La démocratie « tributaire et parasite » : Comment éviter les conflits post-électoraux ?

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Aujourd’hui, dans le monde moderne, parler de démocratie, est le plus souvent un exercice difficile, dont peu ose s’y adonner. On pense notamment à ceux qui sont au pouvoir et qui oublient vite, pour ne pas dire automatiquement, celui- "l’opposant adversaire" -contre qui ils ont tantôt gagner, en remportant "haut la main", le titre de "champion toutes catégories", à l’issue d’élections souvent truquées ou truffées d’erreurs et d’anomalies.

C’est à peu près les mêmes réflexions que la rentrée judiciaire 2011 a réservé thème du jour à son Excellence Amadou Toumani Touré, Chef de l’Etat, Premier Magistrat. C’était ce lundi 21 novembre 2011 au CICB.

Cependant, équivalent aux hommes de toges (nos magistrats), il n’est pas du tout rare de voir qu’au bas de l’échelle, nous aussi, nous pensons logiquement à la succession de celui qui est au pouvoir. Sans parler du "rôle du juge dans la réussite du processus électoral", thème sérieux débattu par plus qualifiés que nous, mêmes si, selon le ministre de la communication, nous journalistes devons prendre conscience que nous sommes les sentinelles de cette démocratie.

Mais comment parler de réussite du processus électoral sans parler de la succession de ceux là, qui ont été les vrais challengers, perdants revenants à l’assaut de la citadelle, et aux mauvais scores établis jamais mis en cause par leur propre électorat ? Comment mieux sermonner des politiciens amateurs véreux et avides d’argent qui n’ont pas gagné certes ce poste électif là, et qui pourtant, c’est tout à fait normal, ont pu se maintenir à la barre d’une manière ou d’une autre, tant bien que mal, on ne sait par quel miracle.

Tellement que défaite, en politique est synonyme de disparition ou alors contraire de savoir rebondir. Ceux qui n’osent pas penser un seul instant à rebondir et savoir ainsi qu’il pourrait y avoir meilleur candidat qu’eux, dans leur parti à qui il faudrait laisser sa chance, ne peuvent pas non plus songer un seul instant qu’il pourrait y avoir un aussi légitime membre de ce parti qui pense à leur succession au poste de moniteur ou leader du parti. Mais, hélas que voulez-vous ! Soif de pouvoir quand elle nous tient c’est comme le dit l’adage : "on ne change pas une équipe qui gagne". Et celle qui perd d’habitude alors, que faut-il faire d’elle ?

En effet c’est là où se focalise la réflexion de cette rentrée judiciaire : à savoir la prévention des conflits post électoraux, qui sont généralement le troisième tour le plus craint, le plus redouté par tous les protagonistes et prétendants au trône de Dame Koulouba. C’est là aussi où le bât blesse en Afrique, et particulièrement au Mali. A voir seulement les candidats présents dans le sérail politique malien depuis l’aube de la démocratie au Mali, et qui n’ont gagné aucune élection présidentielle sur quatre qu’a organisé l’administration, jamais on n’oserait penser qu’ils vont donner à leurs cadets politiques, leur chance de se présenter ni l’occasion de devenir candidat à l’un de leurs camarades de parti.

Mais, encore une fois hélas, on ne s’entêtera que dans l’erreur ! Du moment où ces aînés politiques demeurent les principaux bailleurs de fond de parti et sont toujours prêts à acquitter une dépense ou à payer une facture et se porter garant pour une caution, à travers leurs fonds propres, de provenance toujours douteuse – d’où ? On ne sait pas. Mais ce qui est sûr de notre côté, c’est de pouvoir dire que : "même si tu as un arbre dont les fruits sont en argent, tu ne peux pas à chaque scrutin aller jeter environ 100 millions  par la fenêtre tout en sachant que tu ne les regagneras pas". Alors, nous de soupçonner nos politiciens d’avoir d’autres motivation qu’ils n’expliqueront jamais  à nous autres maliens, pour qu’on en fasse pas autant.

