La transhumance est le jeu favori dans la société malienne, même si c’est l’homme (ou la femme) politique qui en est le champion toutes catégories. A peine élus des députés changent de parti. Lisez notre analyse.
« Je transhume donc je suis ! » La société malienne « new look » construite lentement mais sûrement depuis l’avènement de la démocratie il ya plus de vingt (20) ans, est une société de la parole inutile, de l’injustice sociale, du culte de l’ignorance, oppressive et libertaire.
C’est une société dans laquelle tout est désormais sens dessus-dessous, parce que ses penseurs ont réussi la triste prouesse d’y ériger un système de valeurs qui inverse toutes les règles sociales positives héritées de nos culture et histoire communes, pour ne promouvoir que des contrevaleurs. D’une société multiséculaire construite sur les principes et valeurs de la charte du MANDE dont le courage, l’honnêteté, la loyauté, la solidarité, le sens de l’honneur et de la dignité constituent le socle, les faux gardiens du temple nous ont concocté un mélange explosif composé de mensonges, d’hypocrisie, de traitrise, de sournoiserie, de banalisation de la honte et du déshonneur, comme société idéale. On dirait un complot contre les ancêtres.
Pourquoi donc s’indigner contre une pratique comme la transhumance dont les contempteurs les plus bruyants sont ceux-là même qui l’ont érigé en règle de vie dans la nouvelle société qu’ils ont obstinément engendrée ! Trop de bruit pour rien, simplement parce que, cette fois-ci, on se le prend en plein dans la gueule !
La transhumance est le jeu favori dans la société malienne, même si c’est l’homme (ou la femme) politique qui en est le champion toutes catégories.
Les Racines de cette prostitution politique, la transhumance
Dans la société malienne d’aujourd’hui, le ou la fiancé (e) transhume au grand jour, soit à la recherche de plus fortes émotions, soit pour retrouver de plus grasses prairies. Cela est aussi valable pour l’épouse ou le mari qui transhument pour les mêmes raisons, chacune des parties allant tenter sa chance ailleurs, même s’il faut qu’elles se retrouvent après dans des hôtels ou chez des amis, une fois passé l’orage.
Dans cette même nouvelle société idéale malienne, des gens n’hésitent pas à faire transhumer en grande pompe l’homonymie de leur rejeton pubère parce que la situation du parent ou de l’ami qui avait bénéficié du nom, est toujours sans espoir. Alors, le père de l’enfant s’accorde le droit de faire les yeux doux à un homme riche rencontré par hasard dans un « grin » ou dans un bar. Quelques fois, c’est l’ancien homonyme (parent ou ami) qui entérine la décision et participe activement aux festivités de « dépatême-rebaptême », pourvu qu’une somme substantielle tombe dans son escarcelle à la fin de la cérémonie.
La nouvelle société malienne tolère désormais la « transhumance mobilière » à travers la migration de cartes grises de véhicules d’une épouse sentimentalement déchue vers une nouvelle copine, d’un grand-frère aux fleurs peu prometteuses vers un petit-frère qui émerge. C’est devenu monnaie courante dans notre cher Mali d’aujourd’hui.
Que dire de la « transhumance immobilière » avec la valse des titres fonciers qui changent plusieurs fois de propriétaires en l’espace de deux (2) ou trois (3) ans parce que la première bénéficiaire a monnayé ses plaisirs pour y accéder, avant de l’échanger avec les faveurs d’un fonctionnaire de l’Etat corrompu qui finira par s’en débarrasser en le convertissant en espèces sonnantes et trébuchantes.
Pourquoi diantre s’étonner que des hommes ou femmes politiques transhument après avoir casqué fort pour entretenir la liste sur laquelle ils sont investis. Ils n’ont pas été formatés dans une perspective de défense des principes et des convictions pour un idéal que la nouvelle société malienne réprouve désormais. Dans ce Mali-là, il faut être définitivement à l’abri du besoin pour oser porter une conviction et défendre des principes.
Il s’agit donc de réparer la société pour espèrer mettre un terme au travers politique qu’est la transhumance qui est totalement assumé au Mali où il est malheureusement devenu la règle au lieu de l’exception.
