A la loupe : Gouvernance cahoteuse et faible

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Ibrahim Boubacar Keita IBK
Ibrahim Boubacar Keita IBK

Si Ibrahim Boubacar Kéita regrette ce refus, car, selon lui, Iyad Ag Ghaly est une menace pour les négociations inter-maliennes, il ne dit pas si c’est son gouvernement qui a invité le chef d’Ansar Eddine. Mais si c’était le cas, la démarche serait singulière et risque d’exaspérer une grande partie de la communauté internationale. Une telle invitation serait en contradiction avec ce qui avait été décidé à Ouagadougou, en juin 2013, où ne sont tolérés autour de la table que les groupes et mouvements qui ne se sont pas inscrits sur le chemin du terrorisme. Or, si Ansar Eddine est un mouvement fondé et dirigé par un Malien, il est également répertorié comme organisation terroriste, et le nom de son chef est inscrit par les Américains sur une liste noire de personnes à mettre hors d’état de nuire. Infréquentables, Ansar Eddine et son chef le sont et constituent, en principe, des cibles pour les forces françaises et onusiennes qui se sont installées dans le nord du Mali. Iyad Ag Ghaly est aussi une cible pour les forces armées et de sécurité du Mali, auxquelles il a fait grand tort.

Si donc cette information est avérée, la démarche des autorités serait en porte-à-faux avec la stratégie de la communauté internationale qui a fait de la lutte contre le terrorisme international et le crime transfrontalier leurs cibles privilégiées. D’ailleurs, comme on le constate depuis janvier 2013, date du début de l’intervention des forces françaises au Mali, ce serait leurs seules cibles. Or, le gouvernement malien est plus préoccupé par l’insécurité née de la rébellion armée. Est-ce pour cela qu’il aurait décidé de prendre l’initiative diplomatique et politique pour une sortie de cette guéguerre qui dure depuis janvier 2012 ? C’est en tout cas le vœu de certains responsables politiques, comme Soumana Sako de la Cnas, qui veulent que le gouvernement prenne toutes ses responsabilités. Mais cela ne va-t-il pas jouer sur les relations internationales du Mali, qui a besoin de tous ses amis pour la reconstruction nationale et la réconciliation sociale ?

Une autre manœuvre présidentielle qui n’a certainement pas été du goût de ses amis, c’est sa rencontre avec des responsables de mouvements islamiques. On sait que depuis quelques temps, le chef de l’Etat est de plus en plus contesté dans certains cercles religieux auxquels il avait fait des promesses pendant la campagne électorale pour la dernière présidentielle, promesses qui, aux yeux de ces soutiens électoraux, tardent à se concrétiser. Il y a quelques jours, Mahamoud Dicko, président du haut conseil islamique, et Boubacar Moussa Bah, président du mouvement Sabati, étaient montés au créneau pour rappeler à IBK qu’ils attendaient toujours la concrétisation des promesses qu’il leur avait faites pour avoir les voix de leurs organisations. Et si quelques jours seulement après, IBK reçoit les deux hommes, c’est sûrement pour leur faire d’autres promesses. Et comme tout le monde sait que les mouvements islamistes n’ont pas été les seuls soutiens électoraux du président de la République, Sébénicoro risque d’abriter plus d’audiences qu’il n’en faut pour un seul mandat, ou de ce qui en reste. En effet, il y a les associations de femmes, les organisations de jeunes, les militaires, tous ces partis politiques qui ont suivi IBK en escomptant des strapontins. Il y a aussi les nombreux militants à la base du RPM, qui sont en train de se quereller des postes à la faveur du renouvellement des bureaux des sections et sous-sections.  Mais, surtout, les réseaux internationaux liés à l’argent et aux affaires. IBK a déjà été accusé d’avoir des rapports privilégiés avec Michel Tomi, le parrain des parrains de la mafia corse. Si effectivement tout ce beau monde a aidé, financièrement, matériellement ou par leurs voix, IBK à monter à Koulouba, celui-ci serait alors redevable à plus de personnes qu’il n’en faut. Et déjà des voix s’élèvent pour se demander dans quoi est passé le décaissement de 76% de l’aide octroyée au Mali pour la reconstruction du nord et la réconciliation nationale. Dans le nord, rien n’est encore fait et l’administration y est presqu’absente. Les camps de réfugiés sont encore pleins ailleurs. Les localités du nord sont toujours en proie à la violence et à l’insécurité. A Alger, où des groupes ont été ostracisés, les différentes parties ne sont toujours pas d’accord pour la signature d’un accord de paix.

Cheick TANDINA

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1 commentaire

  1. cet article ne ressemble qu’à une simple rédaction de la 6ème,
    un article vide de sens.Mensonge contre l’État.

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