La 3ème cuvée des gouvernements made in Sebenikoro et étiquetée « Le Mali d’Abord » a apparu aux Maliens tel un OVNI : Objet indéfini Volant on ne sait à quelle altitude ?), et Non Identifié c’est le bouque non ? On ne sait pas trop de quel aéroport ça décolle ni vers quel rivage atterrir. La motivation de sa mise en place, de cette façon et en ce moment précis demeure insaisissable, car la logique veut qu’on ne peut changer d’équipage au milieu du gué. Certains changements déroutent complètement et d’autres laissent perplexe (pourquoi Ba N’daou est parti ? Et pourquoi Choguel? Même récompense que pour « Dra » ? Et Tieman à la défense ?…). Cette nouvelle mouture a si bien dérouté que certains ont parlé de « gouvernement Mara II ». Et aussi, ou surtout, les exigences des Ptf (qui réclament à cor et à cri la peau des « brebis galeuses ».
A ce lot, déjà lourd, il conviendrait d’ajouter des relations tendues avec certaines couches sociales, l’opinion nationale sur certains dossiers et les partenaires sociaux. Sans oublier ces interrogations légitimes qui ne manqueront pas de tarauder les esprits de ceux qui connaissent bien les relations IBK-Adema ; voir Alpha. On croyait à l’imminence d’éclaircie à ce niveau et voici les nuages gris. A cet égards, certains départs et arrivées posent questions et amènent à se demander : « qu’est qui se passe ? ». Des bons offices étaient en action et on nous susurrait qu’IBK était très désireux de renouer certains fils tendus, sinon rompus.
Assurément, certaines choses ne sont pas très catholiques dans la nouvelle mouture de gouvernement par rapport à son devancier. Coincé et mis en place après moult remous (« surfacturations », achat d’items militaires et autres « malversations », avion présidentiel, etc.) et avant la signature problématique à Alger dont on ne sait pas trop quelle en sera la couleur de pages, ce gouvernement sera assurément de courte durée – un GDD. Il durera le temps d’une rose (une rose pour qui ?). Car une fois un accord signé (et il le sera par la volonté de la France), le commandant de bord qui aura piloté cet engin gouvernemental Air XXX sera débarqué en parachute et le rafiot volant continuera sa route sans lui. En effet et quel que soit la nature de cet accord, Modibo Kéita, 73 ans, fera valoir ses droits à la retraite. Un repris bien mérité après 4 décennies sur les fronts. To tè ko to kolokololà.
Pour rentrer un peu plus en détails sur les obscurités et le flou artistique de ce nouveau gouvernement, relevons en quelques aspects significatifs pour notre propos.
Satisfaire le chou et la chèvre : le nord et les bailleurs
Tout d’abord le cas Tréta, Secrétaire général inamovible du Rpm – le parti on ne peut plus majoritaire. Voilà un monsieur qui incarne une tendance au sein du parti présidentiel qui bataille dès le début pour avoir la Primature. IBK a voulu prendre tout le monde, en commençant par son parti, de vitesse pour constituer son équipe en catimini. Mais la bande à Treta était à l’affut qui a fait blocage – d’où la non lecture de la liste de ministres à 20 heures lors du JT. Or nommer Tréta PM, c’est mettre une partie non négligeable de son parti contre lui. Alors, super IBK a réussi à couper la poire en deux : le faire monter en grade pour en faire un Pm bis, en attendant…Et Bocari Treta remplacera à la place N°1 dans l’ordre de préséance, un certain Mohamed Aly Bathily, ministre en charge de la justice dans le gouvernement sortant, membre du cercle restreint du chef et chef lui-même des associations qui croient avoir fait élire IBK..
Le cas Bathily constitue un autre exercice de trouver compromis de coupure de poire en deux. En effet, les bailleurs de fonds ne voulaient plus sentir le désormais ex ministre de la justice. Ce compagnon fidèle qui est aussi un pilier sûr du système IBK. Pour résoudre le problème, le « kankeletigui le fera enlever de la justice où il posait un problème aux Ptf, le fera rétrograder – un détail qui plait aux mêmes Ptf qui attachent une grande importance à ces choses là- mais il gardera son ami au sein du gouvernement. Comme on dit chez nous, si les bailleurs de fonds ne cherchent pas autre chose, cela devrait leur aller.