Les sociétés modernes ont le système politique qu’elles méritent
Tandis que seule l’élection confère la légitimité, la fonction, elle, octroie la légalité. La morale se chargeant juste d’embellir les actions et les décisions.
Mais il n’ya en réalité rien à embellir dans une société caractérisée par une classe politique et une presse qui vivent mal leur crise d’adolescence. Qui s’est offusqué de l’investiture des proches membres de la famille des figures politiques sur les listes électorales ? Personne ! Pardon votre serviteur « L’ENQUETEUR » à son numéro…… avait attiré l’attention sur l’incongruité de la candidature de Karim Keïta, fils du Président.
La vérité est que la démocratie malienne est encore aux prises à ses démons néo-dictatoriaux du début, vestiges du système militaire, pour n’avoir pas été aidée par les « révolutionnaires » de 1991 à faire le saut qualitatif convenable. La maturation de la démocratie malienne a été retardée par le souci bien réfléchi de ses animateurs politiques de ne pas faire partager ses précieuses vertus de défense des libertés et droits individuels avec le plus grand nombre de populations au risque qu’elles ne soumirent leurs dirigeants vèreux aux règles contraignantes de la transparence et de la bonne gouvernance.
Cette exigence de transparence de la part des gouvernants est pourtant l’état primaire de la bonne gouvernance en ce qu’elle rend visibles tous les actes de gouvernance posés, des plus vicieux aux plus vertueux. Dans le cadre d’un tel système politique, avec le niveau le plus bas dans l’expression démocratique, rien n’interdit de privilégier des parents et amis au détriment de braves «inconnus», prétendant à des fonctions publiques. Pourtant, ces parents proches et amis s’activeront à visage découvert dans l’exercice de leurs fonctions au service de toute la nation. Ici, la transparence est le critère déterminant et le peuple, le seul arbitre; à charge donc pour les populations d’exiger des comptes sur la base de la traçabilité des actions accomplies et des décisions assumées par leurs auteurs, ce qui facilite la reddition des comptes. Pour corriger de telles pratiques légales mais inélégantes, il faudra que l’Etat mette des garde-fous en légiférant sur l’interdiction de la nomination ou/et de l’investiture de tout proche du chef de l’Etat ou de ministres, à certaines fonctions de l’Etat et à certaines positions dans le privé.
La démocratie de la ruse et du faire-semblant
Une autre forme d’expression du système démocratique consiste dans la ruse de privilégier des « inconnus » qui passeront leur mandat à travailler pour le prince et à servir sa cour familiale. Cette forme sournoise de manipulation de l’opinion par la promotion d’ « inconnus » qui sont en réalité des prête-noms, est un simulacre de système démocratique dans lequel l’« inconnu » est en vérité un membre à part entière du clan qui constitue le maillon essentiel de la chaîne satanique.
La démocratie de la normalité et des préjugés favorables
Une autre étape est de nommer aux fonctions indifféremment des parents comme des inconnus, la compétence et la conformité avec le profil recherché étant les seuls critères d’appréciation. C’est la forme la plus achevée de l’expression démocratique; chaque acteur bénéficiant d’un préjugé favorable et d’une présomption d’impartialité de la part de ses concitoyens.
Réforme des Institutions en question : Oser sortir de l’Adolescence démocratique
Tout dépend du niveau du système démocratique en présence et de la qualité de ses acteurs et de leurs relations politiques. C’est donc le dialogue démocratique sain et civilisé qui n’est motivé que par le souci du bonheur durable des populations et l’intérêt général de la nation. Le fait d’être profondément ou artificiellement choqué par l’élection d’un Président de l’Assemblée Nationale apparenté par alliance au Président de la République peut être compréhensible et même respectable du point de vue de l’éthique et de la morale politiques, mais ne résiste pas à l’analyse objective de l’évènement sous le prisme des lois et règlements de la République qui ne permettent aucune contestation sérieuse de cette décision souveraine des députés encadrée par un vote libre et transparent. Mais la question mérite d’être agitée avec humilité, rigueur et responsabilité pour susciter le débat dans la perspective d’une réforme approfondie et qualitative des institutions. C’est la voie idoine et constructive que doivent emprunter tous les acteurs politiques, les militants de la société civile ainsi que la presse, qui gagneraient à se départir de la critique facile, irréfléchie et politicienne contre le Président Ibrahima Boubacar Keïta et son gouvernement qui n’ont aucune responsabilité ni factuelle ni stratégique dans la conformité institutionnelle et juridique des textes de loi et des règlements en vigueur au Mali, longtemps bien avant leur entrée en fonction. Cela d’autant plus que personne n’a pipé mot pendant que se faisaient les investitures sur les listes électorales. Pourtant c’était le moment approprié pour attirer l’attention de tous les acteurs de la vie politique et surtout les dirigeants de l’Etat, sur les conséquences peu souhaitables que de telles décisions pourraient faire subir à nos institutions. Aujourd’hui qu’un semblant d’indignation se produit à postériori, seul un dialogue sincère et responsable entre la majorité et l’opposition peut permettre une réflexion constructive autour de telles questions d’importance majeure dans l’évolution de la démocratie malienne.
