Le président de l’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali – OBSERVATOIRE – a présenté samedi 07 novembre 2015 le rapport d’alerte N° 2 de l’organe. C’était au cours d’une conférence de presse qui a enregistré la présence de plusieurs hautes autorités dont l’ancien secrétaire général du Ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, M. Mamadou Seydou Traoré dit Babou et des membres de l’Observatoire.
Intitulé ” la démocratie en péril “, ce rapport est principalement axé sur les élections communales, régionales et du District de Bamako. Aux dires du président de l’Observatoire, après la mise en place des institutions issues de la présidentielle et des législatives en 2013, les élections locales et régionales constituent un pan important pour boucler le processus électoral en cours, et contribuer à la restauration de la paix et la démocratie locale. Ces élections dites de proximité et de développement local, suscitent beaucoup d’engouement et d’intérêt chez les citoyens. Prévues courant avril 2014, le gouvernement a pris la décision de prolonger quatre (4) fois de suite le mandat des élus locaux, ce qui leur donne un mandat de sept (7) ans au lieu des cinq (5) ans réglementaires. Avec comme motifs avancés, l’absence de l’Administration dans certaines localités de Mopti, et des régions du Nord, la pleine participation des réfugiés et des déplacés aux échéances électorales et enfin la recrudescence du banditisme et l’insécurité grandissante sur l’ensemble du territoire national du Mali.
D’après les constats de l’Observatoire, ce quatrième report des élections communales, régionales et du district de Bamako a amené les pouvoirs publics à mettre en place une commission chargée de réfléchir sur la nouvelle Loi électorale et composée uniquement des partis politiques tout en ignorant la société civile. Et pourtant, chaque fois que le Gouvernement décide en Conseil de ministres du report des élections, il mentionne la concertation avec la société civile.
Aussi, l’Accord d’Alger signé le 15 mai 2015, et parachevé le 20 juin 2015, continue à devenir un serpent de mer. Les signataires n’arrivent pas à s’entendre sur les modalités de mise en œuvre. Des blocages récurrents retardent le processus, et le peuple malien se trouve désabusé, a souligné M. Ibrahima Sangho. Pour qui d’ailleurs, le Mali, pour sa gouvernance actuelle, doit relever certains défis, à savoir : de la réconciliation nationale et la paix ; de la bonne gouvernance ; de la sécurité et de la justice, de l’équité sociale et du développement.
Aujourd’hui, a renchéri le président de l’Observatoire, la société civile malienne est ignorée. Or, un processus n’est crédible que si tous les acteurs et groupes cibles concernés le comprennent, et s’impliquent de façon active et responsable.
Au cours des deux dernières années, les organisations de la société civile malienne n’ont pas bénéficié de ressources financières adéquates pour réaliser de véritables activités de sensibilisation et d’information susceptibles de mobiliser l’ensemble des Maliens autour des élections communales, régionales et du district de Bamako. Au même moment, certaines ONG internationales ont bénéficié de gros financements sur la même période. Ce qui prouve à suffisance que la résilience du peuple malien est, tout simplement, prise en otage.
Après le report, le Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation n’a produit aucun chronogramme pour les élections communales, régionales et du district de Bamako. Et la classe politique assiste impuissamment à cet acte de fait préjudiciable à la démocratie dans notre pays. Et la CENI continue de coûter cher au contribuable malien, malgré l’insuffisance de rendement due aux reports successifs des élections.
L’Observatoire, soucieux de la bonne gouvernance dans notre pays, vient de tirer la sonnette d’alarme et interpeller tous les acteurs à œuvrer pour le respect des engagements pris au nom du peuple malien.
Pour cela, il est impérieux de parachever la mise en place d’institutions légitimes, et d’organes de collectivités crédibles, pour impulser la participation citoyenne et l’éclosion de la démocratie locale tant réclamée par les communautés, a poursuivi le président de l’Observatoire. Comme recommandations, l’Observatoire demande au gouvernement la publication, sans délais, d’un nouveau Chronogramme électoral pour les élections communales, régionales et du district de Bamako ; la relecture, la promulgation et la vulgarisation, dans les plus brefs délais d’une nouvelle Loi électorale pour un meilleur encadrement des élections à venir ; la tenue des élections communales, régionales et du district de Bamako, dans les plus brefs délais ; l’implication effective de la société civile malienne dans tout le processus électoral ; la mise en place d’un cadre permanent et opérationnel de concertations entre le Gouvernement et les organisations de la société civile, pour leur pleine participation au processus électoral ; la mise en œuvre de véritables programmes de sensibilisation et d’éducation civique, en étroite collaboration avec les Organisations de la société civile nationales et enfin l’appui conséquent aux Organisations de la société civile nationales pour mener à bien les activités d’information/formation, de sensibilisation/mobilisation des citoyens.
Aux dires du président du POCE, M. Mamadou Seydou Traoré, il faut une véritable implication de l’Etat malien, dans la sécurisation des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire national pour la tenue des élections communales, régionales et du District avec le retour des déplacés et des réfugiés pour éviter que ceux détiennent des armes aujourd’hui et qui sont les maîtres des lieux ne puissent rafler la mise dans certaines localités du Nord. Avec l’Accord de paix et de réconciliation nationale signé le 15 mai et parachevé le 20 juin 2015, nous irons vers une nouvelle République, a souligné M. Traoré. Pour qui d’ailleurs, il faut soutenir la société civile malienne dans la réalisation de ses activités car aujourd’hui, c’est les ONG internationales qui opèrent au Mali et chaque partenaire a son ONG avec son centre d’intérêt spécifique. Et pourtant, les étrangers ne pourront jamais développer le Mali.
Youssouf Sangaré