Côté préoccupation capitale, il semblerait que Sebenikoro a concocté ce GDD avec entre autres deux impératifs majeures qui visent uniquement et exclusivement la signature d’un accord à Alger. Tout d’abord, contenter les Ptf, garantir leur soutien et surtout tout faire pour éviter une autre rupture. Cela passait par un coup de balais conséquent pour sortir les « brebis galeuses » du gouvernement dont les bailleurs de fonds réclamaient la peau à cor et à cri : Fily, Camara, Ben Barka, et aussi sans oublier le désormais ex ministre de la justice ; accusé par les Ptf de couvrir les « malversateurs ». Le point est ensuite, attaquer le dossier du nord à l’orée de prolongations à problèmes des négociations. Tout mettre de son côté pour les réussir comme il l’entend lui et personne d’autre. Tout obstacle devant être arraché sans état d’âme.
Et sur ce terrain aussi, IBK fait face à des exigences incontournables. Elles émanent, ces exigences et de la part de ceux qu’on désigne candidement les « groupes armés » et de la part de « la communauté internationale », c’est à dire les baileurs de fonds les bailleurs de fonds : le Mali entre les deux mâchoires de la même tenaille. Les Touareg ne voulaient pas de Mara (depuis les 17 et 21 mai 2014) et ce dernier, Moussa Mara, ne voulait pas signer ces accords tel quel. Il ne voulait pas par exemple de la distribution généralisée de grade de général aux rebelles – idem pour l’ex ministre de la défense, Ba N’daou. Par contre, le courant passait bien entre Modibo Kéita et eux. Ceci explique peut-être cela. Là réside la principale raison du départ de Mara – comme O. Tatam Ly, il a payé le prix de son « entêtement ».
IBK a aussi un tout petit peu recherché à caresser certaine opinion (qui lui a beaucoup reproché, soit dit au passage, de ne considérer que l’étranger), en gommant une dame, à notre avis valable, comme Togola Jacqueline Marie Nana surnommée par ses détracteurs « Madame bougie » (référence aux examens de bac la nuit dans les salles de classes sans lumière.
Un autre aspect notable de ce gouvernement qui pose question est celui qui implique les relations du prince avec l’Adema. Le départ du « Père de la décentralisation », Ousmane Sy, n’est pas banal en ce sens. Et surtout en ce moment précis. Nous étions en droit de le voir conduire ce dossier du nord à terme. Conjugué avec l’arrivée de « Dra », qui récolte là le prix de sa « trahison » vis-à-vis du Fdr, de l’Adema son parti et de Soumaïla Cissé, ce départ du pape de la décentralisation déroute. Pour mémoire, les forces du Fdr avait signé un engagement à soutenir celui d’entre eux qui parviendrait au second tour des présidentielles 2013. Ce fut le candidat de l’Urd « Soumi champion ». Mais, contrairement à toute attente, « Dra » avait appelé à voter IBK.
Enfin, il convient de relever le cas du ministre Abdoulaye Idrissa Maïga qui a gardé son maroquin tout en l’échangent contre celui de l’Administration territoriale. Autrement dit, il lui échoit la lourde tâche de suppléer le para reconnu de la décentralisation au pied levé alors qu’il avait la tête totalement plongée dans l’Environnement, l’Eau et l’Assainissement. Il est incontestablement celui qui fait face au défi le plus difficile dans ce gouvernement de début de l’année. En quittant l’Environnement, l’eau et l’Assainissement pour l’Administration territoriale, il monte, en importance et en position, mais le job est ardu. Mais c’est justement pour cela qu’il a été choisi non ?
Amadou Tall
On est partagé par un sentiment d’inachevé pour la composition de ce gvnmt: d’une part Modibo Kéita rassure, d’autre part avec l’entrée des chefs de partis comme Moutaga, Choguel, Dra, THC, Poulo. Ca ressemble beaucoup à un partage de gateau, surtout avec des hommes politiques qui ont trahi IBK, trahi ATT et qui vont encore trahir IBK ou un autre… Ne pouvait-on pas trouver d’autres cadres de ces partis?!
Comments are closed.