Des partis politiques foisonnèrent, portant dans leur dénomination le mot fétiche « Démocratie ». Vingt (20) ans après, la société démocratique suivant la définition de la démocratie : Pouvoir du peuple ; pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple ; pouvoir de la majorité, application de la volonté de la majorité, se construit-elle ? Un embryon d’éducation pour une société démocratique s’est il opéré dans les pays depuis deux (2) décennies? La démocratie a t- elle été expliquée au peuple, qui est l’artisan de sa construction ? On peut répondre sans erreur, haut et fort, à toutes ces questions par une seule et unique réponse : Non ! Non, parce que pendant les vingt (20) dernières) années partout en Afrique, les aspirations des peuples n’ont pas été réellement et suffisamment prises en compte. En vingt (20) ans, l’intelligentsia africaine s’est fortement métamorphosée, par l’apparition d’une classe nouvelle, la néo-bourgeoisie, dont les aspirations et préoccupations sont opposées à celles du peuple. Jamais en Afrique, pendant vingt (20) ans, aucun gouvernement dans son projet de société n’a posé de façon claire le type de société qu’il souhaitait bâtir, à commencer par l’homme. La libre entreprise avec des contours obscurs mal définis et ses corollaires, dont l’affairisme qui tue l’Etat, a constitué de façon plus ou moins voilée le fondement des projets de société. L’Afrique est embourbée. L’Afrique est en panne, parce qu’elle a pour point de mire, par ses têtes pensantes, des sociétés dont les contradictions sociales sont insolubles. Où va l’Afrique ? Pendant deux siècles, le monde, de façon continue, a connu des bouleversements sociaux et de profondes mutations, résultant tous des aspirations profondes des peuples à plus de liberté, de justice et de bien-être social. A titre de rappel, citons-en quelques-uns: 1789 la révolution française, la naissance du communisme 1848, la Commune de Paris en 1871, la révolution de 1912 et surtout celle d’octobre 1917 en Russie, la naissance du RDA en 1946 et le droit à l’auto-détermination des peuples voté par la Société des Nations (SDN), la Conférence de Bandoeng en 1955, le referendum de 1958 en Afrique, la révolution cubaine 1959, les indépendances africaines en 1960, les deux décennies (1960 -70 ; 1970 – 80) de coups d’Etat en Afrique soutenus et encouragés par l’Occident, la Conférence de la Baule en 1989. Que de chemin couvert par les peuples, avec quelles embûches ! Peut-on affirmer à la lumière des expériences politiques depuis 1936, que le continent africain n’a connu la démocratie qu’en 1990 ? Non, non et non ! Ce serait aberrant de le croire et injurieux de le dire ! Pour preuve, écoutons plutôt deux présidents africains, ayant tous quitté la scène politique bien avant 1990.
1. « Une affaire qui concerne l’Etat guinéen concerne tous les citoyens guinéens. Le programme du parti est discuté démocratiquement. Aussi longtemps qu’une décision n’a pas été prise, chacun est libre de dire ce qu’il pense ou ce qu’il souhaite. Mais quand, après une discussion approfondie en congrès ou en assemblée, un vote à l’unanimité ou à la majorité a été obtenu, les membres de la majorité aussi bien que les chefs du parti sont tenus de l’appliquer correctement. » Sékou TOURE(Guinée)
2. « Quoique nous n’ayons qu’un parti unique, la libre pratique démocratique est respectée dans nos meetings. Toutes les opinions sont exprimées et celle qui obtient le plus grand nombre de voix est considérée comme la bonne, et par conséquent celle dont la politique est appliquée. » Modibo KEITA (Mali)
Propos clairs au sujet de la démocratie, un exercice qui explique au mieux la pratique démocratique au sein d’une structure, d’un groupe et même du parti unique et plus conforme à la définition de la démocratie telle qu’énoncée plus haut.
Aujourd’hui, la pratique démocratique au sein d’institutions comme l’Assemblée Nationale du Mali, très budgétivore, son fonctionnement, le niveau de dépenses, les avantages et droits accordés à ses membres et les abus d’élus communaux par la spéculation foncière, pour ne citer que ces exemples, font-ils en réalité du Mali, un Etat démocratique ? Non ! Parce que, jamais le peuple ne partagera les pratiques qui y ont cours.
La plupart des gouvernements africains, clament depuis 1989-90, la démocratie. Mais parmi la multitude de démocraties : démocratie bourgeoise ou occidentale, démocratie populaire, démocratie de débats, centralisme démocratique, ou la dictature du prolétariat…, laquelle voudraient-ils bâtir ? Sans aucun doute, la démocratie occidentale, la référence, hélas, des maîtres d’hier, leurs maîtres à penser. L’Afrique n’est pas l’Europe et ne le sera pas. Les fondements politiques de l’Afrique doivent aujourd’hui être la résultante de toutes les expériences positives vécues ailleurs et non la copie conforme de systèmes ou de politiques inadaptables à nos réalités. Il est temps pour l’Afrique, de se frayer un chemin clair pour son développement. La démocratie, une quête permanente, oui ! Pendant 20 ans de brouhaha démocratique en Afrique, dans la pratique, la démocratie est restée un mot au contenu creux, par des faits et le comportement de bien de responsables. Pouvoir conquis au nom des peuples ou des masses, mais exercé sans eux !
A la lumière de l’évolution du monde de 1789 à 2010, l’Union Africaine doit demander à l’UNESCO de procéder à l’actualisation des concepts de : révolution sociale, démocratie et développement.
A l’œuvre donc, historiens, philosophes, sociologues, hommes politiques, chercheurs et penseurs africains pour une Afrique nouvelle véritablement africaine. Vive la révolution !
Bamako le 15 octobre 2011.
Sékou KEITA
ce qu’il faut retenir de cette analyze que je partage – le gouvernement devra definir le type de pays qu’il veut developper, a commencer par l’homme du pays….je crois que le probleme fondamental de cette democratie ratee repose sur le manque de cet objectif commun.
Pourquoi publier ce texte treize (13) mois après sa composition ? Si l’auteur a même une (1) suggestion pour que “le Peuple” soit gouverné par eux-mêmes, pour que cette “révolution” se réalise, qu’il l’écrive ! Sinon qu’il nous épargnent ses analyses à deux (2) sous ….
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