Quelques rares fois aussi, un chef de l’Etat peut avoir un heureux éclair de génie ou simplement du courage politique et décider, solennellement et en vertu de ses pouvoirs régaliens, de faire faire à sa société un saut qualitatif majeur dans le sens d’ « imposer » les réformes adéquates susceptibles de rendre performant un système en manque de souffle. Une telle décision peut être légale tout en n’ayant rien de démocratique, mais la morale qui l’inspire lui confère toute la légitimité nécessaire à son appropriation.
Rapports entre les Institutions : Indépendance mais Elégance
Cela ne doit pas faire perdre de vue l’éclairci démocratique constaté lors de l’élection du Président de l’Assemblée Nationale en la personne de Issakha Sidibé alors qu’il n’avait pas les faveurs du Président de la République, Ibrahima Boubacar Keïta, même si celui-ci y a tacitement contribué pour avoir demandé aux députés de voter selon leur conscience intime. Ce qui a certainement favorisé l’expression libre du principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs entre l’Exécutif et le Judiciaire.
En effet nous avons assisté là à l’épilogue d’un échange de bons procédés entre le Président de la République qui a certes indiqué sa préférence pour l’honorable député Niang, son ami et collaborateur de longue date, sans jamais imposer sa position aux élus de « sa » majorité qui, à leur tour, l’ont pris au mot et ont choisi de voter librement pour Mr Issaka, en assumant la plénitude de leur mandat qu’ils tiennent seulement du peuple. En voici une élégance républicaine de haute facture qui applique du baume régénérateur au cœur de la jeune démocratie malienne et qui doit désormais présider aux relations de collaboration nécessaire entre l’Exécutif (le Président et le Gouvernement), le Législatif (Assemblée Nationale) et le Judiciaire (la Justice). En réalité, c’est cette élégance dans les relations interinstitutionnelles qui peut incliner le Chef de l’Etat à souvent faire le choix de l’autorité du compromis à la place de l’autorité du diktat (qui sont pourtant, toutes deux, une partie de ses nombreux attributs que lui confère la Constitution) pour la préservation de la solidité du socle sur lequel la République est posée.
Le statut du Chef de l’opposition pour la formalisation du dialogue démocratique
Pour un climat social dynamique, mais apaisé, l’opposition doit être conviée à toutes les manifestations publiques organisées avec la bénédiction de l’Etat. Elle doit aussi être consultée par la majorité, en dehors de l’espace parlementaire, sur toutes les questions d’intérêt national. La seule présence du chef de l’opposition dans les espaces publics non formels de prise de décision est un gage de succès des actions du fait de leur appropriation par le plus grand nombre. Cela favorise aussi le dialogue sain et fécond entre militants ou/et sympathisants de camps différents, mais conscients de leur appartenance commune à la même nation au service duquel tout le monde doit s’engager.
Boniface Dembélé
une analyse pertinante
Merci beaucoup parent, je pense que tu as tout dit. je te félicite aussi de ton professionnalisme. Mais où est passée la loi qui disait “une foi élu sous les couleurs d’un parti tu est obligé de rester membre de ce parti durant un mandat”. ils sont pires que les prostitués, ils n’ont même pas de qualificatif. Si un ancêtre du MANDE s’élève dans sa tombe aujourd’hui il va poignarder tous ces Hommes politiques soient disant honnêtes.
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