onction d’en haut. Bamako remporte la palme d’or en la matière. Cependant la Cité des trois caïmans est marquée à la culotte par une flopée de régions du pays, notamment Gao.

Les « nouveaux » militants sont restés sourds aux injonctions des « anciens ». Ils n’entendent point descendre leur marmite du feu au motif que d’autres veulent installer la leur. « Seuls les militants sont habilités à trancher.  La dichotomie anciens et nouveaux militants frise le ridicule. D’ailleurs, c’est parce que nous avons voté le candidat RPM au second tour des législatives que nous avons été radiés de l’Adéma » a rétorqué un militant.

Ceux qui jouent aux sapeurs pompiers sont tournés en dérision. Tantôt, ils sont accusés de travailler en sous-marin pour tel ou tel candidat, tantôt traités de véritables torpilles entre les mains des adversaires politiques. Dans un tel climat malsain, les insultes, les intimidations sont monnaie courante. Et s’accompagnent régulièrement de scènes de pugilat.

Rien n’indique pour l’instant le retour au calme. La direction du parti ne donne guerre des signes de domination de la situation. Qui, si rien n’est fait, il pourrait s’agir du dernier clou porté au cercueil des ambitions de remporter haut les mains les élections communales et régionales. Dans une formation politique, l’existence de tendances entretient le fonctionnement démocratique. A l’inverse, le faux débat sur la notion de nouveaux et anciens militants est mortel  pour les ambitions d’un parti.

Georges François Traoré

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