Concernant le premier objectif, la confirmation n’a pas été longue à venir, le président Ibrahim Boubacar Kéita a accepté, depuis mercredi, jour de son dépôt, la lettre de démission de son Premier ministre Moussa Mara, de plus en plus contesté par plusieurs courants de la mouvance présidentielle. La disgrâce du président de Yelema a commencé, malgré le soutien de son président, en mai 2014, quand, quelques semaines seulement après sa nomination, il a effectué une visite controversée à Kidal pour y affirmer l’autorité et la souveraineté de l’Etat. Même si la chose a été appréciée comme telle par le président de la République parce qu’il s’agissait également d’affirmer son autorité et sa souveraineté à lui dans une région qui échappe à son contrôle et à celui du Mali depuis quelques années, les détracteurs du Premier ministre ont interprété ce voyage comme un acte populiste et politicien tendant à donner à son auteur un appréciable capital politique. En se rendant dans le pays profond pendant que son chef préférait se la couler douce à l’extérieur, Moussa Mara, en marge de ses voyages officiels, ne pouvait logiquement que s’employer à l’implantation de sa formation, Yelema, qui n’a jamais su sortir de son envergure de parti communal. N’importe quel responsable politique aurait agi exactement comme lui, et il ne pouvait pousser l’allégeance à IBK jusqu’à s’effacer de la scène politique sous prétexte d’une loyauté qui s’est toujours exercée quand même en maintes occasions. L’éviction de Moussa Mara du devant de la scène politique va-t-elle éteindre les ardeurs revendicatrices de ces cadres boulimiques du parti présidentiel qui ne veulent pas entendre parler d’un Premier ministre qui ne serait pas issu des rangs du RPM ? Certainement pas vu que le nouveau chef du gouvernement n’est pas marqué partisan, mais ces cadres qui ont les yeux plus gros que le ventre vont certainement calmer leurs ardeurs sachant que le président de la République continue dans sa logique de ne pas être « trimballé », serait-ce par les membres du cercle restreint. Il continuera de faire de la résistance, conscient que ceux qui l’entourent et le courtisent n’ont pas la même ambition que lui pour le Mali, qu’ils sont, comme Moussa Mara, des politiciens qui ont des agendas politiques personnels.
S’agissant du deuxième objectif, le président a certainement raison : quand un membre est gangréné, il faut l’amputer et le considérer comme déchet médical. IBK, qui a fait de la fin de l’impunité et de l’injustice une de ses nombreuses promesses électorales non tenues, se doit en effet de montrer des preuves de sa volonté de restaurer « l’honneur du Mali » et de faire le « bonheur des Maliens ». Ainsi, les ministres impliqués dans les sulfureux dossiers de surfacturation dans des marchés publics, de fraudes aux sujets d’examens, d’excès de bavardage et de mauvaise communication, sont-ils débarqués. Ces limogeages feront peut-être l’affaire des partenaires financiers mais pas celle de l’opposition et de la majorité des Maliens. Car le chef de l’Etat doit aller plus loin dans son entreprise de nettoyage des écuries de la République. En effet, lui-même est impliqué dans cette gestion et sa relation avec el capo tutti capi corse de la mafia reste toujours une énigme. Comment un Malien Ibrahim Boubacar Kéita serait-il le frère d’un Français Michel Tomi, ou en quoi ces deux hommes seraient-ils des amis ?
Mais le président Kéita ne va certainement pas offrir aux Maliens cet inestimable cadeau de nouvel an en démissionnant. Lui-même septuagénaire, il vient de s’adjoindre les services d’un homme de 72 ans. Serait-on parti pour un régime gérontocratique ?
Peut-être, mais ce qui est sûr, ce que le nouveau Premier ministre, Modibo Kéita, va avec des préjugés favorables liés à son expérience et à sa très longue présence dans la sphère administrative publique et politique. Même s’il a été un des hommes du régime dictatorial du général Moussa Traoré, Premier ministre du système totalitaire d’Alpha Oumar Konaré, accusé d’avoir creusé la tombe de l’Adema au profit d’un candidat militaire et indépendant, Modibo Kéita est attendu sur deux terrains dont, logiquement, il a l’expertise : le problème du nord et la lutte contre la corruption. Deux questions pour la résolution desquelles le président IBK a été élu avec une large majorité.
En 2008, il avait été investi par le président Amadou Toumani Touré du rôle de préparer, au sein d’une commission très bien outillée, les états-généraux de la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite. Six ans après, ces fléaux se sont exacerbés- institutionnalisés, selon les langues.
A sa nomination à la primature, Modibo Kéita était encore le haut représentant du président de la République, chargé du dialogue inclusif inter maliens en vue d’une paix définitive dans le Nord de notre pays. Nommé médiateur dans la crise du nord depuis avril dernier, le haut représentant, malgré l’appui d’un ministre de la réconciliation nationale et le soutien d’une très grande partie de la communauté internationale, ne parvient toujours pas, à défaut de l’unanimité, à faire le minimum de consensus autour du préaccord de paix.
Le Premier ministre Modibo Kéita va-t-il résoudre ces deux problèmes pour l’honneur de son cadet de président et le bonheur de la famille ?
Cheick TANDINA
Opportunistes
Monsieur le journaliste, la jeunesse n'est pas en soi une qualité; l'âge d'IBM ou de son PM importe peu en regard des difficultés auxquelles le MALI est confronté. La Tunisie vient d'élire un octogénaire à la présidence et il y a tout lieu de penser que pays ferait meilleure figure que le Mali dans les prochains mois et les prochaines années.
Bon vent au nouvel pm et son gouvernement.
Les chefs politiques ne sont pas bons
Le Mali a un urgent besoin de sang neuf et gens qui ne courent pas après l'argent.
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