Un gouvernement de large ouverture. Il faut comprendre par cette expression le fait d’impliquer toutes les composantes politiques dans la gestion des affaires publiques. C’est bien cela un des aspects saillants du style ATT, fondé sur le souci de l’équilibre. Pouvons-nous mieux dire si nous savons que, sur un gouvernement de 32 membres, 16 d’entre eux étaient déjà dans l’ancienne équipe ? Ils ont été donc reconduits. C’est dire que la moitié de l’équipe sortante reste aux affaires, même si quatre d’entre eux ont changé de poste.
Un jeu d’équilibre en somme. Comme ATT aime s’y adonner depuis son élection en avril 2002. En effet, candidat indépendant soutenu par des pans entiers d’autres formations politiques et de la société civile et, par respect pour son thème de campagne “Retrouvons ce qui nous unit”, ATT a toujours incarné le rassembleur. Sa méthode, fondée sur un dialogue permanent, ne pouvait souffrir d’aucun parti pris. Il faut donc être au-dessus de la chose partisane, voire se situer à équidistance des partis politiques. Un subtil jeu d’équilibre qui fondera toute sa démarche, toutes ses actions. Au point d’érafler parfois son autorité, lorsqu’il s’agit de sévir contre des ministres fauteurs de troubles ou impliqués dans des histoires de corruption.
La création du PDES, dont ses membres se réclament tous amis du président de la République, avait commencé à saper cet équilibre. L’avènement de ce parti sonnait comme un refuge pour bon nombre de ministres soucieux de conserver leur strapontin. Mais à malin, malin et demi, a-t-on coutume de dire ! Sont pris à leur jeu ceux qui croyaient prendre car au nom du principe du large consensus, disons de l’équilibre politique et social si cher à ATT, seuls trois des six ministres PDES sont retenus : Hamed Diané Séméga, Maharafa Traoré et Hamane Niang. Si les deux premiers nommés sont restés à leurs postes, respectivement l’Equipement et les transports et la Justice, le dernier a changé de poste pour quitter le sport et se retrouver à la Culture. Cette obsession de l’équilibre s’est manifestée jusque dans la représentation des femmes dans le gouvernement. Elles étaient sept dans le gouvernement sortant. Mais pour avoir offert à la gent féminine la Primature, ATT n’a nommé que quatre femmes ministres pour accompagner Mme le Premier ministre. Comme si un Premier ministre vaut trois gemmes ministres.
Ce même souci d’équilibre a poussé le président de la République à ne pas accepter dans le nouveau gouvernement tous ceux qui nourrissent des ambitions présidentielles. Question de mettre tous les candidats de l’élection présidentielle de 2012 sur le même pied d’égalité par rapport à l’utilisation éventuelle des moyens de l’Etat. Reste à voir maintenant comment se comporteront ceux qui sont venus représenter leur parti au gouvernement.
Amadou Bamba NIANG