Selon notre confère de "Weakileaks", le plus célèbre d’entre eux s’appelle Me Mountaga Tall. En 1992, Ba Mountaga (nom affectif) a réalisé son meilleur score avec 11,41%. En 2002, il revient dans la course après un boycott fort regrettable pour tous les bons Maliens en 1997, et obtient un score de 3,77%.

En 2007, il se rallie au sein de l’ADP aux amis d’ATT, comme s’il n’y avait pas d’autres personnes, candidats valables de son parti dans le pays.

L’autre prototype du même type est le second perdant, le professeur Madiassa Maguiraga. Son meilleur score a été 0,81%, un score qu’il a obtenu lors du scrutin présidentiel de 2002.

En 2007, il ferme la marche des perdants, bon dernier à la queue l, avec un score de 0,30% des voix. Espérons qu’il ne soit pas candidats dans la course de cette fois ci, en avril 2012.

Quant au docteur Oumar Mariko, son meilleur score qu’il a réalisé, c’était en 2007, année où il sort, classé 4e de la course, avec 2,72% des voix des citoyens maliens recueillies. Tandis qu’en  2002 il terminait la course à la 12e place, avec un score de 0,88% des voix exprimées. Le dernier cas cité ici est l’ingénieur en télécommunication, Docteur Choguel Kokalla Maiga.  Monsieur Maiga est le fondateur du MPR sur les décombres de l’ex UDPM

En 2002, il a obtenu un score de 2,73% des voix.  La suite et le reste des évènements, démontrent que le parti n’a plus de candidat à part lui, qui n’a de cesse de se rallier. Enfin, M. Tieblé Dramé, est un autre malheureux perdant et virtuel candidat aux prochaines élections qui avait obtenu en 2002, 4,02%  et en 2007, 3,04% des voix.

A la lumière de ces points, il est important de se poser un certain nombre de questions:

– Au sein  de ces partis n’y a t’il pas d’autres personnes qui auraient réellement envie de se présenter aux élections présidentielles?

– Est ce parce que ce sont ces chefs de parti qui payent leur propre caution lorsqu’ils se présentent à chaque  fois à une élection, et si un jour ou l’autre, un autre camarade s’acquitte de sa caution qu’est ce qui se passera ?

– Est ce que réellement nos politiques regardent les hommes politiques occidentaux (tels que John Kerry, Al Gore, Ségolène Royale etc.), qui après leurs défaites célèbres sur le plan national, n’ont eu droit à autre issue que de disparaître de la scène sans quitter l’arène politique, vu que leurs scores étaient quand même honorable en termes de politesse. N’est-ce pas là la preuve la plus patente que ces femmes et hommes politiques occidentaux respectent tout de même leurs militants et les camarades de parti compétents et concurrents rivaux ?

En tout cas chez nous ici au Mali, c’est le contraire qui se passe : "on ne change pas l’équipe qui perd constamment". C’est comme çà on n’y peut rien. C’est notre façon aussi à nous d’être appelés ou considérés "démocrates". Alors hommes de lois, magistrats et hauts magistrats, fonctionnaires soyez impartiaux pour le bien de la démocratie tributaire. Ce qui est différent du concept de "démocratie parasitaire" ou l’art de corrompre son peuple, ses militants et son électorat local. D’avance les résultats sont virtuellement connus et il ne semble plus rester que la gestion du nécessaire et inévitable conflit post électoral ou troisième tour d’élection. Car ne l’oublions pas !

Le peuple souverain accorde le pouvoir, mais c’est le juge qui autorise l’exercice du pouvoir. Comme l’a  bien rappelé son Excellence Monsieur le Président de la République lors de la rentrée judiciaire, sur laquelle nous vous promettons de revenir dans notre prochaine livraison.

Issa Kaba SIDIBE

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