Un refuge pour bandes armées, voire un projet annonciateur de scission des pays traversés! C’est sous prisme que certains perçoivent le projet transcontinental appelé «Grande Muraille verte» traversant onze pays sahélo-sahariens, de Dakar à Djibouti, un programme validé par le Conseil des Ministres malien du mercredi 03 août dernier.
C’est en effet à la faveur de sa session ordinaire du mercredi 03 août 2011 à Koulouba et sous la présidence du Président Amadou Toumani Touré, que le gouvernement du Mali a adopté le projet de loi autorisant la ratification de la Convention portant création de l’Agence panafricaine de la grande muraille verte, adoptée à N’Djaména, le 17 juin 2010.
Le communiqué poursuit : «La Convention portant création de l’Agence panafricaine de la grande muraille verte a été adoptée par les Chefs d’Etat et de Gouvernement des Etats africains sahélo-Sahariens, en vue de faire face aux défis environnementaux liés en grande partie aux changements climatiques et aux effets récurrents de la désertification.
L’Agence panafricaine de la grande muraille verte est une organisation interétatique conçue sous l’égide de l’Union Africaine et de la Communauté des Etats Sahélo-Sahéliens (CEN-SAD) qui a pour mission d’assurer la coordination et le suivi de la réalisation d’une barrière verte de protection de Djibouti à Dakar contre l’avancée du désert.
En ratifiant la présente Convention, notre pays réaffirme sa volonté de lutter contre la désertification et de promouvoir le développement socio-économique des zones sahélo-sahariennes».
En clair, la «Grande Muraille Verte» (GMV) est une initiative de la Cen-Sad que s’est désormais approprié l’Union Africaine. Il s’agit d’établir une ceinture de végétation, large de 15 km reliant Dakar à Djibouti sur une distance de 7000 km. La bande devra se situer nécessairement dans la zone sahélienne à l’isohyète comprise entre 100 et 400mm.
Les pays traversés sont : Sénégal, Mauritanie, Mali, Burkina-Faso, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Ethiopie, Erythrée et Djibouti.
Il s’agit initialement de contenir la désertification laquelle, selon de récentes études, serait à l’origine de la perte de 1,712 million d’hectares de forêts en moyenne chaque année dans l’ensemble des 11 pays sahélo-sahariens concernés par la GMV.
En définitive, il s’agit d’un projet salutaire qui participera au mieux à la survie des hommes et des autres espèces dans cette partie du continent. Il aidera surtout à stopper le phénomène de la désertification et de la dégradation des terres.
L’arbre peut cacher la forêt
L’incertitude dans ce projet, constitue les risques sécuritaires et terroristes dans les régions traversées. Des pays comme la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Nigéria et le Soudan sont actuellement confrontés au phénomène du Terrorisme, une menace malheureusement en pleine expansion…
Il existe, en clair, un risque de kidnapping du personnel étranger (des scientifiques en particuliers) de l’Agence panafricaine de la grande muraille verte chargée de la réalisation du projet. Voilà pour le risque immédiat.
L’on est en droit de craindre par ailleurs et à long terme que cette bande de 15 kilométrés de large ne serve de refuge aux combattants d’AQMI très présents dans une grande partie de la région. Une forêt de 7000 km/15 peut en effet bien servir à autre chose qu’à atténuer les effets de la désertification.
Faut-il rappeler que des combattants d’AQMI ont récemment élu domicile dans la forêt du Wagadou en territoire malien non loin de la frontière mauritanienne, sur une superficie d’à peine 80 sur 50 km ? Et il a fallu une intervention militaire d’envergure des deux pays pour les y déloger. Et pendant combien de temps encore ? En clair, le tracé (à la limite des frontières, Mauritanie-Mali à Bassikounou et Niger – Nigéria) et la superficie de la GMV peuvent servir la cause des trafiquants et des groupes terrorismes et même sécessionnistes. Ces derniers peuvent en effet y percevoir (au tracé) une frontière naturelle entre le nord et le sud comme au Soudan, au Tchad et au Mali.
En somme, les Etats concernés doivent introduire la dimension sécurité dans le projet de la Grande Muraille Verte au risque de créer une ceinture d’insécurité dans une grande partie du continent.
B.S. Diarra